Les jihadistes de l'État islamique (EI) ont exécuté mercredi et hier plus de 160 soldats après s'être emparés d'une base-clé en Syrie, a indiqué hier Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Au moment de cette annonce, une vidéo filmée par des jihadistes et mise en ligne sur des sites jihadistes montrait des hommes, présentés comme des soldats, capturés puis exécutés dans une zone désertique. Sur les premières images, des dizaines de jeunes gens marchent sur une route désertique, en sous-vêtements, pieds nus, mains sur la tête, encadrés par des jihadistes armés dont l'un porte l'étendard de l'EI. Ensuite, après un gros plan sur plusieurs corps empilés, la caméra filme un peu plus loin une interminable ligne de dizaines de corps gisant côte à côte, face contre le sol. Une dizaine d'hommes, qui semblent être des habitants de la région, les regardent.
Selon M. Abdel Rahmane, les soldats abattus par balles ont été capturés lors de la prise de la base 17 à Raqqa fin juillet, de celle de l'aéroport militaire de Tabqa dimanche dernier dans la même province, et lors de leur fuite de l'aéroport vers la localité d'Esraya, plus au sud.
Dans l'est de la Syrie, près de Deir ez-Zor, des chasseurs bombardiers syriens ont tué « plusieurs chefs de l'EI, religieux et militaires, dans un raid du régime sur une maison où ils étaient réunis », a également indiqué M. Abdel Rahmane.
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Casques bleus détenus
Ailleurs dans le pays, 43 Casques bleus de l'Onu originaires de Fidji étaient détenus hier près de la localité de Qouneitra sur le plateau du Golan par des groupes armés rebelles et 81 autres du contingent philippin sont bloqués dans deux localités de la région, a indiqué l'Onu, le Conseil de sécurité appelant à leur « libération immédiate ». Les Casques bleus fidjiens de la Force de l'Onu chargée de l'observation du désengagement (Fnuod) entre la Syrie et Israël ont été capturés après des combats entre l'armée et des groupes rebelles, dont le Front al-Nosra, que Washington a accusé hier d'être derrière l'enlèvement.
En Irak, l'armée appuyée par des miliciens chiites tentait de desserrer l'étau autour d'Amerli, une ville chiite turcomane à 160 km au nord de Bagdad assiégée depuis plus de deux mois par l'EI et dont les habitants manquent de produits de première nécessité. Plusieurs villages ont déjà été repris par les militaires dans leur progression au sud d'Amerli, a affirmé le général Abdelamir al-Zaidi. Plus de 20 jihadistes sont morts dans les combats, a-t-il ajouté, un bilan confirmé par une autre source militaire. Mais ces chiffres sont très difficilement vérifiables de façon indépendante.
De même, des jihadistes de l'EI ont mis le feu hier à trois puits de pétrole avant de quitter le champ d'Ain Zalah dans le Nord, dont ils avaient pris le contrôle début août, avant de battre en retraite, alors que les forces kurdes les attaquaient dans le même secteur, ont rapporté des responsables. Les forces kurdes ont également repris, avec l'aide de raids aériens américains, le contrôle du mont Batana, près de Zoumar, ville tombée aux mains de l'EI début août, selon un responsable de la province de Ninive.
Hollande : Assad ne peut pas être un partenaire
Pour contrer la montée en puissance de l'EI dans la région, le président français François Hollande a appelé la communauté internationale à préparer une réponse « humanitaire et militaire ». « Le conflit (syrien) a débordé en Irak, pays déjà soumis aux divisions, aux conflits interreligieux et à l'instabilité, si bien que l'État islamique s'est engouffré dans la brèche, parce que le terrorisme se nourrit toujours du chaos », a rappelé le président. « Une large alliance est nécessaire, mais que les choses soient claires : Bachar el-Assad ne peut pas être un partenaire de la lutte contre le terrorisme, c'est l'allié objectif des jihadistes », a souligné François Hollande.
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M. Obama, qui a lui aussi exclu toute coordination avec le régime syrien et a envoyé des missions de reconnaissance aérienne en Syrie, a annoncé hier avoir demandé à son secrétaire d'État, John Kerry, de se rendre au Proche-Orient pour constituer une coalition internationale pour lutter contre les jihadistes de l'État islamique. Le président américain, qui s'exprimait à la Maison-Blanche avant une réunion de son Conseil de sécurité nationale consacrée à la situation en Irak et en Syrie, a ajouté qu'il avait confié au secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, le soin de préparer un éventail d'options militaires.
Toutefois, le président a affirmé que la stratégie sur une éventuelle intervention militaire américaine en Syrie pour lutter contre les jihadistes n'était pas encore arrêtée et qu'il ne fallait pas s'attendre à des frappes aériennes à court terme. « Je ne veux pas mettre la charrue avant les bœufs. Nous n'avons pas encore de stratégie », a affirmé M. Obama, qui a par ailleurs estimé que les États-Unis n'avaient pas à faire un choix entre le régime de Bachar el-Assad et l'État islamique et qu'il entendait « continuer à soutenir l'opposition modérée ».
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17 h 46, le 29 août 2014