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Économie - Liban - Interview

Les prix à la consommation devraient encore se tasser cette année

Kamal Hamdan est économiste et directeur du Consultation and Research Institute, un institut qui publie un indice des prix à la consommation depuis 37 ans. Cet indice n'est pas identique à celui de l'administration centrale des statistiques en raison d'une méthode de calcul différente, mais il révèle une même tendance : l'inflation est en nette baisse.

L’inflation s’est élevée à environ 0,7 % en 2014 contre 2,6 % l’année précédente.

Le dernier chiffre disponible est celui de novembre. Il fait état d'une inflation de 0,5 % par rapport à novembre 2013. Peut-on en déduire un taux annuel ?
On ne peut pas se baser sur l'inflation mensuelle, en raison des variations saisonnières. Mais il est certain que depuis le pic observé en octobre 2012, il y a une nette tendance à la baisse de l'inflation. Depuis août 2013, les taux annuels moyens sont inférieurs à 2 %. L'année dernière on a même connu de petits épisodes de déflation, de l'ordre de 0,3 %, en mars puis en octobre. Ce n'est pas significatif, mais c'est du jamais-vu ces dix dernières années. Je pense qu'en moyenne l'inflation annuelle va s'établir à moins de 0,7 % en 2014 (NDLR : contre 2,6 % en 2013).

 

Comment expliquez-vous ce tassement ?
Il est dû à la baisse des taux de croissance de l'économie libanaise combinée à une baisse mondiale de l'inflation, notamment dans les pays européens fournisseurs du Liban qui ont connu une croissance atone ces dernières années. En général, le taux d'inflation au Liban suit celui des pays de l'OCDE.
L'autre facteur est l'appréciation du dollar et donc de la livre libanaise qui lui est indexée, ce qui rend les importations moins chères. Traditionnellement, près de la moitié des importations libanaises sont libellées en euro. À cela s'ajoute un recul global des prix des matières premières comme le blé ou le sucre, et surtout du pétrole qui représente près du tiers de nos importations.

 

Des baisses internationales qui tardent tout de même à se répercuter au Liban...
Cela a toujours été le cas. D'abord parce que les importateurs et les commerçants commencent par écouler les stocks achetés à des prix plus élevés. L'autre explication est l'absence de contrôle sur les prix, et la faible concurrence. On retrouve des structures oligopolistiques dans les deux tiers du marché intérieur. Si l'on regarde les 30 dernières années, la baisse des prix internationaux n'a jamais été intégralement répercutée sur le marché local.

 

Peut-on s'attendre à un nouveau tassement de l'inflation cette année ?
Toutes choses égales par ailleurs, je pense que le taux d'inflation sera minime cette année. Mais il y a des inconnues à prendre en compte. Une éventuelle baisse de prix du transport public par exemple devrait tirer l'indice des prix à la baisse. Au contraire, l'adoption de la nouvelle grille des salaires de la fonction publique pourrait augmenter la consommation de certaines catégories de la population et donc de l'inflation. En 2014, par exemple, les coûts de l'éducation ont beaucoup augmenté car la hausse des salaires des enseignants dans le public a aussi été appliquée dans le privé. Il y a par ailleurs des risques macroéconomiques : une détérioration majeure de la dette ou du déficit publics aurait un impact indirect sur l'indice des prix.

 

Le risque de déflation est-il totalement écarté ?
Le seul risque proviendrait d'une baisse très importante des transferts des expatriés qui alimentent la demande au Liban. Si la baisse des prix du pétrole affecte durement les revenus des Libanais dans le Golfe notamment, cela porterait un coup à la consommation des ménages libanais.
Qu'en est-il de la consommation des réfugiés syriens ?
Leur consommation, financée à 90 % par l'Onu et les donateurs, a surtout eu un effet sur la croissance libanaise. On est actuellement en train de réaliser une étude avec l'Onu sur l'effet multiplicateur qu'a eu la consommation syrienne sur les différents secteurs de l'économie libanaise. Nous n'avons pas encore les résultats, mais il est certain que sans les réfugiés syriens, le Liban n'aurait jamais connu une croissance de 1,5 % ou 2 % l'an dernier. Je pense qu'elle aurait été nulle.

 

Pour mémoire

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L'inflation aussi est sujette à la situation politico-sécuritaire depuis 2011

Le dernier chiffre disponible est celui de novembre. Il fait état d'une inflation de 0,5 % par rapport à novembre 2013. Peut-on en déduire un taux annuel ?On ne peut pas se baser sur l'inflation mensuelle, en raison des variations saisonnières. Mais il est certain que depuis le pic observé en octobre 2012, il y a une nette tendance à la baisse de l'inflation. Depuis août 2013, les taux...
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