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Liban - Liban

Derbas à « L’OLJ » : Une fermeture des frontières libano-syriennes est possible, et bientôt !

Entretien express avec Rachid Derbas, ministre des Affaires sociales, pour faire le point du dossier des réfugiés syriens.

« L'Orient-Le Jour » – Suite aux incidents de Ersal provoqués par des islamistes syriens, quelles mesures pensez-vous prendre au sein des camps de réfugiés syriens et aux frontières ?
Rachid Derbas – Nous nous sommes réunis hier, lundi, sous la présidence du Premier ministre Tammam Salam au Grand Sérail, avec la commission ministérielle en charge du suivi du dossier de la crise des réfugiés syriens. Les ministres des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, étaient également présents et nous avons émis des recommandations à l'issue de la réunion. Après les incidents de Ersal, l'État ne peut plus laisser les choses sans contrôle et doit mettre un terme à l'afflux des réfugiés tout en s'assurant de l'identité de ceux qui ont pénétré et veulent pénétrer en territoire libanais. Nous avons, de ce fait, décidé que le critère adopté pour amortir la crise sera de définir « qui est le réfugié ». En effet, nous avons convenu que le réfugié est toute personne fuyant des zones de combat proches du territoire libanais. Pratiquement, il n'y a donc plus de réfugiés qui affluent actuellement au Liban, car aucun des Syriens qui traversent aujourd'hui les frontières ne fuit des zones de combat voisines du Liban. Nous devrons, par conséquent, nous assurer des caractéristiques et de l'identité de chaque personne qui voudrait pénétrer au Liban, surtout que bon nombre d'entre eux profitent des aides humanitaires sans qu'ils en aient le droit. Nous avons mis en place des standards spécifiques concernant les conditions requises pour accorder le statut de réfugié et chaque personne inscrite auprès du HCR perdra par ailleurs son statut si elle quitte le territoire libanais et regagne son pays.

 

Des Syriens affluent-ils toujours au Liban à l'heure actuelle ?
Oui. Des Syriens traversent toujours la frontière jusqu'au Liban, et le nombre de personnes qui s'enregistrent auprès du Haut Comité de secours continue d'augmenter. Mais il est possible qu'il s'agisse de Syriens qui sont au Liban depuis déjà pas mal de temps, mais qui s'enregistrent maintenant. Mais cela ne sera plus possible dorénavant, puisque nous allons imposer à tous ceux qui désirent entrer au Liban de s'enregistrer sur-le-champ aux frontières, ce qui permettra également un contrôle des identités. Ce scénario est évidemment valable dans le cas où nous ne décidons pas de fermer catégoriquement les frontières, car nous pourrions être obligés de prendre une telle mesure, et bientôt !

 

Des perquisitions auront-elles lieu dans les camps des réfugiés syriens pour s'assurer de leur statut ou pour y rechercher des personnes liées à des organisations ultraradicales ?
Dorénavant, nous ne pouvons plus laisser les camps des réfugiés sans surveillance. C'est une responsabilité que doit assumer l'État de manière exclusive, tout en étant aidé par des organisations subventionnaires, et les réunions s'intensifient à cet effet. Mais jusque-là, il n'y a pas encore eu de perquisitions dans les camps de réfugiés syriens, mis à part les régions de Ersal et les alentours. En fait, nos craintes sont à présent amenuisées. Je pense sincèrement que tout le monde a compris que personne ne peut perpétuer le chaos sécuritaire au Liban et que ce dernier n'est pas une terre fertile pour le terrorisme. Mais un autre problème se pose aujourd'hui à nous après les incidents de Ersal, car les camps des réfugiés dans ce village ont tous été brûlés et nous n'avons pas encore trouvé jusque-là de moyens pour les indemniser...

 

(Lire aussi: Pour les habitants de Ersal, seule l'armée pourrait redresser les injustices subies)

 

Quel est le nombre de réfugiés syriens enregistrés auprès du HCR et certains d'entre eux ont-ils pu revenir en Syrie ?
Jusque-là, nous avons 1 200 000 réfugiés syriens enregistrés. Si certains veulent revenir en Syrie, nous les aidons autant que possible et nous les exemptons de certains frais à payer, et cela devrait se faire sans problème. Il est vrai que certains des réfugiés ont essayé de rentrer en Syrie et qu'ils ont eu des problèmes et ont été accusés d'entrée illicite. Mais l'État libanais a œuvré dans ce cadre et une communication téléphonique a eu lieu entre le ministre Bassil et l'ambassadeur de Syrie qui a assuré qu'aucun obstacle n'entravait leur retour. Je serai en effet surpris de savoir que la Syrie refuserait de les accueillir, car cela serait une forme d'exil.

 

Des mesures de sécurité renforcées ont-elles été prises dans les camps palestiniens proches des frontières après les combats de Ersal ?
Les camps palestiniens ne sont pas de mon ressort mais nous savions dès le départ que trois zones constituaient un danger sécuritaire pour le Liban et qu'il fallait les suivre de près : Ersal, la prison de Roumieh et le camp de Aïn el-Heloué, et le gouvernement ne laissera plus la situation sécuritaire se dégrader dans ces zones, ni ailleurs. Le cabinet Salam a opté pour la politique du souffle long et de la main de fer. Nous n'avons pas le luxe d'être en position de faiblesse.

 

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commentaires (2)

M. Derbas, pouvez-vous attendre que tous les mercenaires du Hezb aillent combattre en Syrie ou en Irak ou là où ils veulent avant de fermer les frontières ?

Robert Malek

19 h 42, le 13 août 2014

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Commentaires (2)

  • M. Derbas, pouvez-vous attendre que tous les mercenaires du Hezb aillent combattre en Syrie ou en Irak ou là où ils veulent avant de fermer les frontières ?

    Robert Malek

    19 h 42, le 13 août 2014

  • Fermer la frontière, cela signifie-t-il que les jihadistes des deux bords ne pourront plus la franchir, ni dans un sens, ni dans l'autre? Que les miliciens du Hezb encore au Liban ne pourront plus se rendre en Syrie et que ceux qui y sont devront y rester? Le rêve!

    Yves Prevost

    06 h 56, le 12 août 2014

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