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À La Une - REPERE

Simulation de noyade, réhydratation rectale, privation de sommeil... L'éventail d'actes de torture de la CIA

La CIA a eu recours dans les années 2000 à un large éventail d'actes de torture. REUTERS/Larry Downing

Simulation de noyade, privation de sommeil, coups, confinement, réhydratation rectale, menaces: la CIA a eu recours dans les années 2000 à un large éventail d'actes de torture, notamment dans un site secret surnommé le "donjon".

Près de six ans après le départ de George W. Bush de la Maison Blanche, les sénateurs démocrates de la commission du Renseignement ont publié mardi un rapport d'enquête extraordinairement détaillé sur le programme opéré en secret par la CIA pour capturer et interroger, hors cadre judiciaire, des hommes suspectés de liens avec el-Qaëda. La CIA a soumis des dizaines de détenus liés à el-Qaëda à des interrogatoires violents mais inefficaces après le 11-Septembre, tout en mentant au grand public, a conclu mardi ce rapport accablant, relançant dix ans après le débat sur la torture.

La CIA a immédiatement contesté les conclusions du rapport, rédigé de 2009 à 2012 et dont une version expurgée de 525 pages, avec 2.725 notes de bas de page, a été déclassifiée.
La commission accuse l'agence, parmi 20 conclusions, d'avoir soumis 39 détenus à des techniques d'interrogatoire plus poussées, parfois non approuvées par l'exécutif. Les captifs ont été projetés contre des murs, dénudés, jetés dans des bains glacés, empêchés de dormir pendant parfois plus d'une semaine, frappés, menacés, humiliés. Beaucoup de supplices détaillés dans le long rapport du Sénat avaient été documentés dans des mémorandums confidentiels du ministère de la Justice en 2002 et 2005 -sous la présidence de George W. Bush- et dévoilés par l'administration de son successeur Barack Obama au printemps 2009.


Coups et technique du mur

 AFP

 

Le rapport égrène les multiples "gifles au visage" et coups "au ventre" infligés aux détenus de la CIA, par ailleurs copieusement "insultés". La technique du "walling" consiste à placer la personne interrogée contre un mur. L'enquêteur la tire alors vers lui avant de la repousser violemment contre le mur.


Privation de sommeil

Reuters

 

Le détenu pouvait être maintenu éveillé pendant une durée maximale d'"à peu près 180 heures", c'est-à-dire "pendant sept jours et demi", dans une position physique des plus inconfortables: "debout avec les mains au niveau ou au-dessus de la tête" enchaînées et accrochées au plafond. Le prisonnier de la CIA pouvait être aussi enfermé dans une pièce entièrement éclairée 24h sur 24h. Des enceintes crachant parfois de la musique à très haut volume.


Isolement, confinement et insectes

 AFP

 

Entre juin et août 2002, le Palestinien Abou Zoubeida fut "placé à l'isolement pendant 47 jours sans être interrogé", relève le rapport. Le confinement était encore plus redoutable: Abou Zoubeida fut placé dans une boîte de la taille d'un cercueil pendant 266 heures, soit plus de 11 jours, et dans une boîte encore plus petite pendant 29 heures, où il continuait d'être interrogé. Ce prisonnier étant terrifié par les insectes, ses interrogateurs en introduisaient dans la boite, en l'informant toutefois que les piqures ne seraient ni mortelles, ni douloureuses.
Dans un centre secret d'interrogatoires, identifié par le Sénat sous le nom de "COBALT", un détenu pouvait être maintenu dans le noir complet, debout, les mains attachées au-dessus de la tête et le plus souvent nu. Le chef des interrogatoires au "COBALT", cité dans le rapport, expliquait en 2003 que ce site secret ressemblait beaucoup selon lui à "un donjon". Dans l'obscurité totale du "COBALT", douches ou bains d'eau glacée étaient régulièrement infligés aux prisonniers.


Simulation de noyade

 AFP

 

La simulation de noyade (waterboarding) est la technique la plus tristement connue. Le détenu était attaché à un banc incliné, ses pieds surélevés. Un linge placé sur son front et ses yeux. Puis l'enquêteur versait de l'eau sur le linge qu'on déplaçait pendant l'opération sur le nez et la bouche du prisonnier. Sa respiration était ainsi entravée pendant 20 à 40 secondes. L'opération pouvait recommencer après trois ou quatre inspirations. "La technique du +waterboarding+ fut physiquement nuisible, provoquant convulsions et vomissements", dénonce le rapport.


Mise à terre violente

 AFP

 

Une torture souvent utilisée au "COBALT": cinq agents de la CIA se mettaient à hurler sur un détenu, le sortaient de sa cellule, avant de le dénuder, de l'enrouler dans du film plastique et de le projeter au sol. Il était ensuite traîné dans un couloir, frappé et giflé. L'Afghan Gul Rahman, mort au "COBALT" en novembre 2002, avait été retrouvé le corps couvert de contusions.


Menaces psychologiques

AFP

 

Plus classiques, les menaces psychologiques étaient largement proférées par les interrogateurs de la CIA, selon le Sénat: menaces contre les familles et les enfants des détenus. Menaces d'"agression sexuelle" sur la mère d'un prisonnier ou de "trancher la gorge de la mère" d'un autre.


Réhydratation rectale

 AFP

 

Technique particulièrement humiliante, au moins cinq détenus ont subi des "réhydratations rectales" forcées et ont été "alimentés par voie rectale sans aucune nécessité médicale", souligne le rapport du Sénat. D'autres prisonniers se sont vu administrer des breuvages censés "limiter les vomissements durant les séances de +waterboarding+".

 

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Simulation de noyade, privation de sommeil, coups, confinement, réhydratation rectale, menaces: la CIA a eu recours dans les années 2000 à un large éventail d'actes de torture, notamment dans un site secret surnommé le "donjon".
Près de six ans après le départ de George W. Bush de la Maison Blanche, les sénateurs démocrates de la commission du Renseignement ont publié mardi un rapport...

commentaires (4)

La fin ne justifie pas tous ces sales moyens !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 01, le 10 décembre 2014

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Commentaires (4)

  • La fin ne justifie pas tous ces sales moyens !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 01, le 10 décembre 2014

  • La difference entre ceux qui le savaient , pas seulement le savaient mais en etaient fermement convaincu , et les naifs qui viennent de l'apprendre , c'est que les convaincus depuis belle lurette sont finalement moins decus . Mais soulage que les credules realisent enfin , que les us , c'est du vent charge de bulles de savon .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 56, le 10 décembre 2014

  • DÉMOCRATIQUEMENT BARBARES ? MAIS NE SOMMES-NOUS PAS NOUS QUI LES CRITIQUONS S'ILS TRAITENT LES TERRORISTES AVEC LES LOIS DÉMOCRATIQUES ? COMMENT DEVRAIENT-ILS TRAITER LES POSEURS D'EXPLOSIFS, LES TUEURS D'INNOCENTS, LES ÉGORGEURS ET VIOLEURS SI ILS LEURS TOMBENT SOUS LA MAIN ? DANS LE SÉCURITAIRE... QUAND LA DÉMOCRATIE EST ATTAQUÉE... QUAND ELLE EST EN DANGER... RAISON MAJEURE IMPOSE... ET SEULEMENT DANS CE CAS... QUE LA DÉMOCRATIE SE DÉFENDE PAR TOUS LES MOYENS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 45, le 10 décembre 2014

  • Ca, c'est la belle Amérique qui a l'audace et l'arrogance de faire la morale au monde entier...

    NAUFAL SORAYA

    12 h 13, le 10 décembre 2014

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