Les Emirats arabes unis ont repris mardi leur participation aux raids de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI), après plus d'un mois de suspension consécutive à la capture d'un pilote jordanien en Syrie qui a été ensuite exécuté.
Dans un communiqué, le commandement militaire émirati a annoncé que "des avions de l'escadron de F-16 positionné en Jordanie ont lancé ce matin des raids contre des positions du groupe terroriste, atteignant leur objectif et regagnant leur base sans dommage". Les Emirats ont envoyé cet escadron en Jordanie pour soutenir ce pays voisin de l'Irak et de la Syrie, dans les frappes contre l'EI, un groupe ultraradical responsable d'atrocités.
Le communiqué émirati ne précise pas dans quelle région les raids ont été lancés. Mais le commandement américain interarmées a confirmé la participation des Jordaniens et des Emiratis aux raids menés ces dernières heures en Syrie.
L'interruption des opérations émiraties était notamment due à un différend avec Washington sur les moyens et modalités d'éventuelles opérations de sauvetage des pilotes opérant dans la coalition.
Assad "informé" des raids
Abou Dhabi avait souhaité le déploiement de V-22 Osprey, des appareils mi-avions mi-hélicoptères, en Irak, donc plus près des théâtres d'opérations, et non au Koweït comme jusqu'ici. Washington a accédé en partie à cette demande en positionnant dans le nord irakien des équipes spécialisées dans la recherche et le sauvetage de pilotes.
Le soldat jordanien Maaz al-Kassasbeh avait été capturé après le crash de son F-16 alors qu'il menait des raids en Syrie. Le 3 février, l'EI a diffusé une vidéo terrible de l'exécution de ce pilote de 26 ans, brûlé vif dans une cage. Depuis, la Jordanie a intensifié ses raids contre l'EI, qui a profité de la guerre en Syrie et de l'instabilité en Irak pour s'y emparer de pans entiers de territoire.
(Lire aussi : Le Hezbollah dirige les forces pro-Assad près du Golan)
La montée en puissance en 2013 en Syrie de l'EI a éclipsé la guerre entre rebelles syriens et régime déclenchée le 11 mars 2011 par une contestation populaire qui a été réprimée dans le sang, avant de se transformer en insurrection armée.
Alors qu'une grande partie de la Syrie échappe à son régime, le président Bachar el-Assad a affirmé être tenu "informé" des raids de la coalition dirigée par les Etats-Unis contre les jihadistes dans son pays, même si les contacts sont au minima, les pays qui y participent excluant toute relation avec lui.
"Parfois, ils transmettent un message, un message général. Il n'y a pas de dialogue. Il y a, disons, information", a-t-il déclaré dans un entretien à la BBC, en s'exprimant en anglais. Les messages transitent pas des pays tiers, "l'Irak et d'autres nations".
"Histoire infantile"
Le président syrien a par ailleurs répété que son régime n'avait pas utilisé d'armes chimiques contre sa population en août 2013 dans une attaque près de Damas, qui avait fait jusqu'à 1 400 morts selon Washington.
Il a aussi réfuté les accusations sur l'utilisation de barils d'explosifs largués par des hélicoptères de son armée sur des secteurs rebelles, qui ont fait des milliers de morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Je n'ai pas entendu parler de l'armée utilisant des barils, ou des marmites", a-t-il dit en riant de son trait d'humour. "Quand vous visez, quand vous tirez, vous visez des terroristes dans le but de protéger des civils". Interrogé sur un rapport de Human Rights Watch sur ces barils, M. Assad a rétorqué: "C'est vraiment une histoire infantile que l'Occident s'évertue à répéter".
Plus de 210 000 personnes ont été tuées en Syrie depuis 2011 et plus de 10 millions déplacées, dont près de quatre millions se sont réfugiées à l'étranger.
Alors que rien ne semble pouvoir mettre fin à la guerre, l'émissaire de l'Onu, Staffan De Mistura, se trouvait mardi à Damas pour évoquer son plan de "gel" des combats à Alep (nord) et permettre la distribution de l'aide humanitaire.
Sur le terrain, la ville clé de Tall Abyad, tenue par l'EI dans le nord de la Syrie, est dans la nouvelle ligne de mire des forces kurdes et rebelles après leur victoire à Kobané, a rapporté lundi l'OSDH.
Située à la frontière avec la Turquie, Tall Abyad, (Akçakale du côté turc) est une ville arabe et kurde de la province de Raqqa et surtout un important poste-frontière emprunté par les jihadistes venus de Turquie pour pénétrer en Syrie. Le groupe ultraradical en a pris le contrôle il y a un an après en avoir chassé les Kurdes ainsi que les rebelles qui combattent le régime de Assad.
Sur un autre front, plus à l'Ouest, dans la province d'Alep, "l'EI a envoyé des renforts pour protéger ses fiefs de Minbej et de Jarablos qui peuvent être aussi une cible des combattants kurdes", a indiqué M. Abdel Rahmane.
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commentaires (6)
INFORMÉ OU PAS... çA SE FAIT SANS LEUR ACCORD !
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 58, le 10 février 2015