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Moyen Orient et Monde - Trois questions à...

Le référendum en Écosse sous la loupe des indépendantistes à travers le monde

Daniel Cetra, chercheur au Centre écossais du changement constitutionnel.

Le oui et le non étaient au coude-à-coude hier dans les sondages, à la veille d’un référendum historique sur l'indépendance de l'Écosse. Cathal McNaughton/ Reuters

Aujourd'hui jeudi, les résidents en Écosse sont appelés à se prononcer par référendum sur l'indépendance de l'Écosse. Une consultation qui s'annonce serrée, trois sondages publiés mardi soir donnant le « non » en avance de quatre points sur le « oui ». Le vote est observé avec une attention toute particulière par de nombreuses régions indépendantistes ou autonomistes à travers le monde. De la la Catalogne en Espagne au Québec au Canada, en passant par la Flandre en Belgique, le nord de l'Italie ou encore les Serbes bosniaques, les autonomistes et indépendantistes espèrent que ce référendum pourra donner un nouveau souffle à leur lutte.

 

Quels sont les points communs entre les revendications autonomistes/indépendantistes en Écosse, Catalogne, Flandre, Québec, nord de l'Italie, Bosnie ?
Le nationalisme écossais met en avant une forme très interdépendante d'indépendance. Les Écossais indépendantistes ne présentent pas l'indépendance comme un changement radical par rapport au statu quo actuel, mais plutôt comme une opportunité de reconfigurer les relations entre l'Écosse, d'une part, et le reste des îles britanniques et le monde, d'autre part. Une Écosse indépendante voudrait garder de nombreuses institutions britanniques telles la monnaie, la famille royale, ou encore une politique de défense commune. La position du Parti national écossais (SNP) s'inscrit dans une tendance générale des partis nationalistes sous-étatiques – dont ceux de Flandre, de Catalogne et du Québec – à s'éloigner des notions classiques d'indépendance pour mettre l'accent sur les interdépendances.
Le gouvernement écossais veut être membre de l'Union européenne, et défend ainsi l'idée d'« indépendance au sein de l'Europe » soutenue également par les nationalistes flamands et catalans. Le nationalisme écossais est essentiellement civique, et met en avant la résidence et l'inclusion, plutôt que l'ascendance. Il est important de noter que les citoyens de l'UE résidant en Écosse ont le droit de voter dans le cadre de ce référendum, tandis que les personnes nées en Écosse mais vivant à l'étranger ne peuvent pas le faire. Cette acceptation civique de la nation est généralement partagée par les principaux partis nationalistes, du moins catalans, flamands et québécois.

 

Quelles sont les différences ?
La différence principale concernerait le niveau auquel se situent les différents mouvements nationalistes. Alors que les Écossais votent « oui » ou « non » jeudi, les Catalans réclament toujours un référendum pour le 9 novembre. Cela est dû aux positions différentes des gouvernements centraux du Royaume-Uni et d'Espagne : alors que le premier autorise le référendum, le second estime que le processus catalan viole la Constitution espagnole. Actuellement, quelque 75 % des Catalans veulent se prononcer sur l'indépendance, et 50 % d'entre eux sont en faveur de celle-ci.
En Flandre, l'Alliance néoflamande (N-VA) défend à court terme le confédéralisme, mais à long terme l'indépendance. Le confédéralisme est ainsi perçu comme un outil permettant d'effectuer des réformes socio-économiques. Mais le recours à une telle option est également pragmatique : 15 % des Flamands au grand maximum sont en faveur aujourd'hui de l'indépendance.
Au Québec, le Parti québécois (PQ) souverainiste s'est vu infliger une sévère défaite lors des élections d'avril dernier. Pour différentes raisons, les demandes de référendum ont toutes les chances d'être suspendues pour un certain temps.
En Italie, la pression monte dans les régions du Tyrol du Sud, de la Vénétie et de la Sardaigne avec des demandes pour des référendums sur l'indépendance et un changement constitutionnel. Mais il y a de vrais doutes quant à la popularité et la force de ces demandes.
La Bosnie est un tout autre cas. Alors que dans les autres cas des nations sans État veulent un État-nation, en Bosnie il existe un clash entre le camp irrédentiste, représenté par les minorités croate et serbe (qui ont leur État-parent en Croatie et en Bosnie), et le camp bosniaque qui se perçoit largement comme une nation sans État, et réclame un État plus centralisé qui refléterait la majorité bosniaque.

 

Si l'Écosse vote oui, quel sera l'impact d'un tel résultat sur les autres mouvements du même genre ?
Un « oui » renforcerait probablement les mouvements nationalistes dans le monde. Pas nécessairement en élargissant le soutien populaire à ces mouvements, mais plutôt en renforçant les convictions de ceux qui sont déjà acquis à la cause. L'Écosse serait perçue comme un précédent et deviendrait une référence en la matière. Nous observons déjà cela en Catalogne et dans le nord de l'Italie. Mais l'impact potentiel d'un « oui » sur l'opinion publique est plus difficile à prédire, sachant que chaque cas a ses propres dynamiques internes.
À titre d'exemple, affirmer qu'un « non » réduirait le soutien à l'indépendance de la Catalogne serait exagéré. En Catalogne, la perception d'un mauvais traitement fiscal et le sentiment de se voir refuser un « droit de décider » en matière d'indépendance sont forts. Et le gouvernement espagnol refuse de faire des offres politiques ou de négocier plus d'autonomie à la Catalogne. Ces différences contextuelles avec l'Écosse rendent difficile toute formulation d'hypothèses sur l'impact de l'indépendance écossaise sur l'opinion publique catalane.

 

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