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À La Une - Grève

Le conflit à Air France se radicalise

Les pilotes refusent une "ultime" proposition de la direction car elle "n'offre pas plus de garanties".

Les pilotes français, en grève depuis le 15 septembre 2014, exigent désormais le "retrait" pur et simple du "projet de Transavia Europe". Ils ont reçu lundi le soutien de cinq syndicats représentant diverses catégories de personnel. DOMINIQUE FAGET/AFP

La sortie de crise espérée lundi à Air France n'a pas eu lieu : les pilotes, en grève depuis huit jours, ont refusé une "ultime" proposition de la direction et ont même durci leur position sur l'avenir de la low cost du groupe.

Plus de la moitié des avions de la compagnie sont cloués au sol depuis le 15 septembre, date du début de la grève la plus longue observée par des pilotes depuis 1998. Pour tenter de trouver une issue à la crise, le PDG du groupe franco-néerlandais AF-KLM, Alexandre de Juniac, avait fait aux syndicats une "ultime proposition" : mettre en sommeil jusqu'à la fin de l'année le projet de création de nouvelles bases Transavia en Europe, et accélérer parallèlement son développement en France.
Il croyait ainsi apaiser les craintes de "délocalisation" d'emplois français formulées par les pilotes.

Mais cette offre a été rejetée par le SNPL AF Alpa, majoritaire chez les pilotes. Le syndicat n'y a vu qu'"un écran de fumée" qui "n'offre pas plus de garanties", notamment contre les risques de "dumping social" à l'intérieur du groupe. Les pilotes en grève exigent désormais le "retrait" pur et simple du "projet de Transavia Europe" et ont reçu lundi soir le soutien de cinq syndicats représentant diverses catégories de personnel.

Le personnel en a aussi appelé au Premier ministre, l'État étant actionnaire de la compagnie à hauteur de près de 16%. En visite en Allemagne, Manuel Valls les a exhortés à arrêter "le plus vite possible" cette grève, estimant que la direction d'Air France avait fait des propositions "raisonnables".

Visiblement désappointé par le rejet de son offre, le patron du groupe a pour sa part estimé que le conflit n'avait "maintenant plus de raisons d'être". "Demandez au SNPL pourquoi il continue une grève dont les motifs ne sont ni clairs ni justifiés", a-t-il lancé devant la presse, rappelant que 1 000 emplois supplémentaires sont à la clé en France, dont 250 pour les pilotes, si la flotte de Transavia France passe de 14 à 37 avions.

 

20 millions perdus chaque jour
Le week-end dernier, le premier syndicat de pilotes avait reconduit la grève jusqu'au vendredi 26, réitérant sa crainte que l'essor de Transavia en Europe, avec des pilotes sous contrats locaux, ne se fasse "aux dépens de compagnies de droit français, telles qu'Air France et Transavia France".

 

(Lire aussi : La grève des pilotes d'Air France complique la tâche face aux low cost)

 

Le préavis du deuxième syndicat, le Spaf, court jusqu'à mercredi, comme celui d'Alter (non représentatif).
Pour accepter le développement de Transavia France, qu'ils disent souhaiter, les syndicats réclament un contrat unique pour les pilotes aux commandes des gros avions, quelle que soit la marque du groupe (Air France, Transavia ou Hop!). Ils veulent ainsi éviter que la low cost ne devienne la norme d'embauche pour les pilotes en tirant les conditions d'emploi et de rémunération vers le bas. Mais M. de Juniac martèle qu'aligner les pilotes de Transavia sur les "conditions d'Air France" conduirait la low cost, née en France en 2007, à "l'échec".

Lundi, le PDG d'Air France-KLM a prévenu qu'il n'hésiterait pas à "dénoncer" l'accord de création de Transavia France, qui limite la flotte de la low cost et encadre le détachement des pilotes volontaires d'Air France (avec l'octroi de primes). "Alexandre de Juniac essaie d'obtenir par la brutalité finalement les concessions qu'il n'arrive pas à obtenir par la concertation", a dénoncé le président du SNPL, Jean-Louis Barber.

Dans le ciel, la situation est restée compliquée lundi pour les passagers, avec 42% des vols assurés en moyenne et jusqu'à 90% à Marseille (sud). Pour mardi, la compagnie s'attend à une légère amélioration, avec 48% des vols assurés et un taux de grévistes de 57% (contre 65% lundi).

Les "pertes d'exploitation" entraînées par la grève peuvent aller "jusqu'à 20 millions d'euros par jour", selon la compagnie. AF-KLM, dont les coûts d'exploitation restent élevés malgré des économies draconiennes depuis 2012, a fait de Transavia la pierre angulaire de son nouveau plan stratégique "Perform 2020", qui prévoit de refondre les réseaux court et moyen-courrier.

Ce plan succède à "Transform 2015", qui a permis à AF-KLM d'abaisser ses coûts d'un milliard d'euros au prix de 8 000 suppressions d'emplois au sein du seul groupe français.

 

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