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Liban - Dialogue

CPL-FL : les litiges évoqués sans retenue, mais leur résolution est encore loin

Si, dans le contexte de détente générale, Nouhad Machnouk s’est rendu hier chez Michel Aoun, deux voix sont quelque peu sorties hier de ce climat bon enfant qui règne à la veille de la troisième séance de dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah. Celle de Fouad Siniora, qui a estimé dans un entretien à Sky News que le parti chiite « n’aide pas » à avancer, et celle d’Achraf Rifi, qui a lancé en soirée à la MTV : « Que personne ne croie que nous allons nous aplatir devant le Hezbollah. Nous sommes des citoyens de plein droit et n’avons besoin de diplômes de bonne conduite de personne. » Photo Ani

Le rapprochement initié il y a près de cinq mois entre le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL) reste pour l'instant au stade « des pourparlers et non des négociations ». Si ce rapprochement dégage d'ores et déjà des « éléments très positifs », selon une source des FL, il confirme tout autant « l'importance du clivage » entre les deux parties, que ni l'une ni l'autre n'a en tout cas l'intention de dissimuler.
Afin de transcender ce clivage dans un premier temps, il a fallu cerner les points-clés susceptibles de faire l'objet d'une entente. C'est donc sous le thème de « la sauvegarde de la République », convenue par les deux parties, que ces points ont été définis. Ils font l'objet de réunions régulières à Rabieh entre le chef du CPL, le général Michel Aoun, et le responsable du département de communication au sein des FL, Melhem Riachi, en présence du député Ibrahim Kanaan.

 

(Lire aussi : Geagea : Le dialogue et l'ouverture, oui, mais sans compromis sur la lutte contre le mini-État et la corruption)


Pour l'instant, seules quelques révélations, qui demeurent de l'ordre des généralités, presque des slogans, ont été faites sur les possibles points d'entente entre les deux parties. L'accent est mis sur l'importance de repenser la participation des chrétiens dans la dynamique locale et régionale. Rien n'est dit, par exemple, sur la théorie de l'alliance des minorités, qui divise la scène chrétienne, au regard surtout des développements en Syrie. L'on retient toutefois une constante au niveau des échanges, valorisée surtout par le CPL : « L'unité des chrétiens est nécessaire » en cette période de crise.
Mais l'est-elle vraiment ? À moins d'insinuer que cette unité s'impose au niveau de la présidentielle, auquel cas le rapprochement entre le CPL et les FL aurait pour motif premier de combler la vacance à la magistrature suprême.

 

(Lire aussi : Les chrétiens aussi peuvent dialoguer entre eux !, Le décryptage de Scarlett Haddad)


Mais rien n'est moins sûr. Lorsque la prise de contact entre les deux parties a été déclarée, c'est en effet sur le terrain de la présidentielle que les FL ont principalement situé leur intérêt de dialoguer avec Rabieh. Pour l'instant, les pourparlers semblent s'acheminer vers la méthode à adopter, sur la forme seulement, pour résoudre ce dossier.
« La présidentielle fait partie des désaccords auxquels nous tentons de parer », explique la source FL. Pourtant, l'échéance présidentielle, pour chacun des deux protagonistes, semblait cristallier le choc de leurs deux options politiques stratégiques respectives. La question sur l'utilité d'une entente éventuelle sur les assises de la République se pose dès lors. Comment cette entente sur les valeurs essentielles de la République, si elle est obtenue, se traduira-t-elle sur le terrain ? Et, surtout, comment parviendra-t-elle concrètement à dissiper les entraves à l'élection d'un président ? Comment dépasser le paradoxe entre la délicatesse de certains sujets qui sont évoqués « sans retenue et en toute transparence » – notamment tout ce qui relève de la souveraineté du pays et des relations des deux parties avec leurs alliés respectifs – mais sans espoirs d'avancée réelle ou de percée spectaculaire, et la volonté manifeste de pousser le dialogue avec le plus grand sérieux ? Le rapprochement doit aboutir à une rencontre Aoun-Geagea, « seulement si une feuille de route commune est obtenue », assure la source. Le sérieux manifesté par les deux parties incite donc à réfléchir à une issue possible.
« L'entente sur une République forte » paraît donc, in fine, receler l'essence de cette issue commune. Mais la question demeure, là encore, de savoir quels effets concrets elle portera, en l'occurrence sur la présidentielle. Peut-on envisager par exemple un scénario où, à défaut de pouvoir institutionnaliser leur vision commune pour la République, les deux parties choisissent de soutenir un président fort, qui incarne cette vision ? L'entente pourrait-elle conduire à ce qu'une partie renonce à sa candidature en faveur de l'autre ?
En réponse à cette question, la source des FL affirme clairement que « la place sera à l'innovation sur le dossier de la présidentielle ». Autrement dit, ni la candidature de Samir Geagea ni celle de Michel Aoun n'est vouée à perdurer si le dialogue réussit.

 

(Lire aussi : Siniora : Le Hezbollah ne fait rien pour la réussite du dialogue)


Cette perspective est en harmonie avec la genèse du rapprochement CPL-FL. Ce rapprochement, initié il y a cinq mois par une prise de contact spontanée entre Melhem Riachi et le secrétaire du bloc du Changement et de la Réforme, le député Ibrahim Kanaan, a été mis sur les rails au moment où Samir Geagea avançait sa première initiative pour un déblocage de la présidentielle, entérinée par le 14 Mars. Il avait proposé au général Michel Aoun de mener sa course à la présidentielle contre lui à l'hémicycle, sinon de s'en retirer au profit d'un autre candidat soutenu par le 8 Mars, auquel cas Samir Geagea ferait de même en faveur d'un candidat du 14 Mars. La troisième et ultime issue qu'il avait proposée devait conduire à un consensus sur la présidentielle.
Cette perspective de consensus est renforcée lorsque l'on soupèse les intérêts respectifs des deux parties à dialoguer entre elles. Ainsi souligne-t-on, dans les milieux du 14 Mars, que c'est le leader FL qui a pris personnellement l'initiative de tendre la main au chef du CPL, sans en référer à quiconque. La visite de Samir Geagea en Arabie saoudite a en effet eu lieu quelques mois après la première prise de contact entre le CPL et les FL. Ce rapprochement n'en est donc pas un résultat. « L'Arabie saoudite n'a que faire du dialogue. Elle ne l'a certainement pas souhaité puisqu'elle refuse de soutenir la candidature du général Michel Aoun à la présidence de la République. » À en croire ces milieux , la marge de manœuvre du leader des FL serait plus large que celle de son interlocuteur.

 

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commentaires (6)

PLUS POSSIBLE DE VOIR UN CHAT ET UN CHIEN VIVRE ENSEMBLE QUE "TANT-PIS" ET "S'EN-FOUT" S'ENTENDRE !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 59, le 15 janvier 2015

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • PLUS POSSIBLE DE VOIR UN CHAT ET UN CHIEN VIVRE ENSEMBLE QUE "TANT-PIS" ET "S'EN-FOUT" S'ENTENDRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 59, le 15 janvier 2015

  • On leur passe le baume a ces neo convertis des fl , mais la finalite sera la nomination du Phare Aoun sur la plus haute marche de la magistrature supreme ! Parce qu'ils le valent bien les CPL ...de vrais patriotes libanais .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 47, le 15 janvier 2015

  • Dans un pays en crise comme c'est le cas au Liban, on ne gouverne pas avec un Président octogénaire-naphtaline. La France en a fait l'expérience en 1940 pour gouverner un pays en déroute. On a fait appel au maréchal Pétain, 84 ans. Sa première décision fut de se rendre à Rethondes pour livrer le pays à Hitler. Le Liban a besoin d'un Président jeune, neutre de fabrication authentiquement libanaise.

    Un Libanais

    17 h 41, le 15 janvier 2015

  • "Sacré" boSSfaïr !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 09, le 15 janvier 2015

  • Face à l’égoïsme des leaders chrétiens , l'unité du peuple est nécessaire en cette période de crise ,pour pousser ces chefs de tribus à s’entendre et combler ce vide constitutionnel.

    Sabbagha Antoine

    12 h 57, le 15 janvier 2015

  • Aoun-Geagea, ce tandem qui nous mène à la dérive depuis bientôt trente ans...

    Georges MELKI

    11 h 09, le 15 janvier 2015

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