Des jeunes suivant un cours de yoga.
Sept heures n'avaient pas encore sonné à l'espace « Pleine nature » de Mansourieh que déjà, samedi dernier, se déroulaient des dizaines de tapis, sur lesquels s'agenouillaient les premiers participants du festival de yoga Khod Nafas. À l'heure où les klaxons dormaient encore, le professeur Bassem Harb s'est installé en position du lotus face à ses élèves matinaux, pour leur offrir une séance de méditation durant laquelle ces derniers sont sortis de leur torpeur. On entendait des grognements, des « ouf » et des « ah ». « C'est pour expirer nos toxines, explique une maîtresse d'école venue de Rabieh pour l'occasion. Il faut souffler (expirer) très fort. Cela fait du bien. »
Pour participer à Khod Nafas (Respire un grand coup), les Libanais ont afflué des quatre coins du pays, sans toutefois troubler le calme émanant des hauteurs de Mansourieh. Les cours se sont enchaînés au rythme de musiques relaxantes et ont initié un public curieux à différents styles de yoga : nettoyage des « chakras » avec Samantha Howick, yoga pour la santé avec l'un des premiers yogis libanais, Élie Asbo, ou encore yogas vinyasa et kundalini. « Sifflez avec vos dents, videz-vous de tout cet oxyde de carbone » soufflait doucement la professeure Claire Nahro à ses élèves. Car l'objectif de Khod Nafas, outre de faire découvrir le yoga aux Libanais, était bien de leur permettre de prendre une pause dans le tumulte des embouteillages, pannes d'électricité et autres disputes de voisinage. « J'ai rencontré Élie ce matin et il m'a incitée à venir. Il m'a dit que les cours ne seraient pas compliqués », témoigne une jeune femme qui, pour la première fois, apprend à respirer.
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Le premier festival de yoga du Liban semble avoir réussi son pari puisque, dès 11h, toutes les entrées avaient déjà été distribuées. « Nous acceptons beaucoup de personnes supplémentaires, qui n'étaient pas prévues », explique Dalal Harb, fondatrice de Khod Nafas. Interrogée sur son envie de renouveler l'expérience l'an prochain, son visage s'illumine et elle répond d'un grand « oui ».
Un festival pour tous les Libanais
Certainement, Khod Nafas a fait des heureux, et pas seulement parmi les professionnels du yoga. C'est le cas d'un jeune homme n'ayant jamais pratiqué la discipline et venu de Byblos pour l'occasion : « Je suis content car j'ai pu discuter avec des professionnels de yogathérapie. Jamais je n'ai fait de yoga mais, il y a quelques années, des problèmes de respiration m'ont amené à laisser des professionnels l'essayer sur moi. Cela s'appelle la yogathérapie, laisser des yogis esquisser des mouvements autour du malade pour qu'il aille mieux. »
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En plus de thérapeutes, le festival offrait également des espaces dédiés à la méditation ou à des ateliers dansants, animés pour les plus petits. « Je fais du yoga à l'école, mais c'est très difficile parfois », raconte avec sérieux une fillette inscrite à des cours dans le quartier de Hamra, à Beyrouth. Concentrée et attrapant sa cheville au niveau du dos, elle ne remarque pas son papa qui s'empresse de signifier son désaccord en hochant la tête. « Regardez cette souplesse, le yoga, c'est plus facile pour les enfants ! » s'exclame-t-il.
Passés les cours du matin, les yogis ont pu se restaurer avec des produits biologiques, alors que résonnait le son sacré du kirtan. « Le kirtan est une forme de bhakti yoga. Il veut parler à l'âme, lorsque d'autres formes de yoga sont plus physiques. Il peut, en ce sens, être complémentaire à l'exercice de nombreux types de yoga », explique Prema Dhana, membre des musiciens. Au rythme des mridang, flûte et harmonium, les participants ont dansé, tous ensemble, doucement. Leur bonne humeur a donné le ton aux cours qui ont repris, en toute quiétude, jusqu'au coucher du soleil. Une journée bien remplie d'énergies positives.
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