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À La Une - Crise

Des Européens inquiets d'un risque d'"islamisation" et d'une perte d'identité

"En Europe en général, il y a une angoisse, une phobie anti-islamique, qui se développe", juge le militant de gauche Daniel Cohn-Bendit.

Lundi à Dresde, capitale de la Saxe (est de l'Allemagne), un nouveau défilé de Pegida a rassemblé 18.000 personnes, un record depuis octobre, date du début de ce mouvement dont les cibles sont, pêle-mêle, l'islam, les médias ("tous des menteurs") ou les élites politiques, accusés de diluer la culture chrétienne allemande. AFP PHOTO / ROBERT MICHAEL

Les manifestations "contre l'islamisation" en Allemagne font écho à un sentiment de crise identitaire qui traversent actuellement plusieurs régions d'Europe, confrontées ou non à une immigration massive.
"En Europe en général, il y a une angoisse, une phobie anti-islamique, qui se développe", juge le militant de gauche Daniel Cohn-Bendit, élu successivement eurodéputé des Verts en Allemagne et en France, à propos des manifestations organisées en Allemagne par le mouvement Pegida, les "Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident".

Lundi à Dresde, capitale de la Saxe (est), un nouveau défilé de Pegida a rassemblé 18.000 personnes, un record depuis octobre, date du début de ce mouvement dont les cibles sont, pêle-mêle, l'islam, les médias ("tous des menteurs") ou les élites politiques, accusés de diluer la culture chrétienne allemande.
"Les drapeaux de Saint Georges flottent à Dresde avec Pegida : s'il y a un endroit où je voudrais être en ce moment c'est bien Dresde", twittait lundi le militant de droite britannique Tommy Robinson. La drapeau de Saint Georges était la bannière des chrétiens, au XIe siècle, lors de la Reconsquista et des croisades contre les musulmans.

La classe politique allemande a condamné ces défilés, aux cris de "Nous sommes le peuple", et plusieurs contre-manifestations ont eu lieu lundi. La chancelière Angela Merkel a fustigé la "haine" qui anime ces rassemblements.
"Nous ne sommes malheureusement pas un pays très accueillant pour les étrangers", estime le psychologue allemand Rolf van Dick, de Francfort, qui rappelle que, selon les sondages réalisés entre 2000 et 2010, de 20 à 30% de la population soutient des positions islamophobes. Les musulmans ne représentent pourtant que 5% de la population totale en Allemagne.

"Ce qui est remarquable, c'est que le phénomène n'est pas dû à la crise. L'Allemagne va bien. Et à Dresde, il n'y a pas de musulmans. Mais les gens ont l'impression de vivre les horreurs de l'Etat islamique. On s'effraie, par mondovision et par internet. Voilà comment vous pouvez être au fin fond de la Saxe et avoir l'impression d'être agressé !", explique Daniel Cohn-Bendit.
"Quand on n'a pas de contacts avec les autres, qu'on ne les connaît pas, on a peur d'eux", renchérit un fonctionnaire européen. "On a vu ça pour le référendum sur les minarets, en Suisse. Ceux qui vivent dans les villages reculés, et donc les moins concernés, ce sont eux qui étaient les plus hostiles aux minarets", ajoute cet expert européen, qui a requis l'anonymat.
"La réalité du terrorisme international, et intérieur dans un certain nombre de pays européens, donne une légitimité à ces manifestations", complète la sociologue française Catherine Wihtol de Wenden.

Mosquées incendiées
La Suède, dont la population s'enorgueillit du bon accueil réservé aux immigrés, attend cette année 100.000 demandeurs d'asile, soit plus de 1% de ses 9,6 millions d'habitants. Mais le parti d'extrême droite des Démocrates de Suède est devenu la troisième force politique du pays en surfant sur les implications sur le long terme d'une immigration de masse. Et les incendies dans trois mosquées ont été perçus comme le signe d'une islamophobie grandissante, même s'il semble que le premier de ces sinistres soit en fait accidentel. Pour exprimer leur solidarité avec leurs compatriotes musulmans, de nombreux Suédois sont descendus vendredi dans la rue.

En France, un pays où vit comme en Allemagne une forte communauté immigrée, un débat a lieu dans les médias sur la thèse de l'écrivain proche de l'extrême droite Renaud Camus, brandissant la menace d'un "Grand remplacement" qui verrait l'immigration musulmane dominer le Vieux Continent.
La sortie cet automne d'un livre, "Le suicide français", dans lequel le polémiste Eric Zemmour, condamné en 2010 pour incitation à la haine raciale, s'en prend à l'Europe et à l'immigration comme causes des malheurs et des doutes des Français, a donné une nouvelle dimension au débat.
De même que la parution cette semaine du dernier livre du romancier Michel Houellebecq, "Soumission", qui décrit précisément une France dirigée par un président issu de l'islam après sa victoire au deuxième tour des présidentiel et grâce au soutien de la gauche et la droite contre la candidate de l'extrême droite en 2022.

 

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commentaires (6)

Et non pas d'un risque d'"américanisation" ?!

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

08 h 08, le 08 janvier 2015

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Commentaires (6)

  • Et non pas d'un risque d'"américanisation" ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 08, le 08 janvier 2015

  • Et non pas d'un risque d'"américanisation" ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 05, le 08 janvier 2015

  • POURQUOI L'EXAGÉRATION ? ELLE SERT QUI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 09, le 07 janvier 2015

  • Christopher Hitchens l'a bien vu quand il a dit:"LA RELIGION EMPOISONNE TOUT!" Imaginons un monde sans religion: ni EI, ni Taliban, ni Boko Haram, ni Frères Musulmans, ni Sionisme, ni Israel...Ce serait vraiment le Paradis!

    Georges MELKI

    16 h 58, le 07 janvier 2015

  • REGARDEZ BIEN POUR BIEN COMPRENDRE, QUI GOUVERNE LA FRANCE AUJOURD'HUI ? QUI SORT ET APPLIQUE LES LOIS EN FRANCE ? CE SONT LES SIONISTES. LE RÉSULTAT C'EST QUE CES GENS LÀ ONT VENDU LA FRANCE AU KATAR PRESQUE TOUTE L'AVENUE DES CHAMPS ÉLYSÉES, LES CHATEAUX, LES GRAND HÔTELS ET CENTRES COMMERCIAUX MÊME L'ÉQUIPE DU FOUT PARISIEN PARIS SAINT GERMAIN PSG CONSIDÉRÉ COMME UN SYMBOLE FRANÇAIS ETC...ETC...MALGRÉ QUE TOUT LE MONDE SAIT QUE LE QATAR EST CONNU COMME UN PAYS ISLAMIQUE PUR ET DUR ET C'EST CELUI QUI FINANCE L'EI.

    Gebran Eid

    12 h 57, le 07 janvier 2015

  • Rien d'étonnant dans cette "islamophobie grandissante" et qui se répand dans toute l'Europe, quand le monde arabo-musulman permet qu'en son sein, et sur la base de la pensée musulmane (soit le fiqh dominant d'Ibn Taymyyah), surgisse une organisation aussi barbare et monstrueuse que DAECH. "La réalité du terrorisme (islamique) international donne une légitimité à ces manifestations", dit si bien la sociologue française Catherine Wihtol de Wenden. "Les gens ont l'impression de vivre les horreurs de l'Etat islamique (DAECH)", ajoute l'euro-député Daniel Cohn-Bendit. Et que fait le monde arabo-musulman devant ce phénomène inoui de barbarie et de terrorisme islamiques ? Praqtiquement rien du tout, à part des condamnations vagues. Dans une cérémonie officielle de la fête de la naissance du profère vendredi dernier et devant les plus hautes autorités religieuses musulmanes, à leur tête cheikh al-Azhar, le président egyptien, Abdel Fattah al-Sissi dénonçait ladite pensée musulmane en ces termes : "nous sommes prisonniers depuis des siècles d'une pensée qui signifie que 1.6 milliard de musulmans vont décimer le monde entier, soit 7 milliards de personnes, afin qu'eux seuls vivent". Et il sommait les cheikhs d'al-Azhar et tous les autres de modifier définitivement ladite pensée musulmane (le fiqh). Je me suis déjà permis de le dire dans cette rubrique : tant que le jihad n'est pas aboli dans l'islam, des DAECH surgiront de l'islam et en conséquence une islamophobie mondiale.

    Halim Abou Chacra

    10 h 29, le 07 janvier 2015

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