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Lifestyle - LA MODE

Au 77e Festival de Cannes, l’art du glamour est encore et toujours libanais

Le Festival de Cannes, son tapis rouge, ses marches, ses polémiques, son jury, ses stars, ses starlettes et ses flashes, est aussi un événement de la haute couture. Sans être une capitale de la mode, Beyrouth, son chaos, ses plaies, son insécurité, a ce paradoxe d’être la principale créatrice du glamour festivalier avec la célèbre opulence de ses couturiers.

Au 77e Festival de Cannes, l’art du glamour est encore et toujours libanais

Nadine Labaki en Karoline Lang pour la projection de « The Apprentice » au 77e Festival de Cannes. Photo AFP

La désignation de la Libanaise Nadine Labaki au jury de la sélection officielle des longs-métrages de ce 77e Festival de Cannes constitue une aubaine pour les créateurs libanais. Non que pratiquement tous ne l’aient habillée à diverses occasions, mais la vitrine suréclairée qu’est la scène du jury braque un feu particulier sur le choix vestimentaire de ceux et celles qui y siègent. À Nadine, donc, tout honneur. Et c’est le styliste Slimi Dayya que la réalisatrice et actrice multiprimée a choisi pour créer son allure.

Slimi le surdoué. Sa carrière avait brièvement commencé à Beyrouth en tant que créateur de vitrines chez Aïshti. Très vite, sur base de son travail sur les shoots des grandes marques de mode, il est recruté par Saint-Laurent comme directeur visuel régional et lance aussitôt son propre magazine qu’il appelle, sans surprise : Slimi.

Nadine « habibit albi »

Désormais basé à Dubaï, ce grand voyageur se distingue par une esthétique sans entraves, un sens du modèle qu’il met en valeur et une audacieuse virtuosité qui lui fait poser l’accessoire comme un point focal donnant sens à tout le reste.

« Nadine, Nadine “habibit albi” (la chérie de mon cœur) », nous lance le styliste. « Tous les looks que je lui construis pour Cannes sont basés sur son personnage autant que sur son titre de jurée. Je veille à contrebalancer son côté féminin et masculin, que ce soit au niveau de la coiffure que des coupes et silhouettes de ses vêtements », poursuit-il. « Comme nous adorons le noir tous les deux, cela reste la teinte dominante. Sinon, ce sont des nuances de terre avec tout de même un rose Balenciaga pour l’événement Kering. Mais d’une manière générale, je travaille surtout sur sa personnalité, sur ses ambivalences, avec ce désir de mettre en avant une femme du Moyen-Orient dont les Libanais sont si fiers », ajoute Slimi. Pour la cérémonie d’ouverture, le styliste a choisi pour la réalisatrice un smoking noir de Hedi Sliman, son idole depuis ses années Saint-Laurent. « Rien ne peut rivaliser avec un smoking noir Celine de Hedi Slimane (c'est le meilleur) », affirme celui qui a finalement joué, pour l’occasion, la note tuxedo jusqu’au contrepoint du nœud pap’, à contrecourant de la tradition qui veut que les stars féminines fassent leur entrée en longue robe glamour. Slimi confie travailler l’image de Nadine Labaki autant que la sienne propre. « Nous sommes tous deux libanais, et je veux montrer ce que nous avons dans le ventre. J’ai donc moins mis l’accent sur les marques que sur la recherche d’un look qui mette réellement en valeur sa personnalité. Elle est notre fierté et je veux qu'elle brille toujours, car c'est une vraie star », insiste-t-il.

Nadine Labaki sera donc habillée et accessoirisée, tout au long du festival, par Celine, Bottega Veneta, Versace, Fendi, Louboutin, Roger Vivier, Hervé Leroux, Prada, Rene Caovilla et l’Irakien Harith Hashim. Mais son vestiaire est surtout sublimé par des créateurs libanais. Pour les événements « tapis rouge », elle sera habillée tour à tour en Jean-Louis Sabaji, Sara Mrad, Karoline Lang et George Chakra. Pour les soirées du festival, elle sera en Rabih Kayrouz, Rami Kadi, Basil Soda et Rami Salamoun.

Rabih Kayrouz à la croisée du féminin et du masculin

Nadine Labaki au 77e Festival de Cannes en veste Essentielle Rabih Kayrouz. Crédit maison Rabih Keyrouz

« Nadine est une personne très inspirante. Belle. Voyageuse… Elle nous embarque avec elle dans ces séjours ailleurs. Ne cache jamais ses émotions. Elle a cette force et la non-peur de se montrer vulnérable. Ses yeux brillent avec ses larmes. Vulnérable et rieuse. Forte et fragile. La femme que j’aime habiller. Pour Cannes, elle est enveloppée d’une veste dite “Essentielle”. Une structure d’un blazer coupé sur les côtés qui se ferme avec deux pans. Un mélange d’une structure masculine occidentale et une souplesse douce, orientale », commente Rabih Kayrouz à propos de la silhouette qu’il a créée pour la réalisatrice.

Rami Kadi tout-partout

Eva par ici ! Eva à gauche ! Eva à droite ! Eva Gutowski, la youtubeuse aux 12 millions d’abonnés, captive sa foule dans une époustouflante robe de la collection haute couture Les Miroirs du couturier Rami Kadi. La robe boule en perles de rocaille, ornée de cristaux, de paillettes et de perles, présentait un décolleté plongeant en forme de cœur.

Le mannequin Ming Xi en Rami Kadi Couture lors de la 77e édition du Festival de Cannes . Crédit Rami Kadi

Une autre célébrité qui ne savait plus où donner de la tête à l’entrée de la projection de  Twilight of the Warriors : Walled in,  Ming Xi s'est fait remarquer dans une robe duchesse en satin gris de Rami Kadi Couture. Le corsage, orné de paillettes, de perles et de perles chatoyantes sur un motif floral, mettait en valeur une broderie magistrale. Le plissé sur le buste et les hanches, caractéristique de la collection Les Miroirs, ajoutait une touche d'élégance architecturale. Rami Kadi avait également habillé la mannequin française Joséphine Le Tutour ainsi que l’influenceuse de mode Dy Miryan, la jeune mannequin de Californie, Carmella Rose et l’actrice et productrice jordanienne Saba Moubarak.

Tony Ward et les scintillements d’Eden

Yousra dans une robe signée Tony Ward. Crédit Tony Ward

L’icône égyptienne Yousra, magnifique actrice et chanteuse qui croule sous les récompenses et distinctions depuis les années 1970, a fait son entrée à la cérémonie d'ouverture du festival dans une robe Tony Ward. Cette robe dorée scintillante fait partie de la collection prêt-à-porter printemps-été 2024 intitulée « L’autre côté d’Eden ». Une collection que Tony Ward a voulue, avec ses brillances, ses couleurs vives et ses mélanges de matières, comme la métaphore festive du paradis.

Zuhair Murad, bouillonnement de tulle et habits de lumière

L'actrice Salma Abou Deif dans une robe argentée fendue et entièrement brodée de perles et de paillettes de la collection Zuhair Murad Couture printemps 2024. Photo Patrick Sawaya

Couturier préféré de Jennifer Lopez et l’un des pionniers de la broderie tatouage, Zuhair Murad avait lui aussi une brochette de célébrités mises en valeur par ses soins. Ainsi, la mannequin Shanina Shaik est apparue à la cérémonie d’ouverture dans un spectaculaire fourreau rouge à traîne et décolleté cœur. De même, la top model Alessiya Merzlova portait une robe sans manches, fluide, en bleu turquoise léger, terminée par un bouillonnement de tulle, de la collection Zuhair Murad prêt-à-porter printemps-été 2024. Pour sa part, l’actrice et chanteuse Victoria Justice resplendissait dans une robe noire transparente à épaules dénudées avec des détails horizontaux de broderie métallique de la collection prêt-à-porter Zuhair Murad pré-automne 2024. De son côté, la mannequin et entrepreneuse Anna Andres portait un haut noir brodé aux manches exagérées et un pantalon évasé assorti, également de la collection prêt-à-porter Zuhair Murad pré-automne 2024. Ont également été photographiées en Zuhair Murad l’actrice américaine Jena Malone et la mannequin Thayna Soares. Particulièrement remarquée, l'actrice Salma Abou Deif irradiait dans une robe fendue argentée et entièrement brodée de perles et de paillettes de la collection Zuhair Murad Couture printemps 2024.

Georges Chakra, rouge sur rouge

Raya Abirached a assisté à la 77e édition du Festival de Cannes dans une robe d'archives de Georges Chakra Couture. Crédit Georges Chakra Couture

Particulièrement séduisant (et audacieux) était le choix de Georges Chakra d’habiller la présentatrice libanaise Raya Abirached (MBC) avec une robe de velours rouge structurée et sans bretelles, avec des touches de broderies à la taille et à l'ourlet. Ce rouge-là, sur le tapis rouge du palais des Festivals, risquait de passer inaperçu. Sa nuance en a été, au contraire, exaltée.

Une loterie

Le Festival de Cannes est un tel enjeu pour les maisons de couture et de mode que la plupart d’entre elles réservent une suite, généralement au Majestic, où est improvisé un salon d’essayage. En général, quelques pièces sont proposées aux personnalités les plus en vue de l’édition de l’année, à charge pour leurs stylistes de faire le choix le plus judicieux en fonction des événements et des profils à habiller. De nombreux créateurs, y compris libanais, comme Ziad Ghanem et Saïd Kobeissy, croisent les doigts en attendant que l’une ou l’autre de leurs créations sortent des placards des palaces et montent ces marches au bout desquelles la gloire choisit les siens.

La désignation de la Libanaise Nadine Labaki au jury de la sélection officielle des longs-métrages de ce 77e Festival de Cannes constitue une aubaine pour les créateurs libanais. Non que pratiquement tous ne l’aient habillée à diverses occasions, mais la vitrine suréclairée qu’est la scène du jury braque un feu particulier sur le choix vestimentaire de ceux et celles qui y siègent....
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