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À La Une - Crise

Libye : Washington accuse les Emirats et l'Egypte d'avoir mené des raids contre des islamistes

L'aéroport de Tripoli sous contrôle des islamistes de Fajr Libya.

L'aéroport international de Tripoli est sous contrôle des miliciens islamistes de Fajr Libya ("Aube de la Libye"), a constaté mardi un photographe de l'AFP lors d'une visite organisée pour la presse dans cette installation stratégique du sud de la capitale. AFP PHOTO/MAHMUD TURKIA

Les Etats-Unis ont accusé les Emirats arabes unis et l'Egypte d'avoir mené secrètement des frappes aériennes contre des miliciens islamistes en Libye, où règne la confusion avec la perspective de la formation d'un gouvernement pro-islamiste rival de celui exilé dans l'extrême est du pays.

Les premières déclarations américaines sont survenues lundi au moment où le pouvoir reconnu internationalement -le Parlement élu et l'exécutif provisoire- était directement défié par les islamistes qui veulent former un gouvernement alternatif après avoir réussi à prendre l'aéroport de Tripoli à leurs adversaires nationalistes. L'aéroport, installation stratégique, est aux mains des miliciens islamistes, a constaté mardi un photographe de l'AFP lors d'une visite guidée organisée par leur service de presse.

La porte-parole du département d'Etat américain Jennifer Psaki a confirmé et complété mardi ce que des responsables américains avaient révélé lundi et a accusé "les Emirats et l'Egypte d'avoir mené ces derniers jours des frappes aériennes" en Libye.

Des miliciens islamistes avaient pointé du doigt dès samedi les Emirats et l'Egypte, les accusant d'avoir voulu par ces frappes alléger la pression militaire qu'ils exerçaient sur les miliciens nationalistes qui tenaient l'aéroport.

Après avoir affirmé dimanche n'avoir mené aucune opération militaire en Libye, l'Egypte a démenti mardi toute implication "directe" dans ces raids. Les Emirats observaient toujours mardi un mutisme total sur cette question. Les deux pays, alliés dans la lutte contre les islamistes, ont organisé cette année des manoeuvres militaires conjointes aux Emirats.

"Escalade"
Lundi les Etats-Unis et leurs alliés européens se sont alarmés d'une "escalade" du conflit en Libye, plongé dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, renversé par une rébellion soutenue militairement par les pays occidentaux.

Dans un communiqué commun, Washington, Paris, Londres, Berlin et Rome ont condamné les "interférences extérieures en Libye qui exacerbent les divisions". Dénonçant l'"escalade des combats et des violences", ils ont réclamé la poursuite de la "transition démocratique".

Mais capitalisant sur leur succès militaire à Tripoli, les miliciens islamistes de la coalition Fajr Libya ("Aube de la Libye") ont obtenu une réunion lundi de l'Assemblée sortante, le Conseil général national (CGN - à dominante islamiste), dont le mandat a théoriquement expiré avec l'élection le 25 juin d'un nouveau Parlement.

Estimant que cette nouvelle Assemblée -dominée par les non-islamistes- et le gouvernement provisoire ont perdu "toute légitimité" après avoir appelé à une intervention étrangère pour l'aider à lutter contre les milices, le CGN a chargé une personnalité pro-islamiste, Omar al-Hassi, de former un "gouvernement de salut national" en l'espace d'une semaine.
Le chef du gouvernement provisoire, Abdallah al-Theni, a aussitôt qualifié d'"illégales" la réunion du CGN et ses décisions. Il a dénoncé les exactions de miliciens islamistes à Tripoli, qui n'ont pas hésité selon lui à piller et incendier sa résidence.

Pour se soustraire aux pressions des groupes armés, le Parlement et le gouvernement provisoire ont choisi de siéger à Tobrouk, à 1 600 km à l'est de Tripoli, mais leurs adversaires leur reprochent de se couper ainsi de la réalité du pays où les milices armées règnent en maîtres.


Les islamistes se démarquent des jihadistes
Souvent accusés de collusion avec les jihadistes, les islamistes de Fajr Libya ont pris leurs distances avec le groupe Ansar Asharia qui rejette la démocratie comme modèle de gouvernement et souhaite appliquer la loi islamique dans le pays.

Fajr Libya a affirmé dans un communiqué "respecter la Constitution et l'alternance pacifique du pouvoir", après avoir été invité par Ansar Asharia à rejoindre ses rangs. Plus encore, il a proposé de collaborer avec les forces de sécurité pour sécuriser Tripoli et protéger les ressortissants étrangers.
Ansar Asharia et Fajr Libya ont tous deux été qualifiés ce week-end de "terroristes" par le Parlement élu qui a annoncé son intention de renforcer l'armée pour les éradiquer.

Ansar Asharia, classé "groupe terroriste" par les Etats-Unis, contrôle 80% de Benghazi, à 1 000 km à l'est de Tripoli, où il résiste à une offensive déclenchée contre lui par le général dissident Khalifa Haftar.
Washington accuse Ansar Asharia d'avoir mené en 2012 une attaque contre sa mission diplomatique à Benghazi, qui avait coûté la vie à l'ambassadeur Christopher Stevens et à trois autres Américains.

 

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Y A-T-IL DES ISLAMISTES BONS ET D'AUTRES MAUVAIS ?

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 39, le 27 août 2014

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Commentaires (2)

  • Y A-T-IL DES ISLAMISTES BONS ET D'AUTRES MAUVAIS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 39, le 27 août 2014

  • Nouveau et bizarre de voir les Emirats arabes unis entrer en guerre pour la première fois dans le conflit libyen en particulier et arabe en général . Ce comportement aurait-il de fâcheuses répercussions ? A suivre .

    Sabbagha Antoine

    12 h 53, le 26 août 2014

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