François Hollande a créé la surprise, voire la colère, avec la nomination dans le deuxième gouvernement Valls mardi de son ex-conseiller, le banquier Emmanuel Macron, un symbole de la rupture avec les thèses d'Arnaud Montebourg et du cap social-libéral du chef de l'Etat français
Pour Laurent Baumel, "frondeur" du Parti socialiste, la nomination de M. Macron est "une provocation évidente", la consécration d'"une politique plus droitière que jamais" pour Pierre Laurent du parti communiste. C'est "l'officialisation de la domination de la grande finance !", a commenté, de son côté, Florian Philippot, vice-président du Front National (extrême-droite). "Enfin un type à l'économie qui sait comment ça marche!", a tweeté, en sens contraire, l'UMP Dominique Dord en remuant le couteau dans la plaie d'une gauche désunie.
Manuel Valls, lui, a déclaré que cette nomination fait partie "des beaux symboles". "Et alors, on ne peut pas dans ce pays être entrepreneur, banquier, commerçant, artisan ?", a-t-il demandé.
Qui est donc, dès lors, cet Emmanuel Macron qui suscite tant de commentaires?
Esprit brillant, CV vertigineux et allures de gendre idéal, Emmanuel Macron n'a que 36 ans.
A l'Elysée, conseiller de François Hollande sur les questions économiques et financières et secrétaire général adjoint de la présidence depuis la première heure et jusqu'au printemps, il fait figure de deus ex machina de l'économie mondiale et des G20.
Svelte, chemise blanche et sourire à croquer le monde, Emmanuel Macron semble ignorer la fatigue quand les journées s'étirent. Mais à Bercy, confie un proche, "il lui restera à dompter ses élans de franchise pour affronter les projecteurs de la politique" et incarner la politique économique pro-entreprise voulue par le président. Pour cela, il n'aura aucun mal, aussi à l'aise dans les milieux patronaux qu'un poisson dans l'eau, à tu et à toi avec le patron des patrons, Pierre Gattaz.
La "gauche romantique" doit ouvrir les yeux, lâche-t-il pendant la tourmente Florange, avant de l'avouer : "La gauche est censée changer le réel mais, compte tenu des contraintes, changer le réel sera compliqué."
Tout jeune, Emmanuel Macron enfile les diplômes comme des perles: lycée Henri IV, Sciences Po, ENA (promotion Léopold Sédar Senghor) et DEA de philosophie politique consacré à Hegel après un détour par Machiavel dont il ne manquera pas de se souvenir dans les couloirs florentins de Bercy.
De 1999 à 2001, il s'offre une parenthèse philosophique, assistant de Paul Ricoeur, l'un des plus grands penseurs du siècle dernier. De l'ENA, qu'il intègrera dans la foulée, il sortira inspecteur des Finances ce qui n'empêche pas ce grand amateur d'opéra d'obtenir un 3e prix de piano du Conservatoire d'Amiens.
Un "rôle clef" dans la campagne de 2012
En 2007, il sera rapporteur général adjoint de la Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali, l'ancien conseiller spécial de François Mitterrand qui le présentera à François Hollande. "Depuis, avec Hollande, ils ne se sont pour ainsi dire plus quittés", confie l'entourage du chef de l'Etat. Il est à ses côtés pour la primaire socialiste, à ses côtés encore pour élaborer son programme présidentiel dont il chiffrera les mesures, jouant, selon un proche, "un rôle clef" dans la campagne.
Chez Rothschild, il grimpe les échelons quatre à quatre pour devenir associé-gérant en 2012 et piloter le rachat par Nestlé d'une filiale de l'américain Pfizer, un deal de 9 milliards d'euros qui fera sa fortune, le mettant pour un long moment à l'abri du besoin.
Mais quand François Hollande s'empare de l'Elysée, il lâche la banque pour le palais présidentiel et un bureau d'angle lumineux.
Lorsqu'il quitte l'Elysée en juin, c'est pour, dit-il, "prendre du recul", des vacances avec son épouse, de 20 ans son aînée et qui fut sa prof de français. Emmanuel Macron envisage un job "dans l'enseignement et la recherche" et même de fonder une start-up. Le démon des affaires de la cité ne lui en aura pas laissé le loisir avec sa nomination surprise à la tête du ministère de l'Economie.
"En deux ans à l'Elysée, il a fait la démonstration de ses qualités professionnelles, politiques sur tous les dossiers industriels stratégiques du mandat: d'Alstom à Florange en passant par SFR, PSA", commente encore l'un de ses anciens camarades de promotion à l'ENA. "Et en tant que secrétaire général adjoint, il a été l'un des inspirateurs du socialisme de l'offre", ajoute-t-il. "Il est jeune et, le plus important, il a toute la confiance du président", résume un autre.
Emmanuel Macron a un atout supplémentaire : c'est un proche de Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l'Elysée qui a annoncé dans un sourire sa nomination à la tête du ministère de l'Economie.
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Repère
Pour Laurent Baumel, "frondeur" du Parti socialiste, la nomination de M. Macron est "une provocation...
Ok E.Macron est gaucho/compatible pour servir la première phase d'intox de la IIIème nomenklatura ...d'ailleurs a noter , que les technocrates de Bruxelles adorent ce type de profile...MAIS...dans un gouvernement entièrement marxo/socialiste , sa liberté d'expression et d'action sera vite bridée...donc c'est encore de l'enfumage Made In Hollande...et ce gouvernement ne tiendra pas....jusqu'à Noël....
10 h 12, le 27 août 2014