Jabal Mohsen enterre les neuf victimes du double attentat-suicide d’al-Nosra

Jabal Mohsen a enterré, hier, les neuf victimes du double attentat-suicide de samedi soir, qui a visé un café du quartier alaouite de Tripoli. Il s'agit de Issa Ali Khaddour, Mahmoud Hussein Hassan, Mohammad Zaybar, Mohammad Abdelkarim Sleiman, Ali Mohammad Ibrahim, Youssef Ali Abdo qui est militaire, Mohammad Suleiman Berro, Hassan Ali Ibrahim et Ala' Khatib. Ils sont tous de confession alaouite et ils ont été enterrés lors d'une cérémonie collective à Jabal Mohsen.

Le double attentat, qui équivaut à une charge de quatre kilos de TNT, a fait également 37 blessés, certains dans un état grave. À la demande du ministre de la Santé, Waël Bou Faour, ils seront soignés gratuitement. Dix ambulances de la Croix-Rouge et cinquante secouristes ont été mobilisés, transportant les blessés dans les hôpitaux de Tripoli et de Zghorta.

Le Front al-Nosra a revendiqué les deux attentats-suicide sur l'un de ses comptes Twitter, soulignant que « cette attaque venge les sunnites de Syrie et du Liban ».
Un chef d'al-Nosra avait également indiqué à l'agence de presse turque Anatolie que « les deux kamikazes appartiennent au groupe jihadiste et qu'ils ont été entraînés au Qalamoun en Syrie avant d'être envoyés à Tripoli pour mener l'attaque ».

L'enquête est en cours et le président du Haut Comité de secours, le général Mohammad Kheir, a inspecté les lieux, notant que « l'État versera rapidement les indemnisations ».

Hier, le Premier ministre Tammam Salam a présidé une réunion sécuritaire dans sa résidence de Mousseitbeh. Ont notamment pris part à la réunion le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, le ministre de la Justice Achraf Rifi, le procureur général Samir Hammoud et le commandant en chef de l'armée le général Jean Kahwagi.
Prenant la parole, le Premier ministre a souligné que « ce double attentat montre l'ampleur de la menace terroriste qui pèse sur le Liban. Il est donc nécessaire de rester vigilants ». Condamnant l'attaque, il a indiqué que « ce crime ne fait pas peur aux Libanais. Nous sommes intransigeants : nous ferons face aux terroristes. Nous ne baisserons jamais les bras ».

Condamnations unanimes

À Tripoli, une réunion s'est tenue également hier au domicile du député Samir Jisr. Elle a notamment regroupé les ministres Achraf Rifi et Rachid Derbas, les députés Mohammad Kabbara et Badr Wannous ainsi que des représentants du courant du Futur au Liban-Nord.
M. Derbas a indiqué dans une déclaration que « ceux qui sèment la terreur à Tripoli ne peuvent en aucun cas être des Tripolitains ». Il a comparé le terrorisme à « une folie qui atteint actuellement son apogée au Liban ».

Les personnalités présentes ont appelé dans un communiqué « les habitants au calme, à la patience et la vigilance », les invitant à « soutenir l'armée dans sa lutte contre le terrorisme ».
Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, qui a inspecté les lieux hier, a tenu une réunion sécuritaire à Tripoli. Il s'est également entretenu avec le ministre de la Justice Achraf Rifi. M. Machnouk a souligné que « les Libanais aiment la vie et nous dénonçons tous ceux qui s'expriment à travers des messages de mort ».
De son côté, le ministre de la Justice a condamné le double attentat-suicide. « Le terrorisme est le même, quel que soit le lieu qu'il vise, que ce soit une mosquée ou un café », a-t-il dit.

L'armée libanaise a rapidement identifié les deux kamikazes, il s'agit de Taha Samir Khayal, né en 1994, et Bilal Mohammad Merayan, né en 1986. Ils sont tous les deux originaires de Tripoli et il semble qu'ils ont quitté la ville depuis quelque temps. Ils habitaient le quartier de Mankoubin. Tous les deux faisaient partie du Front al-Nosra et ont été formés au Qalamoun en Syrie.
Peu après l'explosion, les services de renseignements de l'armée ont dressé un cordon de sécurité autour des maisons des deux kamikazes dans le quartier de Mankoubin. Trois personnes proches des kamikazes ont été arrêtées alors que le père de l'un deux, Samir Khayal, s'est rendu à la justice.
Durant la journée d'hier, les habitants de Mankoubin ont manifesté pour appeler à l'unité nationale et dénoncer l'attentat.

Le double attentat-suicide de Jabal Mohsen a provoqué un série de réactions. L'ancien président de la République, Michel Sleiman, a souligné que « les actes terroristes ont pour but de nuire au dialogue et Tripoli est plus forte que les attentats sanguinaires ».
De son côté, l'ancien Premier ministre Nagib Mikati a noté que « les deux attentats-suicide n'auront pas raison de l'unité des Tripolitains. La capitale du Liban-Nord préservera sa véritable image de convivialité ».
L'ancien Premier ministre Saad Hariri a, pour sa part, indiqué que « ce double attentat-suicide vise à créer la confusion, alimenter la discorde et déstabiliser la capitale du Liban-Nord ».
L'ancien Premier ministre Fouad Siniora a qualifié à son tour le terrorisme de « fléau qu'il faut éradiquer avant qu'il ne se propage partout ».
Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a également condamné le double attentat, estimant qu'il « touche tous les Libanais et non seulement les habitants de Jabal Mohsen ».
Dans un communiqué, le Hezbollah a souligné que « le fait de prendre Jabal Mohsen pour cible est un moyen de semer à nouveau la discorde dans la capitale du Liban-Nord ».
Le parti alaouite Tawhid a dénoncé lui aussi le double attentat-suicide. Il a appelé à « l'unité pour faire face au terrorisme ».


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