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Moyen Orient et Monde - Sommet de l’Otan

Les alliés exhibent leurs biceps contre la Russie, mais se défilent face à l’EI

Les membres de l’Otan, réunis à Newport, ont annoncé hier la création d’une force « très réactive » capable d’être déployée en quelques jours en cas de crise. Peter MacDiarmid/Pool/AFP

Les pays membres de l'Alliance atlantique ont promis hier de maintenir « une présence continue » dans l'Est de l'Europe où l'attitude de la Russie inquiète, notamment grâce à la création d'une force très réactive capable de se déployer en quelques jours. De plus, l'Alliance va continuer ses patrouilles aériennes renforcées au-dessus des pays baltes, poursuivre le déploiement de frégates en mer Noire et en mer Baltique, et redoubler les exercices militaires dans l'Est, a indiqué le président des États-Unis Barack Obama.

Toutefois, concernant la lutte contre l'État islamique en Irak et en Syrie, les alliés se sont montrés beaucoup plus mesurés, malgré les grands discours encourageant la formation d'une coalition. En effet, ces derniers ont été très clairs sur au moins deux points : pas d'envoi de troupes au sol et pas d'action en Syrie. À partir de là, il est difficile de comprendre comment Obama pourra tenir sa promesse de « vaincre l'EI ».

 

En Ukraine, un cessez-le-feu après 5 mois de conflit
Sur la crise ukrainienne, Kiev et les rebelles prorusses ont signé hier un cessez-le-feu et un accord sur le retrait des troupes et un échange de prisonniers, à l'issue d'une rencontre à Minsk destinée à mettre fin à cinq mois de conflit meurtrier dans l'Est de l'Ukraine.
En effet, le cessez-le-feu, qui intervient après de violents combats ayant fait près de 2 600 morts depuis avril, est entré en vigueur à 15h00 GMT. Aucun tir ni bruit d'explosion n'a été entendu après 15h00 GMT à Donetsk, un fief rebelle dans l'est de l'Ukraine, tout comme à Marioupol, dernière grande ville dans l'Est sous contrôle des forces ukrainiennes.

« Le cessez-le-feu est basé sur un accord qui a été trouvé lors de ma conversation téléphonique avec le président russe Poutine », a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko, en marge du sommet de l'Otan à Newport (Royaume-Uni). « C'est la raison pour laquelle je pense que (...) c'est désormais notre responsabilité commune de faire durer ce cessez-le-feu longtemps », a-t-il souligné.

Aucune précision n'a été donnée sur la durée du cessez-le feu qui constitue un succès pour les séparatistes et la Russie, dans la mesure où il est susceptible d'entériner la perte pour Kiev de plusieurs villes de l'Est après l'avancée victorieuse ces dernières semaines des rebelles, aidés sur le terrain par des militaires russes, selon les Occidentaux.

Le « groupe de contact » comprenant la Russie, l'Ukraine, les séparatistes et l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui s'est réuni à Minsk, est parvenu à un accord sur « le retrait des troupes, l'accès de convois humanitaires et un échange de prisonniers sur le principe tous contre tous », selon la représentante de l'OSCE, Heidi Tagliavini. Mme Tagliavini n'a pas toutefois donné de précisions sur les modalités du retrait des troupes. Le Kremlin a salué l'accord sur le cessez-le-feu disant espérer que celui-ci sera « respecté point par point ».

(Lire aussi : Depuis l'annexion de la Crimée, les Occidentaux ont perdu confiance en Poutine)

De son côté, le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a appelé « tous ceux qui sont impliqués dans cet accord à faire preuve de bonne volonté et à prendre des mesures concrètes pour l'appliquer totalement, de manière urgente et efficace ». Pour sa part, le président américain Barack Obama a souligné que le cessez-le-feu devait être suivi d'effets « sur le terrain ». De plus, alors que les États-Unis préparaient, en étroite coordination avec l'UE, de nouvelles sanctions économiques contre la Russie, accusée de souffler le chaud et le froid dans cette crise, M. Obama a jugé qu'il était préférable d'« imposer des sanctions, quitte à les lever ensuite ».

Toutefois, le cessez-le feu obtenu lors des discussions du « groupe de contact » est très loin du plan de paix souhaité par le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk. Ce dernier a rappelé qu'il devait inclure « le retrait des troupes russes, des bandits et des terroristes (les séparatistes, NDLR) et le rétablissement de la frontière ». Mais la marge de manœuvre semble très faible pour Kiev, les troupes du président Petro Porochenko perdant chaque jour du terrain.

 

Le président ukrainien Petro Porochenko confirme l'accord de cessez-le feu en marge du sommet de l'Otan à Newport. Andrew Winning/Reuters

 

Une force de l'Otan « très réactive »
De son côté, l'Otan, qui a annoncé hier la création d'une force « très réactive » capable d'être déployée en quelques jours en cas de crise et son intention de maintenir sa présence dans l'Est de l'Europe, a dit espérer que le cessez-le-feu marquerait « le début d'un processus politique constructif ». « Une chose est de déclarer un cessez-le-feu, mais la prochaine étape cruciale est l'application de bonne foi (du cessez-le-feu) et cela reste à voir », a déclaré le secrétaire général de l'Alliance Anders Fogh Rasmussen.

En effet, les pays membres de l'Alliance atlantique ont promis de maintenir « une présence continue » dans l'Est de l'Europe où l'attitude de la Russie inquiète, notamment grâce à la création d'une force très réactive capable de se déployer en quelques jours.
L'Alliance va continuer ses patrouilles aériennes renforcées au-dessus des pays baltes, poursuivre le déploiement de frégates en mer Noire et en mer Baltique, et redoubler les exercices militaires dans l'Est, a indiqué M. Obama, rappelant que les États-Unis avaient promis en juin un milliard de dollars « pour rassurer l'Europe ». « Il faut encore voir où exactement les installations de réception seront localisées. Mais, à ce jour, j'ai pris note que les pays baltes, la Pologne et la Roumanie ont indiqué vouloir accueillir de telles installations », a déclaré M. Rasmussen. « Je pense que cela envoie un message très clair à Moscou », a-t-il encore affirmé.

 

(Commentaire : L'Ukraine, une fin de partie pour Poutine ?)



Comme attendu, la création de la nouvelle force de l'Otan a été aussitôt critiquée par Moscou : « Il s'agit d'une modification significative de la situation militaire dans la région », a déclaré le représentant de la Russie à l'Otan, Alexandre Grouchko.

Obama promet de vaincre l'EI...mais sans troupes au sol !
Concernant la menace de l'État islamique, le président américain Barack Obama a assuré hier que ce groupe, responsable d'atrocités en Irak et en Syrie, finirait par être vaincu, et s'est dit confiant dans la constitution d'une vaste alliance internationale, malgré les nombreuses questions encore en suspens.
« Cela ne va pas se faire du jour au lendemain, mais nous avançons dans la bonne direction. Nous allons affaiblir et, in fine, vaincre l'État islamique », a assuré M. Obama au cours de sa conférence de presse à l'issue du sommet de l'Otan qui s'est déroulé jeudi et hier à Newport (Royaume-Uni). « Je m'en vais, confiant dans le fait que les alliés de l'Otan et leurs partenaires sont prêts à rejoindre une vaste coalition internationale », a ajouté le président américain, dont le pays a déclenché début août des frappes aériennes ciblées pour stopper l'avancée des jihadistes dans le nord de l'Irak.

 

(Lire aussi: L'État islamique contre le reste du monde)

La menace de l'État islamique est d'autant plus pressante que les pays occidentaux redoutent l'exportation sur leur sol d'actes de terrorisme, l'EI ayant attiré quelque 2 000 jihadistes européens en raison de à sa très forte présence sur Internet. Répondant à l'appel, le Canada a annoncé hier qu'il allait déployer « plusieurs dizaines » de militaires en Irak « pour fournir des conseils et de l'assistance » à l'armée irakienne.

 

Le président américain Barack Obama lors du sommet de l'Otan au Pays de Galles, le 5 septembre 2014. REUTERS/Larry Downing

 

Contours encore flous
Toutefois, les objectifs, la nature et les contours de cette coalition restent encore à définir. En effet, pour les participants à la réunion d'hier, « la ligne rouge est : pas de troupes (de combat) au sol », a résumé le secrétaire d'État des États-Unis John Kerry. Selon les Américains, « pour être efficace, elle doit s'articuler autour de plusieurs axes : soutien militaire à nos partenaires irakiens, stopper le flux des combattants étrangers, contrer le financement de l'État islamique, traiter la crise humanitaire et délégitimer son idéologie ».

Certains pays se sont toutefois montrés plus nuancés. « Nous commençons tout juste à traiter la question d'un groupe (l'État islamique ), contre lequel personne n'a de stratégie à long terme », a souligné chef de la diplomatie allemande Frank Walter Steinmeier. L'Allemagne va, comme la France, toutefois fournir des armes aux Kurdes qui combattent les jihadistes dans le nord de l'Irak. De son côté, le président français François Hollande s'est pour sa part dit prêt à participer « dans le respect du droit international » à une coalition. « Est-ce que nous allons participer à une alliance à la demande des autorités irakiennes dans le cadre du droit international pour lutter contre cette organisation terroriste ? La réponse est oui », a-t-il déclaré, refusant de donner plus de détails sur les futures actions de la France.

 

(Lire aussi : Contre l'État islamique, l'arme de la dérision)

L'écueil de la Syrie
De nombreuses questions restent en effet en suspens, au premier rang desquelles le cas de la Syrie.
En effet, l'EI a proclamé en juillet l'établissement d'un califat islamique à cheval sur ces deux pays, et tous les alliés reconnaissent que la Syrie fait partie du problème. Mais M. Hollande a exclu pour l'heure une action dans ce pays, dirigé par un président Bachar el-Assad dont la légitimité n'est pas reconnue par les alliés et qui pourrait mettre à profit des frappes pour se renforcer. « Nous ne sommes pas dans les mêmes situations de droit international. Dans un cas, l'Irak, ce sont les autorités que nous considérons comme légitimes qui nous appellent (à l'aide). Dans l'autre, qui nous appellerait ? » a-t-il encore déclaré. De plus, les États-Unis ont assuré qu'ils n'avaient pas l'intention de coopérer militairement avec l'Iran dans la lutte contre l'EI.

 

(Lire aussi: « Surveiller les réservoirs de pétrole de la ville pour que l'EI ne les prenne pas »)

Le sommet de l'Otan terminé, M. Kerry devait se rendre au Moyen-Orient pour convaincre les pays de la région de rejoindre la future coalition, au moment où six monarchies arabes du Golfe se réunissent samedi en Arabie saoudite. Sur le terrain, les forces kurdes et les miliciens chiites ont découvert 35 cadavres dans la ville de Souleimane Bek, au nord de Bagdad, qu'ils ont reprise lundi aux jihadistes de l'EI, ont indiqué un officier et un médecin hier. Il n'était pas clair dans l'immédiat quand ces victimes, qui portent des traces de balles et ont été retrouvées dans des fosses communes, avaient été tuées.

De son côté, le grand mufti de Bosnie, pays européen majoritairement musulman, a exhorté hier l'EI à libérer l'otage britannique David Cawthorne Haines, récemment menacé d'exécution dans une vidéo diffusée par des jihadistes. « Ayant à l'esprit que la vie humaine est sacrée pour les musulmans, j'appelle ceux qui détiennent David Haines à renoncer à leurs menaces et à laisser sans conditions cet homme revenir au sein de sa famille », a déclaré le grand mufti Husein Kavazovic, cité dans un communiqué.

Enfin, nouvelle rassurante pour la coalition dans le cadre de la lutte contre les groupes jihadistes, le Pentagone a confirmé hier avoir abattu le chef suprême des islamistes somaliens shebab, Ahmad Abdi « Godane », lors d'une frappe aérienne de l'armée américaine lundi, portant un sérieux coup à l'organisation terroriste qui sévit en Afrique de l'Est.

 

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Les pays membres de l'Alliance atlantique ont promis hier de maintenir « une présence continue » dans l'Est de l'Europe où l'attitude de la Russie inquiète, notamment grâce à la création d'une force très réactive capable de se déployer en quelques jours. De plus, l'Alliance va continuer ses patrouilles aériennes renforcées au-dessus des pays baltes, poursuivre le...

commentaires (3)

L'UN FAIT DU TORT À LEURS INTÉRÊTS... L'AUTRE LES SERT... L'UN EN FAIT DES PERDANTS... ET L'AUTRE DES CHAMPIONS...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 36, le 07 septembre 2014

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Commentaires (3)

  • L'UN FAIT DU TORT À LEURS INTÉRÊTS... L'AUTRE LES SERT... L'UN EN FAIT DES PERDANTS... ET L'AUTRE DES CHAMPIONS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 36, le 07 septembre 2014

  • Un sot retour à la guerre froide d'un autre temps entre l'Est et l'Ouest, au moment où un terrorisme global barbare menace les deux, ainsi que tout le Moyen-Orient comme on le voit tous les jours. Le pire est que les mêmes Est et Ouest sont responsables de l'implantation et de l'ascension de ce terrorisem par leur politique en Syrie et en Irak.

    Halim Abou Chacra

    19 h 11, le 06 septembre 2014

  • Cela s'explique de 2 facons : ils ont peur de la Russie nouvelle puissance mondiale et ils sont complices par defaut de daech allie/esclave de son maître sioniste.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 25, le 06 septembre 2014

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