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Nos Lecteurs ont la Parole - Ziad EL-SAYEGH

II.- Le drame des libéraux, les paris des extrémistes... et la société civile

Les raisons profondes qui ont été à l'origine de la déroute des libéraux sont déterminantes pour expliquer la brutalité des extrémistes. Si l'extrémisme a réussi à prendre en otage un nombre limité de musulmans, l'islam, dans sa grande majorité, est innocent des crimes qui lui sont imputés (voir L'Orient-Le Jour du mardi 21 octobre 2014).
C'est un processus graduel d'exacerbation du radicalisme au sein des différentes composantes du tissu social arabe qui a poussé ces derniers à se recroqueviller sur leur appartenance religieuse, de même que la diffusion des sentiments de peur et d'inquiétude au sein des minorités et de volonté de suprématie chez les majorités. Il n'en reste pas moins que la brutalité des extrémistes représente un danger pour tout le monde sans exception, à commencer par les musulmans...
Cette vague qui risque de durer un certain temps et de faire verser encore beaucoup de sang inutilement. Mais elle est toutefois irrémédiablement appelée à disparaître, à mettre fin à ses jours au sein de l'environnement géographique, historique et social de la région où elle sévit actuellement. Anticiper son action grâce au soutien d'organisations sécuritaires régionales et internationales exige toutefois beaucoup de prudence et de vigilance, car si de telles organisations avaient su au préalable développer la culture de la paix, asseoir les principes fondamentaux de la justice, faire respecter les droits de l'homme et élaborer des politiques économiques et sociales à long terme, nous n'en serions pas arrivés aujourd'hui à un stade aussi grave et aussi dangereux !
Les principaux défis des extrémistes se fondent sur la justification de l'esprit de corps religieux par des divisions communautaires et ethno-géographiques, ce qui est capable d'ôter à la civilisation arabe toute chance de développement, voire de la mener à sa fin.
Face à la déroute des libéraux et aux paris ténébreux des extrémistes, il devient urgent de faire appel à une dynamique de libération à tous les niveaux, qui commence par l'établissement de passerelles entre les différents blocs civils actifs, à commencer par les milieux académiques et scientifiques, ceux des médias et de la communication, des organisations économiques et financières, de l'ensemble des syndicats confondus et des sages au sein des différentes communautés.
La construction de ses ponts devrait permettre aux libéraux d'agir à travers le monde arabe, et le « Liban message », en dépit des tares structurelles de ses institutions politiques, jetterait les bases de cette dynamique, en rejetant l'équation fondée actuellement sur trois paramètres – le pouvoir, sa cour, et ses intérêts –, et en lui substituer une nouvelle, basée sur les trois paramètres : les intérêts des individus, le renforcement des institutions et le choix des politiques adéquates.
C'est à partir de là qu'apparaîtra le véritable rôle des sociétés civiles, qui devront commencer à agir plutôt qu'à se contenter de réagir, à planifier plutôt qu'à tâtonner, à être indépendantes plutôt qu'à rester accessoires, et enfin à exiger plus de transparence et de contrôle plutôt qu'à ne se satisfaire que de profits limités et ponctuels. À cette période charnière, la société civile serait capable d'interrompre l'effondrement en cours, surtout si elle parvenait à limiter ce glissement dans la définition de la réalité, l'exploitation de la peur et les lamentations.
L'objectif est clair : il faut reprendre en main l'initiative et agir pour changer les mentalités, rééquilibrer les rapports entre l'État, le secteur privé et la société civile, arrêter la chute de l'économie et les dysfonctionnements sociaux. Il n'est pas évident, dans ce contexte, de croire que les solutions militaires, quelles que soient leur efficacité et leur nécessité, pourront à elles seules éradiquer les origines de l'extrémisme terroriste et ses ramifications. Les valeurs civiles commencent certes à s'imposer par l'éducation, mais aussi par la nécessité de pousser les libéraux à éviter dorénavant de participer à des rassemblements folkloriques, de faire des discours stériles et d'entreprendre des visites populistes. Ces derniers doivent établir enfin un plan d'action clair et efficace, dont l'un des aspects essentiels devrait avoir pour titre l'économie fédérative.

Ziad EL-SAYEGH
Directeur exécutif du Civil Influence Hub

Les raisons profondes qui ont été à l'origine de la déroute des libéraux sont déterminantes pour expliquer la brutalité des extrémistes. Si l'extrémisme a réussi à prendre en otage un nombre limité de musulmans, l'islam, dans sa grande majorité, est innocent des crimes qui lui sont imputés (voir L'Orient-Le Jour du mardi 21 octobre 2014).C'est un processus graduel d'exacerbation du...

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