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À La Une - Terroirisme

Violent accrochage au Mali entre l'armée française et les jihadistes

Un sergent-chef français a été tué mercredi matin lors de l'opération des forces françaises contre "important groupe" jihadiste.

Une patrouille française au Mali. Photo d'archives AFP/ Philippe Desmazes

Un "violent accrochage" a opposé mercredi la force française Barkhane, engagée dans la lutte antiterroriste au Sahel, à un "important groupe" jihadiste dans le nord du Mali, a annoncé le ministre français de la Défense.


"Cette nuit, dans le cadre d'une opération planifiée de lutte contre les mouvements jihadistes au nord-Mali, un violent accrochage a opposé dans le massif de Tigharghar la force Barkhane à un important groupe armé terroriste de type Aqmi" (el-Qaëda au Maghreb islamique), a déclaré Jean-Yves Le Drian dans l'après-midi devant les députés. "A l'heure où je vous parle, les combats qui se sont déroulés dans la vallée de l'Ametetai viennent à peine de s'achever", a ajouté le ministre sans plus de précisions, notamment sur d'éventuelles victimes.

 

Un sergent-chef français a été tué mercredi matin lors de cette opération des forces françaises "contre un groupe armé terroriste", a annoncé la présidence française dans un communiqué. Le chef de l'Etat "exprime son profond respect pour le sacrifice de ce sous-officier des forces spéciales dans le cadre d'une mission particulièrement périlleuse qui a atteint ses objectifs", indique le communiqué.

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Mise en place le 1er août sur cinq pays du Sahel, la force Barkhane - 3 000 hommes - concentre actuellement ses opérations au nord du Mali, où les groupes islamistes tentent de refaire parler les armes, et au nord du Niger afin de les couper de leurs bases arrière en Libye.


Après une série d'attaques meurtrières contre la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), elle a renforcé ces derniers jours son dispositif dans l'Adrar des Ifoghas, qui abrite la vallée de l'Ametetai, près de la frontière algérienne et où Aqmi fut mis en déroute lors de l'opération française Serval en 2013. Selon des sources militaires, ce déploiement a pour but de "donner un grand coup de poing" à des jihadistes qui essaient de se réorganiser depuis les profondeurs septentrionales du Mali et les pays voisins, où ils ont trouvé refuge après avoir été chassés des grandes villes du Nord en 2013.


"Les groupes jihadistes s'adaptent continuellement et gagnent en solubilité sur le terrain, notamment en s'infiltrant dans des groupes dits +rebelles+", relève Mathieu Pellerin, chercheur spécialisé sur le Sahel à l'Institut français des relations internationales (IFRI) à Paris.


Le chef du groupe Ansar Dine, Iyad Ag Ghali, exercerait ainsi son influence sur la rébellion touareg via le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), associé aux négocations d'Alger pour un réglement politique dans le nord du Mali, où Bamako tente de rétablir son autorité face à la rébellion touareg. "La mobilité est très grande au sein des groupes pour des raisons familiales, tribales, de trafics", note un responsable militaire français dans la région.

 

 

" Station-service " libyenne

Les groupes armés sont aussi ragaillardis par la lenteur du déploiement des forces de la Minusma (8 200 hommes) au nord de la boucle du Niger, reliant Gao à Tombouctou. "Le nord du Mali est fragilisé parce que la Minusma n'a pas été au rendez-vous au moment où il le fallait", a déploré M. Le Drian, en mettant en avant des problèmes logistiques.

Sur le terrain, d'aucuns invoquent la crainte des contingents de monter vers le Nord et d'aller au contact de la population. L'armée malienne, en pleine convalescence et humiliée après sa défaite en mai à Kidal face à la rébellion touareg, est aussi bien souvent aux abonnés absents.

"On découvre en marchant une réalité assez compliquée. Dans ce laboratoire, il faut amener chacun à prendre confiance", constate sobrement le général François de Lapresle, commandant de la force Barkhane à Bamako. Les jihadistes sont aussi servis par le sanctuaire hors pair que leur offre le Sud libyen, qui échappe à tout contrôle et vers où convergent les trafics d'armes issues des arsenaux de Mouammar Kadhafi.

"Ag Ghali va se ressourcer là-bas, y faire ses+ courses+. C'est une vraie station-service. Idem pour Belmokhtar", autre chef islamiste responsable de la prise d'otages sanglante à la raffinerie d'In Amenas en Algérie, note un responsable français, qui s'inquiète: "Il ne faudrait pas que cela devienne un lieu de contacts avec le groupe Etat islamique et les shebab somaliens".

Barkhane a décidé de riposter en installant une base avancée tout près de la frontière libyenne, à Madama, dans l'extrême-nord du Niger, et en perturbant les trafics qui empruntent à cet endroit les "autoroutes" du désert.

Début octobre, les Français, Rafale, hélicoptères et forces spéciales en appui, ont ainsi intercepté un convoi de trois tonnes d'armes - dont un système de missile sol-air SA-7 en état de marche - qui descendait vers le Mali, destiné aux hommes d'Ag Ghali.

 

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