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La zone tampon voulue par Ankara dans le nord de la Syrie vise avant tout à maîtriser la question kurde

Des Kurdes vivant en Autriche ont organisé un sit-in, jeudi 9 octobre 2014, devant le quartier général des Nations unies à Vienne. Ces Kurdes avaient entamé deux jours plus tôt une grève de la faim en guise de solidarité avec les combattants kurdes qui défendent la ville de Kobané, en Syrie, contre les jihadistes de l'EI. REUTERS/Leonhard Foeger

La zone tampon réclamée par la Turquie dans le nord de la Syrie a des objectifs humanitaires, face à l'offensive des jihadistes sur Kobané, ville syrienne à majorité kurde, mais Ankara cherche surtout à empêcher l'émergence d'une région autonome kurde à ses frontières, selon le directeur de l'Institut kurde de Paris Kendal Nezan.

 

Q- Pourquoi la Turquie réclame-t-elle depuis 2011 l'établissement d'une zone tampon dans le nord de la Syrie ?

R- Cette proposition a en fait un triple objectif: humanitaire, pour permettre la protection en Syrie même des populations déplacées par la guerre et soulager la Turquie (qui accueille déjà plus d'1,5 million de réfugiés syriens, ndlr). Stratégique, pour protéger l'opposition armée au régime de Bachar al-Assad, qu'Ankara veut voir tomber, et avoir ainsi une carte maîtresse dans les négociations lorsque viendra la période post-Assad. Mais l'objectif politique crucial, pour Ankara, est d'inclure les zones de peuplement kurde dans cette "buffer zone" (zone tampon) afin d'empêcher toute possibilité d'émergence d'une région autonome kurde en Syrie.

 

Q- Paris a soutenu cette proposition de zone tampon, Washington affirme qu'elle n'est pas à l'étude, comment analysez-vous l'attitude de la coalition face à la situation actuelle à Kobané?

R- La communauté internationale n'a rien fait pour ces malheureux Kurdes de Syrie. On les abandonne, en sous-traitant la question à Ankara. Les chancelleries occidentales font le service minimum. Après tous ces grands discours sur "la menace globale" que représente l'Etat islamique, et sur la nécessité et l'urgence de la mobilisation internationale, on abandonne aujourd'hui des hommes et des femmes qui se battent désespérément sur le terrain contre les jihadistes. Cela montre toute l'incohérence de cette politique. On est dans de la pure rhétorique.

 

Q- Quelles sont les perspectives ?

R- Si Kobané tombe, les jihadistes s'attaqueront ensuite à un autre objectif, la région d'Afrin, une enclave kurde au nord d'Alep, qu'on appelle la "montagne kurde". Et personne ne fera rien, car les Kurdes syriens sont considérés comme des dommages collatéraux.

 

 

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Q- Pourquoi la Turquie réclame-t-elle depuis 2011...

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