Cheikh Deriane, nouveau mufti de la République, promet le retour de l'entente à Dar el-Fatwa

Le président des tribunaux chériés sunnites cheikh Abdellatif Deriane a été élu dimanche mufti de la République libanaise par 74 voix sur 93, succédant à cheikh Mohammad Rachid Kabbani.

Dès l'annonce des résultats, attendus puisque cheikh Deriane était donné favori, le nouveau mufti a souligné que son élection marquerait le début de l'unité au sein de Dar el-Fatwa.

Cette institution a connu de nombreux rebondissements dans les années qui ont précédé cette élection : deux conseils chériés avaient vu le jour, l'un reconnu par les autorités officielles et l'autre, désigné par le mufti Kabbani, qui ne l'était pas (il faisait même l'objet d'un recours auprès du Conseil d'État), et dont quinze membres ont démissionné dernièrement, ce qui l'avait invalidé de manière définitive.

"Vous avez contribué aujourd'hui, avec l'aide de Dieu et tous les fidèles, à la réussite d'une élection qui sera le début d'une entente au niveau de cette institution islamique nationale, et de toute la société libanaise", a déclaré cheikh Deriane à l'adresse des électeurs.

Le collège électoral est composé des Premiers ministres (l'actuel et les anciens), des ministres sunnites en exercice (quatre actuellement), des députés sunnites en exercice, des membres du Conseil chérié suprême, des muftis actuels (dans les régions), des juges chériés en exercice et retraités, des secrétaires de la fatwa à Beyrouth et à Tripoli et, enfin, du directeur général actuel des wakfs islamiques.

"Dar al-Fatwa a connu tout comme le pays, des divisions en son sein, et un retard au niveau de ses prestations nationales, et de ses responsabilités en termes de consensus. Mais ce qui s'est passé aujourd'hui est l'expression d'une forte volonté de la part de tous les musulmans de faire face aux problèmes, de rectifier la trajectoire, et de poursuivre la mission de cette institution au niveau islamique et national", a-t-il poursuivi. Il a ainsi tenu à souligner que "dorénavant, il n'y aura plus de divisions entre le mufti et le conseil supérieur chérié".

(Pour mémoire : Dar el-Fatwa n'aura pas deux têtes...)

"Je vais consulter les dirigeants politiques et religieux afin de faire face au mal qui menace la patrie", a encore affirmé cheikh Deriane, soulignant l'importance de la coexistence pacifique et du partenariat qui lie les chrétiens et les musulmans au Liban.

Stigmatisant en des termes très fermes les exactions perpétrées contre les chrétiens et les minorités en Irak, le mufti Deriane a tenu à souligner que l'islam est "la religion de la modération, de la miséricorde et de la cohabitation".

Cheikh Deriane a également évoqué le conflit israélo-arabe et la guerre en Syrie et les conséquences lourdes de ceux-ci sur le Liban. Il a en outre salué l'aide de l'Arabie saoudite accordée à l'armée libanaise qui a affronté les jihadistes ultra-radicaux à Ersal, dans la Békaa, remerciant également le chef du Courant du Futur Saad Hariri pour le rôle qu'il joue sur ce plan.

Le Premier ministre Tammam Salam a précisé que le nouveau mufti de la République prendra ses fonctions le 15 septembre, au moment où prend fin le mandat du mufti sortant Kabbani.

L'élection a, par ailleurs, été marquée par des brutalités de la part des forces de sécurité contre des journalistes.

Né à Beyrouth en 1953, cheikh Abdellatif Deriane a poursuivi ses études théologiques à la branche libanaise de l'Université al-Azhar. Il est également diplômé en religion islamique et charia de l'Université islamique de Médine, en Arabie Saoudite, et des universités al-Azhar et Aïn Chams en Egypte.

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