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Moyen Orient et Monde - Rapport

« Rarement la mort des reporters aura été perpétrée avec une science aussi barbare de la propagande »

En 2014, moins de journalistes ont été tués mais davantage enlevés, souligne RSF.

En parallèle à la publication de son rapport annuel sur la situation des journalistes dans le monde, Reporters sans frontières a organisé hier une action symbolique à Paris, sur le Champ-de-Mars, où elle a déposé un container avec l’inscription « ceci n’est pas un container, c’est une prison », allusion au sort du journaliste suédo-érythréen Dawit Isaak, détenu dans un container dans le désert. Eliot Blondet/AFP

Soixante-six journalistes ont été tués en 2014, dont deux décapités dans une mise en scène macabre, un nombre inférieur à 2013, mais les enlèvements se sont multipliés avec 119 cas, alors que 40 journalistes restent otages dans le monde, selon le bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF). Soixante et onze journalistes avaient été tués en 2013 et 87 enlevés, selon le rapport de l'organisation publié hier.
Cette année, RSF relève « une mutation de la violence, avec une instrumentalisation de plus en plus grande des exactions contre les reporters (décapitations, mises en scène, menaces) ». « Rarement la mort des reporters aura été perpétrée avec une science aussi barbare de la propagande », estime l'organisation. Une référence aux vidéos de la décapitation des journalistes américains James Foley et Steven Sotloff. Les deux tiers des assassinats se sont produits dans des zones de conflit : en Syrie, pays qui reste, comme l'an dernier, le plus dangereux pour les journalistes, avec 15 meurtres ; dans les territoires palestiniens, surtout à Gaza (7 morts) ; dans l'est de l'Ukraine (6) ; en Irak (4) et en Libye (4), où, en cinq mois, trois journalistes ont été assassinés en pleine rue.

 

(Pour mémoire : Le groupe EI diffuse une nouvelle vidéo du journaliste otage Cantlie à Kobané)

 


RSF mentionne également la mort de trois journalistes en Afghanistan, dont celle du journaliste de l'AFP Sardar Ahmad tué par un commando taliban à Kaboul, et de la photographe allemande Anja Niedringhaus, de l'agence américaine AP, tuée par un policier. Les auteurs de ces exactions veulent « empêcher l'information indépendante et dissuader les regards extérieurs. Les intimidations sont si diverses que les journalistes sont deux fois plus nombreux à avoir pris le chemin de l'exil » par rapport à 2013.
Les enlèvements, en hausse de 37 %, ont été particulièrement nombreux en Ukraine (33), Libye (29) et en Syrie (27), ainsi qu'en Irak (20), à cause notamment de l'offensive du groupe État islamique et de l'insécurité qui règne en Libye. À ce jour, 40 journalistes et trois citoyens-journalistes (essentiellement des blogueurs) restent otages dans le monde. Il s'agit à 90 % de journalistes locaux : en Syrie, parmi les 22 journalistes toujours détenus par des groupes armés, 16 sont syriens. En Irak, les huit otages encore retenus sont tous irakiens. En plus des enlèvements et des assassinats, 178 journalistes professionnels et 178 citoyens-journalistes sont en prison, un chiffre stable, 139 se sont exilés, surtout de Libye et de Syrie, deux fois plus qu'en 2013, 853 ont été arrêtés (+3 %) et 1 846 ont été menacés et/ou agressés (-15 %).

 

(Pour mémoire : Égypte: 7 ans de prison pour trois journalistes d'Al-Jazeera, dont un Australien)

 

Les femmes aussi
En outre, deux pays figurent en tête du classement pour les arrestations : l'Ukraine, où 47 journalistes ont été interpellés, soit par les rebelles soit par les autorités, et l'Égypte, où 46 journalistes ont été arrêtés sous prétexte, notamment, de proximité avec les Frères musulmans ou « d'atteinte à l'unité nationale ». Viennent ensuite l'Iran (45 arrestations), le Népal (45) et le Venezuela (34). La Chine arrive en tête des pays qui emprisonnent les journalistes : Pékin est responsable de 17 % des cas de journalistes professionnels emprisonnés et de 44 % des journalistes-citoyens. L'Érythrée, l'Iran, la Syrie font également partie, comme en 2013, des plus grandes prisons du monde pour les journalistes professionnels, suivis par l'Égypte. Les citoyens-journalistes sont pour leur part davantage incarcérés au Vietnam.

 

(Lire aussi : Erdogan accélère la chasse aux sorcières-journalistes)


Par ailleurs, l'Ukraine détient aussi le record des agressions (215). Suivent le Venezuela (134), la Turquie (117), la Libye (97) et la Chine (84), pays que RSF accuse d'exporter dangereusement à Hong Kong la violence verbale et physique.
RSF note d'autre part un doublement du nombre de femmes journalistes tuées (6 contre 3), des morts qui ont eu lieu en Centrafrique, en Irak, en Égypte, en Afghanistan et aux Philippines. En tout, 720 journalistes ont été tués depuis 2005. L'année 2014 figure parmi les moins meurtrières pour la profession depuis dix ans.

 

 

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