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Économie - Liban - Agriculture

Les excédents de 2014 fragilisent les producteurs de pommes de terre

Figurant parmi les principales denrées alimentaires produites au Liban, la pomme de terre est désormais victime de son succès : la conjonction d'une forte hausse de la production et d'une baisse des exportations a entraîné un effondrement de plus de 50 % des prix.

Les producteurs cherchent à écouler leurs 40 000 tonnes de stocks accumulés en 2014.

Les producteurs de pommes de terre ont obtenu la semaine dernière du ministère de l'Agriculture l'ajournement de huit jours de l'importation de pommes de terre égyptiennes, normalement programmée à partir du 1er février prochain, a déclaré à L'Orient-Le Jour le président du syndicat des producteurs de ce féculent dans la Békaa, Georges Sakr. Le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb et le directeur général du ministère, Louis Lahoud, n'étaient cependant pas joignables pour confirmer ces informations. Les producteurs avaient initialement réclamé un report d'au moins 20 jours, le temps pour eux d'écouler leurs excédents exceptionnels sur le marché libanais.

« Nous savons très bien qu'il y a des calendriers agricoles à respecter, mais nous avons un stock de 40 000 tonnes sur les bras. En ajournant les importations d'Égypte, ce stock pourrait suffire à répondre aux besoins du marché libanais jusqu'au printemps », explique Georges Sakr. Les importations de pommes de terre égyptiennes, les seules à être présentes en quantités significatives au Liban, relèvent d'un accord bilatéral datant de 1998 qui organise le commerce de produits agricoles entre les deux pays et, s'agissant de la pomme de terre, permet de répondre à l'insuffisance traditionnelle de l'offre locale jusqu'à la première récolte d'avril dans le Akkar.

Il existe quatre autres campagnes de ramassage de pommes de terre au Liban, dont trois ont lieu entre juin et décembre dans la Békaa et représentent l'essentiel de la production nationale ; et une dernière, insignifiante, qui se déroule dans la montagne. Le volume des importations égyptiennes prévu pour 2015 n'a pas été communiqué, mais celui de 2013, le dernier chiffre disponible, faisait état de 47 000 tonnes de pommes de terres exemptées de droits de douane.

Explosion de la production et effondrement des prix

Alors qu'elle ne couvrait que 10 000 hectares en 2013, la production de pommes de terre s'est étendue l'année dernière à 15 000 hectares de surfaces agricoles, passant de 385 589 tonnes en 2013 à 530 249 tonnes en 2014, en progression de 38 %, selon le Centre de recherche et d'études agricoles libanais (Creal). Cette surabondance de l'offre n'a pas été compensée par la consommation locale, qui a légèrement augmenté autour de 240 000 tonnes annuelles, selon la même source. Surtout, les exportations, qui représentaient environ 50 % de la production en 2013, ont été freinées par les développements de la crise politique régionale ; et en particulier la guerre en Syrie, qui constitue à la fois l'un des principaux marchés de la pomme de terre libanaise et l'axe de transit privilégié vers les marchés arabes. « Les producteurs souffrent également d'une intensification de la concurrence européenne qui s'est repliée sur les marchés du Golfe depuis les sanctions prises contre la Russie et y vendent leurs pommes de terre environ 30 % moins cher que les libanaises », ajoute Saïd Gédéon, responsable du département agriculture à la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Zahlé (CCIAZ).

Résultat de ces excédents : le prix du kilogramme de pommes de terre s'est effondré de 800 à 350 livres libanaises, selon le Creal en moyenne. « Parallèlement, les coûts de production ont augmenté à cause du faible niveau de précipitations et de la hausse des prix du carburant début 2014, ainsi que le blocage de la route de Dahr el-Baïdar (reliant la Békaa à Beyrouth) », relève le ministre Nabil de Freige, lui-même propriétaire de plantations de pommes de terre. Du coup, les producteurs vendraient désormais à perte, selon Saïd Gédéon, qui estime le coût de revient moyen (hors frais de stockage) aux alentours de 375-400 livres.

L'importance des excédents cette année est aussi due à l'absence de planification et de réglementation de la filière, estime Georges Sakr. « Les producteurs libanais ont massivement importé des semences, cette culture étant jusque-là rentable. Ils ont planté plus de 35 000 tonnes en 2014 contre 21 000 en 2013 », confirme le directeur du Creal, Riad Saadé, déplorant qu'aucun organisme n'encadre les agriculteurs.



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