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Liban - L’éclairage

L’élection présidentielle et les entraves posées par le 8 Mars

C'est demain vendredi que se tiendra la troisième réunion de dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah, toujours à Aïn el-Tiné, mais sans le président de la Chambre, Nabih Berry, qui se fera représenter par le ministre Ali Hassan Khalil. Cette rencontre intervient après le double attentat de Jabal Mohsen et le coup de force de l'État à la prison de Roumieh où il a été mis fin à « l'émirat des détenus islamistes ». Ce coup de force qui a permis de transférer sans verser une seule goutte de sang les détenus islamistes du « bâtiment B » vers le « bâtiment D », le temps de réhabiliter le premier, est à mettre au crédit du ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, lui-même membre de la délégation du courant du Futur dans le dialogue avec le Hezbollah. Le même Machnouk s'était aussi rendu à Jabal Mohsen après le double attentat dans une tentative d'apaiser les esprits et d'éviter de nouvelles tensions confessionnelles. Toutes ces initiatives devraient permettre de donner un nouvel élan au dialogue entre les deux formations. Mais le problème, c'est que, sur le plan régional, l'Iran est en train de durcir ses positions, notamment face à l'Arabie saoudite, et la question qui se pose à la veille de cette troisième séance est la suivante : le ton qui monte dans la région entre les Iraniens et les Saoudiens se répercutera-t-il sur les deux délégations ?
Les milieux politiques révèlent à cet égard qu'au cours de la visite secrète qu'il a effectuée à Beyrouth, le chef du service de sécurité nationale iranien Ali Chamkhani avait rencontré les dirigeants du Hezbollah et les avait informés des détails du dialogue entre l'Iran et l'Occident sur le dossier nucléaire iranien. M. Chamkhani s'était alors fait l'écho d'un climat positif, en dépit du report de la conclusion de l'accord jusqu'au mois de juin, et il avait conseillé à ses interlocuteurs du Hezbollah de se lancer dans un dialogue avec le courant du Futur, qui pourrait servir de prélude à un rapprochement entre Téhéran et Riyad. C'est ainsi que les deux premières réunions entre les représentants des deux formations ont été qualifiées de « positives ».
Mais en dépit de ses conseils d'ouverture et d'apaisement, l'Iran n'a pas relâché la pression dans la région. Il a continué à tenter d'obtenir des acquis politiques et vouloir se doter d'un rôle central dans la région. D'ailleurs, Ali Akbar Velayati l'avait clairement déclaré à la veille d'une rencontre entre les représentants des États-Unis et ceux de l'Iran, lorsqu'il a affirmé que « l'influence de l'Iran s'étend du Yémen jusqu'au Liban ». Cette phrase avait été lancée à la veille de l'initiative française pour accélérer l'élection d'un président au Liban. Après cette déclaration, l'initiative française a évidemment tourné court, alors que la tension était montée d'un cran dans la région, notamment après la chute considérable des prix du pétrole. Cette chute des prix du pétrole a mis l'Iran en colère, et le président de la République islamique Hassan Rohani a clairement affirmé que « les pays responsables de la chute des prix du pétrole finiront par regretter d'avoir agi de la sorte ». Les menaces étaient directement adressées au Koweït et à l'Arabie saoudite, et elles sont intervenues à la veille de la rencontre entre le secrétaire d'État américain John Kerry et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif à Vienne. Elles ont d'ailleurs été considérées comme un moyen de faire pression sur les États-Unis et en même temps comme la preuve que l'Iran traverse une grave crise économique, rendue encore plus aiguë par la chute des prix du pétrole.
Des milieux diplomatiques occidentaux estiment que cette escalade verbale de la part des dirigeants iraniens viserait à pousser les États-Unis à intervenir auprès des Saoudiens pour qu'ils acceptent d'ouvrir un dialogue avec les Iraniens. De leur côté, les dirigeants saoudiens auraient fait savoir aux Américains, selon des visiteurs libanais qui se sont récemment rendus à Riyad, qu'ils attendent la conclusion de l'accord entre l'Iran et la communauté internationale sur le dossier nucléaire iranien pour voir comment seront distribués les rôles dans la région. À la lumière de cette distribution, ils définiront leur position. Justement, un des principaux sujets de conflit entre l'Iran et l'Arabie saoudite est le rôle que la République islamique est en train de s'attribuer en intervenant dans les affaires intérieures de plusieurs pays de la région comme le royaume de Bahreïn. C'est dans ce contexte que les milieux politiques interprètent le long développement sur la situation à Bahreïn dans le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah. Le leader chiite avait même accusé les autorités de vouloir créer « un nouvel Israël » dans le Golfe en naturalisant en masse des individus qui n'ont rien à voir avec le monde arabe et le Golfe, juste parce qu'ils sont sunnites.
Les milieux politiques estiment aussi que l'autre sujet de conflit entre Téhéran et Riyad est le dossier syrien, dans lequel l'Arabie saoudite considère que toute solution passe par le départ du président Bachar el-Assad. Pour les Saoudiens, ce dernier ne doit même pas participer aux négociations sur l'avenir de la Syrie, car il est accusé d'avoir tué son propre peuple et poussé à l'exil des millions de Syriens.
Dans ce contexte, il est clair qu'en dépit du climat positif suscité par le dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah, et par celui qui commence actuellement entre les Forces libanaises et le Courant patriotique libre, un déblocage dans l'impasse présidentielle n'est pas encore en vue. Pourtant, les informations qui filtrent des discussions entre le représentant des FL et celui du CPL poussent à croire qu'une rencontre entre Michel Aoun et Samir Geagea devrait se tenir au début de février. Malgré cela, les milieux du 14 Mars estiment que le 8 Mars continue de vouloir lier l'élection présidentielle libanaise aux dossiers régionaux, et cette formation souhaite accorder à la Syrie via l'Iran et ses alliés locaux un droit de veto sur le choix du nouveau président. On assiste donc actuellement à une course entre ceux qui veulent un règlement rapide au dossier présidentiel pour mettre le Liban à l'abri des conséquences des développements régionaux, et ceux qui veulent lier le sort du Liban à l'issue des négociations sur le nucléaire iranien dont la date butoir est le 24 juin.

C'est demain vendredi que se tiendra la troisième réunion de dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah, toujours à Aïn el-Tiné, mais sans le président de la Chambre, Nabih Berry, qui se fera représenter par le ministre Ali Hassan Khalil. Cette rencontre intervient après le double attentat de Jabal Mohsen et le coup de force de l'État à la prison de Roumieh où il a...

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ON A RÊVÉ QU'ILS ALLAIENT S'ENTENDRE ! UN MUET ET UN SOURD SE COMPRENDRAIT MIEUX QUE CES DEUX PARALLÈLES DE LA MALÉDICTION SUR LE PAYS !!!

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 04, le 15 janvier 2015

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Commentaires (3)

  • ON A RÊVÉ QU'ILS ALLAIENT S'ENTENDRE ! UN MUET ET UN SOURD SE COMPRENDRAIT MIEUX QUE CES DEUX PARALLÈLES DE LA MALÉDICTION SUR LE PAYS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 04, le 15 janvier 2015

  • Le Liban n'a pas besoin d'un Président imposé par qui que ce soit. Le Liban a besoin d'un Président libre, patriote, intègre, 100% libanais. Le Liban a besoin d'un Fouad Chéhab ou d'un Michel Sleiman. Point à la ligne.

    Un Libanais

    14 h 54, le 15 janvier 2015

  • Ce remake de palabres sans fin qui n’aboutissent à rien n’a rien de surprenant au pays des mille et une nuits. Mais tant qu’ils ne font que discuter en buvant du thé et en fumant le narghilé, ils ne s’entretuent pas, c’est déjà ça. Espérons toutefois qu’ils parviendront à trouver un consensus et que le Liban puisse avoir le plus tôt possible un président qui rétablisse l’ordre et la paix.

    Jacques MARAIS

    11 h 12, le 15 janvier 2015

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