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Liban - Éclairage

Le paradoxe du 8 Mars : le rejet de l’extension de la 1701 contredit le soutien à l’armée

« Nous savons tous que le régime syrien ne veut pas le retour des réfugiés chez lui », aurait déclaré le chef de la diplomatie lors d'un précédent Conseil des ministres.

En accordant son entière couverture à la « mission sacrée » de l'armée à Ersal, le gouvernement s'est fixé deux objectifs, en dehors desquels aucun débat n'est recevable jusqu'à nouvel ordre : forcer les takfiristes à se retirer de toute la zone de Ersal (objectif partiellement rempli), et obtenir la libération des soldats et agents des Forces de sécurité intérieure retenus en otages par les groupes armés.

Le retrait des jihadistes a commencé hier après plusieurs médiations, déclarées ou discrètes, dont celle du comité des ulémas, initiée avec l'accord de l'armée, à la suite de la réunion du cabinet lundi, comme le précisent à L'Orient-Le Jour des sources ministérielles, qui mettent l'accent sur la symbolique du recours par l'armée à l'intercession des ulémas... C'est que l'esprit de la démarche convenue par le gouvernement était d'écarter du combat national toute idée, mesure ou réserve susceptible de provoquer un débat, et donc de parasiter ce combat.

Même l'idée d'élargir, jusqu'aux frontières nord-est, la mise en œuvre de la résolution 1701, avancée lundi par les ministres Kataëb et relancée par les ministres du Futur, notamment Nabil de Freige, a été jugée « inopportune ». Pourtant, le ministre de Freige s'interroge, dans un entretien téléphonique avec L'Orient-Le Jour, sur « le paradoxe entre l'appui inconditionnel à l'armée dans les discours du 8 Mars et leur refus de la soutenir par tous les moyens disponibles, dans la pratique ». Parmi ces moyens, « laisser l'armée solliciter, si elle le juge nécessaire, l'assistance de la Finul », souligne-t-il, se référant à l'article 12 de la 1701. Cette assistance pourrait être une nécessité dans « les collines hasardeuses et ardues de Ersal, où la huitième brigade de l'armée avait d'ailleurs été déployée deux semaines avant les combats sans préparation, sans stratégie et même sans être avisée de la bataille qui s'annonçait », relèvent des milieux du 14 Mars. Mais ce débat n'avait pas sa place au moment où les combats battaient leur plein...

 

(Lire aussi: Le gouvernement décide le recrutement de 5 000 nouveaux soldats)


Un autre point de débat, tout aussi nécessaire avait été suspendu bien avant les combats de Ersal : le contrôle du nombre et de la présence des réfugiés syriens au Liban. Ce dossier litigieux avait été écarté officieusement du débat en Conseil des ministres, depuis que l'unanimité est devenue le maître mot de l'exécutif. Or, le cas des réfugiés de Ersal est un indicateur de la gravité de toute négligence au niveau de ce dossier, et surtout de la difficulté de le résoudre.

En effet, les hordes de jihadistes ayant pris Ersal d'assaut ont été rejointes par certains déplacés dont les allégeances takfiristes ont ainsi été révélées. Mais c'est surtout le sort des 1 700 réfugiés de Ersal, victimes des violences, qui prouve l'impasse à laquelle se heurte le dossier des réfugiés au Liban. Alors que ceux de Ersal se dirigeaient par centaines hier vers le poste-frontière de Masnaa, ils étaient promis à un retour chez eux en Syrie, comme l'assurait d'ailleurs à l'AFP sœur Agnès, une religieuse très proche du régime syrien, supérieure d'un monastère dans la localité de Qaraa, dans le Qalamoun, qui parrainait leur retour. Mais, fait inattendu en milieu de soirée : ils sont refoulés aux frontières, au motif que leurs papiers n'ont pas été vérifiés.

Ce fait incite à s'interroger sur la volonté réelle du régime syrien d'accueillir sur son territoire une partie de ses ressortissants réfugiés au Liban.
Force est de rappeler que Damas avait plus d'une fois affirmé, par la voix de son ambassadeur à Beyrouth, non sans zèle d'ailleurs, que « les Syriens ont hâte de rentrer chez eux » et que rien n'empêche leur retour, du moins dans les zones apaisées ou reprises par le régime. C'est par cet argument que l'ambassadeur syrien devait couper la voie à l'option de l'établissement de camps pour les réfugiés syriens aux frontières.
Cette option avait fait l'objet de pourparlers officieux entre lui et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, à l'initiative de ce dernier. Alors que ces échanges sur la question des camps se seraient interrompus depuis un certain temps, selon une source ministérielle, le chef de la diplomatie aurait lui-même déclaré, lors d'un précédent Conseil des ministres : « Nous savons tous que Damas ne veut pas le retour des réfugiés en Syrie. »
Cette affirmation, telle que rapportée à L'OLJ, contredit la position officielle syrienne et pourrait donner un sens au refoulement des réfugiés de Ersal, dispersés depuis hier sur le territoire libanais.

Le 8 Mars, qui réclame des négociations avec le régime syrien, a, depuis les combats de Ersal, du pain sur la planche...
Il existe néanmoins un point du débat intérieur, jusque-là reporté, qui pourrait servir à résorber les points de divergence : un nouveau dialogue sur la stratégie défensive. Ainsi, le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, souligne que l'implication du Hezbollah en Syrie a torpillé la politique de distanciation et « contraint à des négociations avec le régime et/ou l'opposition syriens ». Il laisse entendre toutefois que tout est réversible et appelle ainsi le parti chiite à « réfléchir à l'intérêt de son retrait de Syrie ». Un retrait que devrait faciliter « l'élection d'un nouveau chef de l'État, le retour à la déclaration de Baabda et l'entente sur une stratégie défensive », toujours selon Ramzi Jreige, qui souligne à L'OLJ la nécessité d'une nouvelle table de dialogue « incluant les parties non représentées au sein du gouvernement ».

Le ministre Nabil de Freige précise d'ailleurs à L'OLJ que si une stratégie défensive avait été convenue dès 2006, mettant les moyens du Hezbollah à la disposition de l'armée, les combats de Ersal auraient pris un autre tournant.
Autant de questions qui promettent d'être « débattues, et peut-être bien résolues dès le prochain Conseil des ministres », à en croire le ministre de l'Information... « Mais donnez au pays le temps de respirer », conclut-il.

 

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En accordant son entière couverture à la « mission sacrée » de l'armée à Ersal, le gouvernement s'est fixé deux objectifs, en dehors desquels aucun débat n'est recevable jusqu'à nouvel ordre : forcer les takfiristes à se retirer de toute la zone de Ersal (objectif partiellement rempli), et obtenir la libération des soldats et agents des Forces de sécurité intérieure retenus en...

commentaires (3)

- Etat libanais fragile fonde sur l'equation d'1 equilibre confessionnel qui cache des divisions profondes - Complices des reorganisations des politiques etrangeres au depend du Liban les politiciens de l'interieur (ayant recu probablement leurs pourboires)accueillent les refugies sans strategie ni controle sur le terrain, apathique dans la realite face a cette invasion qui renverse l'equilibre demographique et adoptant un discours de facade: "au secours faut faire quelque chose". Mais c'est eux qui siegent au pouvoir, qu'ils fassent quelque chose - Les refugies, nombre d'entre eux opprimes par le regime syrien ont cede au lavage de cerveau et sont detenteurs des armes de la vengence. Leurs leaders eux s'en fouttent de l'oppression subie ou de la vengeance. ils ont des visees politiques, territoriales et economiques. - L'armee est faible - Il ne manque plus que de demander a l'armee syrienne d'assurer la couverture aerienne des combats de Ersal... C'est par une equation pareille qu'en 1975, la guerre du Liban a eclate.

Zerbé Zeina

09 h 33, le 08 août 2014

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Commentaires (3)

  • - Etat libanais fragile fonde sur l'equation d'1 equilibre confessionnel qui cache des divisions profondes - Complices des reorganisations des politiques etrangeres au depend du Liban les politiciens de l'interieur (ayant recu probablement leurs pourboires)accueillent les refugies sans strategie ni controle sur le terrain, apathique dans la realite face a cette invasion qui renverse l'equilibre demographique et adoptant un discours de facade: "au secours faut faire quelque chose". Mais c'est eux qui siegent au pouvoir, qu'ils fassent quelque chose - Les refugies, nombre d'entre eux opprimes par le regime syrien ont cede au lavage de cerveau et sont detenteurs des armes de la vengence. Leurs leaders eux s'en fouttent de l'oppression subie ou de la vengeance. ils ont des visees politiques, territoriales et economiques. - L'armee est faible - Il ne manque plus que de demander a l'armee syrienne d'assurer la couverture aerienne des combats de Ersal... C'est par une equation pareille qu'en 1975, la guerre du Liban a eclate.

    Zerbé Zeina

    09 h 33, le 08 août 2014

  • EN JUDAS ON LIVRE L'ARMÉE ! ET EN PONCES PILATES, À LA PLACE DE BARABBAS ON LA CRUCIFIE... ET PUIS ON SE LAVE TRANQUILLEMENT LES MAINS !!!

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    07 h 52, le 08 août 2014

  • Ce sont surtout eux qui s’essoufflent vite et sont dégonflés plutôt, ces ministrés friands de késchék et de hommoss….

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 04, le 08 août 2014

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