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À La Une - portrait

Sergio Mattarella, un Sicilien discret et droit à la présidence italienne

"Mattarella représente la Sicile propre, celle qui a payé un prix élevé pour la libération des forces criminelles".

Le juge constitutionnel Sergio Mattarella a été élu samedi 31 janvier 2015 président de la République italienne. AFP PHOTO / FILIPPO MONTEFORTE

Sergio Mattarella, élu samedi président de la République italienne, est un Sicilien réservé, héritier de la démocratie chrétienne (DC), et homme de principe qui s'est plusieurs fois heurté à Silvio Berlusconi.

Ce fils d'un dirigeant historique de la DC, qui a grandi entre un prestigieux lycée catholique de Rome et des camps de jeunesse catholique à Assise, se destinait à une carrière de professeur de droit. Mais en janvier 1980, son frère aîné Piersanti, président de la région Sicile, meurt dans ses bras, assassiné par la mafia. C'est avec la chemise tachée du sang de son frère qu'il fait donc son entrée dans la vie publique en recevant les condoléances du tout-Palerme. Trois ans plus tard, il est député, sous la bannière de la DC.

"Mattarella représente la Sicile propre, celle qui a payé un prix élevé pour la libération des forces criminelles", a commenté l'actuel président de la région Sicile, Rosario Crocetta.
Son élection est "un geste de proximité, d'affection, de respect" de la part de la politique à tous ceux qui ont perdu un mari, un père, un frère dans "la barbarie des années 1970, 1980 et même 1990", avait affirmé jeudi le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi. "C'est avant tout un homme de la légalité", a-t-il ajouté en appelant son Parti démocrate (PD) à élire cet homme discret, qui fuit les caméras et s'est rarement exprimé dans la presse.
Sa seule interview connue à une télévision date de 2010 et c'était devant les caméras de l'Action catholique, un mouvement de jeunesse auquel il a lui-même appartenu.
"L'énième catho-communiste", a raillé Matteo Salvini, secrétaire général de la Ligue du Nord, parti de l'opposition anti-euro et anti-immigration.

La loi "Mattarellum"
Homme de principes, Sergio Mattarella est aussi "un des rares démocrates-chrétiens à avoir démissionné", a rappelé M. Renzi. L'épisode remonte à 1990, lorsqu'il a renoncé à son poste de ministre de l'Education de Giulio Andreotti pour protester contre l'adoption d'une loi confirmant à Silvio Berlusconi, pas encore entré en politique, son quasi-monopole sur les chaînes de télévision privées en Italie.

Redevenu simple député, il a été chargé de rédiger une nouvelle loi électorale, censée assurer une meilleure stabilité politique à l'Italie. La loi "Mattarellum", mêlant scrutin majoritaire et proportionnel, n'a pas vraiment satisfait puisqu'elle a été remplacée au bout de 10 ans par une nouvelle loi, qui fait elle-même l'objet d'une importante réforme en cours.
Face à la ligne pro-Berlusconi affichée par le Parti populaire, l'héritier de la vieille DC, il a rejoint le centre-gauche, qui l'a rappelé au gouvernement en 1998.

Si certains Italiens, surtout les plus jeunes, connaissent un peu cet homme au regard bleu et aux cheveux blancs, c'est avant tout parce que c'est lors de son passage au ministère de la Défense que le service militaire obligatoire a été supprimé en 2001. Après ce dernier passage au gouvernement et 25 ans passés au Parlement, il a quitté la vie politique en 2008. Trois ans plus tard, il est élu juge à la Cour constitutionnelle.

Veuf depuis un peu plus d'un an, il a trois enfants et six petits-enfants. Il résidait ces derniers temps dans un modeste appartement de fonction à deux pas du Quirinale, le palais présidentiel, où il devrait s'installer dans les prochains jours.

 

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