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Moyen Orient et Monde - Éclairage

« Les divergences régionales poussent l’opposition syrienne au désastre »

Ahmad Tohmé, candidat du Qatar, a été réélu Premier ministre d'une coalition minée par les disputes internes.

Ahmad Tohmé est connu pour être proche des milieux islamistes, notamment les Frères musulmans. Lionel Bonaventure/AFP

Le chef du gouvernement de l'opposition syrienne, Ahmad Tohmé, appuyé par le Qatar, a été reconduit à ce poste, au terme d'une réunion de cinq jours à Istanbul. M. Tohmé a de fait été élu mardi soir par 63 des 65 membres ayant participé au vote, selon un communiqué de l'opposition. Lundi, un membre de la coalition de l'opposition avait affirmé qu'il régnait « une forte tension » et que « les participants n'ont pu se mettre d'accord sur le nom d'un nouveau Premier ministre » lors de la 16e assemblée générale de l'opposition. En juillet lors de la précédente assemblée générale, Ahmad Tohmé, en poste depuis dix mois, avait déjà été relevé de ses fonctions par 70 voix contre 35.
M. Tohmé est proche des Frères musulmans de Syrie, confrérie influente au sein de l'opposition et bête noire de l'Arabie saoudite. « Le Qatar a clairement fait savoir à l'assemblée générale que si Ahmad Tohmé n'était pas élu, son soutien financier à la coalition cesserait », avait assuré un participant, alors que les rivalités entre Riyad et Doha, les deux principaux soutiens régionaux des détracteurs du régime syrien, n'ont cessé de miner la coalition de l'opposition depuis sa naissance fin 2012.


Toutefois, affirme Alia Mansour, membre de la coalition de l'opposition, contactée par L'Orient-Le Jour, « seuls quelques membres ont eu vent de ces "menaces" qataries. Personnellement, je n'ai pas été approchée ». « Mais le peuple n'attend rien de personne, ni du Qatar, ni de la France, ni d'aucun pays, ajoute-t-elle, et ces divergences poussent l'opposition syrienne au désastre, notamment sur le terrain. »


Mal perçue par les Syriens, accusée d'être corrompue et déconnectée de la réalité sur le terrain, la coalition est composée d'une multitude de groupes de différentes couleurs politiques. Pour Mme Mansour, cette diversité, qui pourrait représenter un « avantage certain et une richesse unique », est en réalité « sclérosée par les différents agendas » de tout un chacun, qui « remet continuellement en question le patriotisme de l'autre ». « Principalement, estime-t-elle, le problème majeur vient actuellement du fait qu'un nouveau conseil militaire a été quasiment imposé à la coalition. Quinze nouveaux membres font à présent partie de l'opposition, alors qu'une bonne partie de la coalition aurait préféré patienter encore, peut-être un mois. »

Pourquoi attendre? « On aurait eu le temps de pouvoir faire représenter, dans ce conseil militaire, toutes les composantes – nombreuses – de l'opposition sur le terrain, et faire front uni face au régime syrien, tandis qu'à présent, c'est trop tard, explique Mme Mansour. Et ces nouveaux membres ont participé à l'élection de M. Tohmé, qui a ainsi gagné 15 voix de plus grâce aux Frères musulmans et leurs alliés, qui ont poussé à la nomination de ces nouveaux membres. »


L'élection d'Ahmad Tohmé est intervenue, en outre, au lendemain d'une réunion entre le roi Abdallah d'Arabie et le prince qatari cheikh Tamim ben Hamad al-Thani. Sans être directement reliée à l'élection du Premier ministre de l'opposition, elle a quand même sûrement contribué, juge Mme Mansour, « à apaiser un peu les tensions qui règne au sein de la coalition. Des responsables turcs ont également poussé les opposants à se mettre d'accord ». Néanmoins, déplore-t-elle, « l'opposition syrienne ne devrait pas être poussée à l'entente par des parties externes, et ses priorités devraient être, avant tout, le bien-être présent et futur du peuple syrien ».

 

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