Siniora : Le Hezbollah ne fait rien pour la réussite du dialogue

Le chef du bloc parlementaire du Futur, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, a assuré hier lors d'une entrevue accordée à la chaîne télévisée Sky News, lors de sa visite aux Émirats arabes unis, qu'« il est de notre devoir de poursuivre le dialogue, mais le Hezbollah ne fait aucun vrai pas pour permettre à ce dialogue d'aboutir à des résultats concrets et nous continuons à ressentir la tension présente dans chaque ruelle et ville à cause de la Brigade de la résistance ». « Nous sommes contraints et de plein gré à vivre ensemble », a-t-il poursuivi, dénonçant l'implication du parti chiite en Syrie, en Irak et dans d'autres pays ainsi que sa mainmise sur l'État libanais. « Le dialogue en 2006 et en 2008 ainsi que celui parrainé par Michel Sleiman n'ont pas abouti dans de nombreux dossiers et il est vrai que nous ne pouvons pas renoncer à nos principes, mais il est de notre devoir de nous mettre d'accord pour permettre l'élection d'un président consensuel. » « Il n'y a pas d'alternative au dialogue », a-t-il encore dit, ajoutant toutefois que son courant ne renoncera pas à ses principes nationaux.
Fouad Siniora a ensuite estimé que le non-respect de la politique de neutralité du Liban vis-à-vis du conflit en Syrie a conduit à la multiplication du nombre de réfugiés syriens. « Au départ, le Hezbollah a prétendu se rendre en Syrie pour défendre quelques habitants vivant dans certains villages chiites. Il a ensuite utilisé l'excuse de la défense des lieux de culte, avant d'annoncer clairement qu'il veut défendre le régime syrien, après que ses alibis se furent révélés peu crédibles », a déploré M. Siniora, qui ne s'est pas privé d'établir un lien entre les attentats au Liban et l'intervention du parti chiite en Syrie, « même si ce n'est pas l'unique cause des attentats ».
Par ailleurs, Fouad Siniora s'est prononcé à propos du dossier présidentiel, regrettant que 17 séances électorales n'aient pas abouti à l'élection d'un président. Dans ce contexte, l'ancien Premier ministre a estimé que le général Michel Aoun insiste à se présenter en tant que candidat et qu'il a été clair dès la première séance qu'il ne pouvait pas être élu. « Le général Aoun, le Hezbollah et tous ceux qui pivotent dans l'orbite du régime syrien bloquent aujourd'hui la présidentielle, d'où la proposition de nous entendre sur un président consensuel, ce qui ne signifie pas forcément un président faible », a-t-il affirmé.
M. Siniora, qui a qualifié le conflit arabo-iranien de véritable défi, a estimé que l'Iran contrôle quatre capitales arabes, mais qu'il faut toutefois que les Arabes œuvrent pour tisser des relations de respect et d'amitié avec l'Iran. Appelant également à une réforme au sein des institutions religieuses et à davantage d'ouverture, M. Siniora a réitéré sa foi dans le printemps arabe, « même si certains de ceux qui ont fait ce printemps ont agi avec immaturité et irresponsabilité ».
Sur un autre plan, l'ancien Premier ministre a estimé que « la vague de dénonciations des caricatures du magazine satirique français Charlie Hebdo a eu un effet contraire et a causé une diffusion plus importante de ces dessins », jugeant que ces réactions ont porté atteinte aux relations franco-arabes, « surtout que la France a toujours soutenu les positions arabes, notamment en reconnaissant l'État de Palestine au Conseil de sécurité ».