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Moyen Orient et Monde - France

Le Festival de la bande dessinée d’Angoulême, éperdument « Charlie »

Un vibrant hommage a été rendu aux pères spirituels de toute une génération de dessinateurs : Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré.

Une grande exposition est consacrée au journal satirique, de sa genèse jusqu’au numéro « des survivants ». Pierre Duffour/AFP

Comme chaque année, le Festival international annuel de la bande dessinée d'Angoulême, qui a accueilli en 2014 plus de 200 000 visiteurs, organise des expositions, des rencontres avec des dessinateurs du monde entier, des animations, et la ville se transforme en une immense librairie de la BD mondiale.
Hier, un prix spécial a été décerné au journal satirique français Charlie Hebdo, et le Grand Prix a été attribué à l'auteur de mangas japonais Katsuhiro Otomo. Mais l'attribution d'un Grand Prix spécial aux dessinateurs et pères spirituels de toute une génération d'artistes tués le 7 janvier (Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré) n'est que l'un des nombreux hommages rendus à l'hebdomadaire par ce rendez-vous annuel de la BD mondiale qui s'est ouvert hier dans le sud-ouest de la France.
La 42e édition du festival a également attribué pour la première fois son Grand Prix à un dessinateur de mangas, Katsuhiro Otomo, 60 ans, l'un des plus grands mangakas japonais. Celui-ci est mondialement connu grâce au succès de la série culte « Akira » en manga et en dessin animé.
Par ailleurs, le festival, qui intervient trois semaines après l'attentat contre Charlie Hebdo, se tient sous haute surveillance policière et les milliers de visiteurs qui se pressaient dès hier matin devant les chapiteaux ont été confrontés à de longues files d'attente du fait des mesures de sécurité exceptionnelles, notamment autour de celui qui accueille la dessinatrice Catherine Meurisse, collaboratrice de Charlie Hebdo et rescapée de l'attentat.

« L'esprit Charlie »
Loin du solennel, le festival veut aussi rester dans l'esprit de Charlie Hebdo, qui, depuis sa création en 1970, se moque des puissants et des religions. Par conséquent, ce week-end, un nouveau « Prix Charlie de la liberté d'expression » sera décerné pour sa première édition aux dessinateurs disparus, couronnant ainsi dans l'avenir les auteurs qui se battent pour la liberté d'expression.
D'autre part, une grande exposition est consacrée au journal satirique, de sa genèse jusqu'au numéro « des survivants » paru une semaine après l'attentat et qui s'est arraché dans les kiosques, poussant le distributeur à le tirer jusqu'à 7 millions d'exemplaires, un record. Ainsi, 500 documents, dont des planches géantes des dessinateurs morts et vivants de l'hebdomadaire, montrent combien Charlie s'est attaqué avec outrance et délectation à toutes les religions et toutes les institutions. Curés, rabbins, pape, imams, présidents, hommes et femmes politiques de droite, d'extrême droite, de gauche, tous en prennent pour leur grade. Des titres grinçants et vengeurs, toujours au second degré, dénoncent pêle-mêle l'homophobie, la pédophilie ou le racisme. De plus, les quelques caricatures de Mohammad ne sont ni cachées ni mises en exergue, mais intégrées à l'histoire du journal, expliquent les organisateurs de l'exposition.
« L'humour en choquant fait passer des messages, relève Anne, venue visiter l'exposition avec ses enfants de 6 et 10 ans. Le rire est universel, c'est pour cela qu'il est important d'en parler aux enfants. » Même son de cloche du côté des dessinateurs étrangers, qui ont également été frappés par la tuerie. Le mangaka japonais Jirô Taniguchi, objet d'une rétrospective au festival, a parlé d'un « très grand choc ». Le dessinateur canadien Guy Delisle juge pour sa part que « s'ils avaient tué des journalistes de l'écrit, il y aurait eu une moins grande mobilisation. Mais le dessin fait partie de notre enfance ».
Et même la mairie d'Angoulême a été décorée d'une grande banderole à la mémoire de Charlie Hebdo et une quarantaine de ses unes, représentatives de la verdeur et de l'irrespect qui sont la marque de « l'esprit Charlie », sont placardées dans les rues. Une paire de fesses géantes signées Reiser côtoie ainsi des ex-présidents de la République caricaturés en pénis sur des panneaux électoraux : un comble pour un journal volontiers anarchiste.

Laurence BENHAMOU/AFP

Comme chaque année, le Festival international annuel de la bande dessinée d'Angoulême, qui a accueilli en 2014 plus de 200 000 visiteurs, organise des expositions, des rencontres avec des dessinateurs du monde entier, des animations, et la ville se transforme en une immense librairie de la BD mondiale.Hier, un prix spécial a été décerné au journal satirique français Charlie Hebdo, et le...

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