Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Tous les chats sont gris - Nightlife

Génération 80 sur le dancefloor

Une disco ball. Une combinaison vert pomme, un bandeau fluo, des collants en Lycra nacrés. Plongeon dans les tubes de Michael Jackson, A-Ha ou Queen. Jeudi soir, le B018 se met en mode eighties.

Photo Gilles Khoury

Si la nuit libanaise était une femme, le B018 serait sans doute son amant le plus régulier. Le plus fidèle aussi. Disponible tous les soirs de la semaine, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige. Accessible également en seconde partie de soirée. Le B018, cette boîte de nuit improbable, comme un bunker souterrain, avec son architecture bizarre – l'œuvre phare de Bernard Khoury – et son toit (légendaire) qui disparaît soudainement, façon Cendrillon. Le B018, c'est sans aucun doute LE club mythique national, dont on raconte les mille et une nuits à nos copains « voyageurs » avant même de leur avoir proposé une première bouchée de taboulé. C'est d'ailleurs pourquoi on n'hésite pas à y emmener nos amis italiens, de passage à Beyrouth la semaine dernière. Les fêtards ne savent pas que Beyrouth cache plus d'un tour dans son sac, même un jeudi soir. Surtout un jeudi soir, lorsque le B018 joue la carte 80's. À savoir chorégraphie sur les tables à la Fame, déhanché à la Madonna, 30 secondes des morceaux cultes de l'époque, souvent remixés version années 2000.

Il est minuit passé. Les légions de Porsche accompagnées d'autres coupés et de quelques Ferrari, qui convergent tous vers le parking à l'entrée de la Quarantaine, semblent être aimantées par ce sépulcre immense qu'est le B108. On y accède par un escalier raide après avoir montré patte blanche à un gang de balourds qui soupèsent du regard votre âge et votre portefeuille. Pour échapper à la queue, les habitués hèlent le big boss, à savoir Maroun, videur qui remplit la boîte au gré de ses envies. Le même Maroun qui, quelques mois plus tôt, avait refusé l'entrée à deux garçons sous prétexte qu'ils « avaient l'air d'être des pédés » à cause de leurs pantalons retroussés. Sic. Traversée de l'escalier. Les filles le descendent péniblement, juchées sur leurs Louboutin. On débarque dans une salle encombrée par des gens déchaînés et habillés bizarrement. La musique cogne comme dans un combat de poids lourds. On pourrait s'attendre à déboucher sur une fête clandestine dans un garage. Pas du tout.

À l'intérieur de cette « tombe », c'est un parterre de monde qui s'embrase sur le set de Rodge, le DJ des soirées 80's, dans une ambiance fête de fin d'année. C'est Gloria Gaynor qui s'arrache les cordes vocales sur I Will Survive. I Will Survive, chanson de 1978... Ça commence bien pour une eighties night. On se demande alors, justement, si on survivra ou pas à cette marée humaine qui bloque le passage vers notre table. Autour, le moindre recoin est surbondé. Peu de vrais danseurs, beaucoup de buveurs. Ça se dandine, cigare à la bouche ou iPhone à la main, prêt à faire la guerre des selfies. Il y a là tous les genres : des types sanglés dans leurs polos Ralph Lauren dont le cheval ne cesse de gonfler, des demoiselles haut perchées sur leurs talons et toutes boudinées dans leurs réplicas d'Hervé Léger. Des ados à tête de cuite ; et des moins jeunes, qui viennent probablement rattraper le temps perdu. Retrouver une seconde jeunesse. Eux, cette génération 80, qui a eu droit, au mieux, à des parties de 14 dans les abris. Tout le monde casse la voix, reprenant en chœur, les bras levés, la mine froncée, le refrain de It's My Life de Talk Talk. Le tout traversé par des stries de lumières violacées reflétées par une boule à facette suspendue au plafond.

Il doit être deux heures du matin. Le toit se retire, le vent s'engouffre et la nuit vient remplir le peu d'espace libre. Tout le monde regarde le ciel en dansant comme si c'était la dernière fois. Au milieu de ce tas remuant, un bonhomme essaie de frayer son chemin. Il distribue des sacs remplis de cotillons en se prenant plein la face des coups de coude, des cendres de cigarette et quelques éclaboussures de vodka. Au programme : chapeaux en hologramme, confettis, serpentins, sifflets, lunettes de soleil. On s'arrache les sacs en plastique tout en sautillant comme des minettes hystériques sur des versions remixées de Billie Jean ou Take On Me. On se demande pourquoi ne pas jouer les morceaux originaux des années 80. Allez, un dernier round de shots avant de rentrer. Nos copains italiens doivent rattraper leur vol. Ils ont passé une soirée « bellissima », mais regrettent quand même Bowie et Cindy Lauper. La moindre des choses pour une soirée 80's, non ?

 


Lire aussi
« Tiens, qu'est-ce que tu fais là ?! »

 

Pour mémoire
Nightlife : innover pour résister

Badaro la convoitée saura-t-elle garder son cachet ?

Si la nuit libanaise était une femme, le B018 serait sans doute son amant le plus régulier. Le plus fidèle aussi. Disponible tous les soirs de la semaine, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige. Accessible également en seconde partie de soirée. Le B018, cette boîte de nuit improbable, comme un bunker souterrain, avec son architecture bizarre – l'œuvre phare de Bernard Khoury – et son...

commentaires (3)

De plus en plus lourdingue, .... ce "genre" de soirées !?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 50, le 15 novembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • De plus en plus lourdingue, .... ce "genre" de soirées !?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 50, le 15 novembre 2014

  • EX SECRETAIRE DU MUSIC CLUB DE BEYROUTH DES ANNÉES SOIXANTE JE DIS : LES PLUS BELLES CHANSONS MONDIALES, ET SURTOUT FRANçAISES ET AMÉRICAINES, JAMAIS ENREGISTRÉES, SONT CELLES DES ANNÉES SOIXANTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 01, le 15 novembre 2014

  • C'est vrai que les années 70-80 ont produit les plus belles chansons... D'ailleurs, elles tiennent solidement la route et n'ont pas pris une ride... Même si on les écoute en version remixée, l'originale reste encore supérieure!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 35, le 15 novembre 2014

Retour en haut