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Moyen Orient et Monde - Trois questions à...

Pour ses détracteurs, Hassan Rohani « a trop cédé, trop facilement »

Talal al-Atrissi, professeur de sociologie à l'Université libanaise et spécialiste de l'Iran.

Le président iranien Hassan Rohani. Photo AFP

Peu après l'élection du président Hassan Rohani en 2013, l'approche de Téhéran vis-à-vis des négociations sur son programme nucléaire a connu un virement majeur. Toutefois, des escarmouches entre le président et le camp opposé ont lieu régulièrement, jusqu'à faire la une des médias comme ce fut le cas récemment, après que M. Rohani eut souhaité que ses détracteurs aillent « au diable »...

Depuis l'élection de Hassan Rohani, la reprise des négociations sur le programme nucléaire et l'accord de Genève en novembre 2013, le fossé se creuse de plus en plus entre les différents courants de la scène politique iranienne, si difficile à déchiffrer de l'extérieur. D'où viennent ces dissensions ?

Globalement, les gardiens de la révolution et les conservateurs se retrouvent en un face-à-face constant avec les réformateurs et les modérés. Cela a toujours été le cas, que ce soit à l'époque de (Mohammad) Khatami (président réformateur de 1997 à 2005) ou à celle de (Mahmoud) Ahmadinejad (président conservateur de 2005 à 2013), lorsque les luttes d'influence pour le pouvoir empêchaient le gouvernement de se pencher sur les problèmes de la société. Les réformateurs comme les conservateurs n'ont en fait pas accompli grand-chose, ce qui explique le fait que Hassan Rohani apparaisse comme un personnage de consensus pour les deux courants. En réalité, ce qui oppose les deux camps actuellement n'est pas une différence idéologique, de fond, mais de forme. C'est la manière de négocier, et non les négociations mêmes qui posent problème. Les détracteurs de Hassan Rohani ne lui reprochent pas les négociations sur le programme nucléaire, mais son approche en la matière. Ils estiment qu'il a trop cédé trop facilement, notamment en ce qui concerne l'uranium enrichi.

Ces tensions pourront-elles affecter les pourparlers sur le programme nucléaire iranien ?

Non, la reprise des pourparlers fait l'unanimité au gouvernement, qui de toute manière ne peut rien faire sans l'accord du guide suprême, l'ayatollah Khamenei. Donc, même si ce dernier critique régulièrement l'Occident, et surtout les États-Unis qu'il ne juge pas dignes de confiance, il tient à ces pourparlers, ne serait-ce que pour soulager le pays de sanctions étouffantes pour une économie moribonde. Il y aura toujours des opposants, mais comme c'est le guide suprême qui tranche, ils n'ont pas grande importance. En ce qui concerne la pétition signée par les détracteurs de M. Rohani au lendemain de ses propos virulents les critiquant, elle représente plus un moyen de pression sur les États-Unis qu'autre chose. Elle est de fait un moyen de leur rappeler que les Iraniens peuvent se retirer des négociations s'il le faut et s'ils le désirent.

Entre le « rapprochement » de l'Iran avec les États-Unis et le « lâchage » de Nouri al-Maliki en Irak, doit-on voir un changement de politique étrangère ?

Les Iraniens sont pragmatiques, ils n'ont pas de problème à s'ouvrir politiquement. Ils s'adaptent aux événements et agissent/réagissent en fonction d'eux. C'est pour cette raison que les négociations ont été repoussées de six mois après la prise de Mossoul par l'État islamique (EI). Cet événement et la prise de territoires ont été un coup porté à l'Iran, notamment à cause de la présence de lieux saints chiites. Concernant Nouri al-Maliki, qui aurait d'ailleurs dû démissionner dès la prise de Mossoul au lieu de s'accrocher au pouvoir, il est important de préciser que Téhéran ne lui a retiré son soutien qu'après que l'ayatollah Ali al-Sistani n'en a donné l'ordre, les Iraniens ne faisant rien sans l'accord d'une référence religieuse majeure. En outre, les frappes américaines en Irak constituent un avantage pour Téhéran et aideront à plus de détente entre la République islamique et Washington.


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