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À La Une - Allemagne

Angela Merkel, "mère de la nation"

La chancelière allemande devrait être à nouveau sacrée mardi à la tête du parti conservateur.

Pour le journaliste de l'hebdomadaire Der Spiegel, Dirk Kurbjuweit, Angela Merkel a réussi à créer "une alliance fusionnelle avec la population" au point qu'"elle apparaît sans alternative". REUTERS/Axel Schmidt

La chancelière Angela Merkel, qui devrait être triomphalement réélue mardi à la tête de son parti conservateur, jouit d'une immense popularité en Allemagne où elle s'est bâti une image de "mère de la nation".

A 60 ans, après neuf ans à la tête de la première économie européenne, cette fille de pasteur venue de l'ex-RDA communiste incarne un pays puissant et sûr de lui. Elle gère les finances avec une discipline de fer et n'hésite pas à faire la leçon à ses partenaires européens, notamment ceux du Sud. Et cela plaît aux Allemands ! A l'automne 2003, elle a été réélue pour un troisième mandat en offrant à sa formation politique, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), son meilleur score depuis la réunification en 1990.

Angela Merkel, née Angela Dorothea Kasner, bat des records de popularité depuis la crise financière à laquelle aucun des autres grands leaders européens n'a survécu. Même son rival social-démocrate, Sigmar Gabriel, avec qui elle s'est retrouvée contrainte de gouverner à l'issue des dernières élections législatives, semble sous le charme. "C'est par moment une grande joie de travailler avec vous", avait lancé en juillet le vice-chancelier et ministre de l’Économie devant 650 invités réunis pour les 60 ans d'"Angie".

Merkel a construit son succès en s'affirmant "comme une sorte de mère de la nation", selon le politologue berlinois Oskar Niedermayer. "Elle incarne le commun des mortels et défend les intérêts allemands".
Le sociologue Ulrich Beck a même inventé le concept de "Merkiavel" en référence au penseur italien de la Renaissance Machiavel, pour décrire le style de la chancelière. "L'une de ses caractéristiques principales, c'est son penchant pour le +non-agir+, +l'agir plus tard+, la tergiversation", selon lui.
Pour le journaliste de l'hebdomadaire Der Spiegel, Dirk Kurbjuweit, elle a réussi à créer "une alliance fusionnelle avec la population" au point qu'"elle apparaît sans alternative". Aucune personnalité politique en Allemagne ne semble actuellement capable de la menacer si elle sollicite un quatrième mandat dans trois ans.

 

"La chancelière de fer"
Le destin politique de "la chancelière de fer" - comme elle est parfois surnommée en référence à l'ancienne Premier ministre britannique Margaret Thatcher - épouse les soubresauts de l'histoire contemporaine mouvementée de l'Allemagne. Née à l'Ouest en 1954, la petite Angela grandit sous le régime communiste de RDA où son père, pasteur dans une petite ville du nord de Berlin, avait décidé d'installer sa famille.

Douée pour les mathématiques et le russe, elle mène avec succès des études scientifiques en s'accommodant du régime communiste. Quand le Mur de Berlin tombe le 9 novembre 1989, Angela Merkel, docteur en physique, divorcée de 35 ans et sans enfant, travaille à l'Académie des sciences de Berlin-Est.
La chute du régime est-allemand marquera un tournant dans sa vie puisqu'elle entre en politique dans la foulée. Repérée par Helmut Kohl qui l'appelle "la gamine", elle se voit confier deux maroquins ministériels, les Femmes puis l'Environnement.

En 2000, profitant d'un scandale financier au sein de la CDU, elle prend la tête du parti. Elle mettra longtemps à s'imposer dans ce mouvement dominé par des hommes, catholiques et ouest-allemands.
Avec ses airs de jeune fille maladroite, sa coupe de cheveux à la Jeanne d'Arc, elle élimine tous ses rivaux et accède au pouvoir en 2005 à la faveur d'élections anticipées. Aujourd'hui, elle est devenue "Mutti" ("Maman") un surnom jadis péjoratif, trouvé par ses adversaires au sein de la CDU, qui s'est transformé en sobriquet affectueux.

Admiratrice de l'impératrice Catherine II de Russie, elle aime l'opéra et les randonnées dans le Tyrol avec son second époux, un scientifique très discret, Joachim Sauer.

A la veille des législatives de 2013, elle est portée en triomphe par ses troupes qui reprennent en cœur "You're simply the best" de Tina Turner lors d'un ultime meeting. Engoncée dans sa veste rose, celle qui lit les écrits du pape François en vacances semble gênée face à ce show à l'américaine.
Sans doute se sent-elle plus à l'aise dans les rayons de son supermarché à bas prix du centre de Berlin où on peut la voir de temps en temps acheter des poireaux ou une bouteille de vin blanc, et sortir son porte-monnaie à la caisse comme une cliente anonyme.

La chancelière Angela Merkel, qui devrait être triomphalement réélue mardi à la tête de son parti conservateur, jouit d'une immense popularité en Allemagne où elle s'est bâti une image de "mère de la nation".A 60 ans, après neuf ans à la tête de la première économie européenne, cette fille de pasteur venue de l'ex-RDA communiste incarne un pays puissant et sûr de lui....

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