Rechercher
Rechercher

Liban - Eclairage

Ersal : une bataille qui s’annonce longue et coûteuse...

L’armée était mobilisée hier tous azimuts pour une guerre visiblement longue et coûteuse. Photo AFP

L'apparition du chef de l'armée hier devant les journalistes est en elle-même très significative. L'intervention du général Jean Kahwagi, qui ne se manifeste pratiquement jamais publiquement, illustre la gravité de la situation.

L'officier a donné le ton dès le départ : l'offensive des groupuscules islamistes armés contre la troupe à Ersal a été concoctée depuis un certain temps. Le général Kahwagi faisait allusion aux multiples informations récemment parvenues aux services de renseignements libanais relatives à un complot visant l'armée, voire même au-delà la troupe, le Hezbollah chiite, en réaction à l'intervention de ce dernier en Syrie. Ersal était indiscutablement le lieu de passage le plus approprié pour accéder aux localités chiites environnantes.

Le second message alarmant envoyé par le commandant en chef est l'urgence d'imposer un contrôle plus strict dans les camps des réfugiés syriens répandus sur l'ensemble du territoire libanais, « afin que ces derniers ne se transforment pas en îlots terroristes », a-t-il préconisé. Ce n'est certes pas par hasard que le général Kahwagi a mentionné les camps de réfugiés, évoquant dans son discours une « base de soutien (aux forces islamistes) à l'intérieur de Ersal ».

(Lire aussi : Ersal accentue les tensions politico-communautaires)


Une chose est désormais certaine : parmi les combattants qui ont pris part à l'opération militaire contre les soldats libanais, se trouvent des éléments armés issus des camps sous le label de réfugiés. Hier, ils sont réapparus sous un nouveau visage, armés, cagoulés, prêts à l'assaut. De nombreux témoignages donnés par les habitants de Ersal ont en effet fait état de milices qui ont surgi à l'intérieur de la ville comme des diables de leur boîte.

Certes, une bonne partie des effectifs islamistes s'est déversée du jurd de Ersal, ce no man's land où le Hezbollah mène depuis un certain temps des batailles contre eux. Depuis le début de la guerre syrienne, le jurd servait de cordon ombilical aux combattants syriens qui s'infiltraient à travers de nombreux couloirs qu'il était impossible à l'armée de contrôler dans leur totalité. Un constat confirmé sur un ton de défi hier par l'un des membres d'al-Nosra, Abou Zeid, qui a fait remarquer que le plan sécuritaire mis en place par l'institution militaire « n'a pas porté ses fruits ». « Preuve en est, dit-il, le fait que nous arrivons facilement à traverser la frontière qui s'est transformée en lieu de passage pour le transport des blessés et des combattants. »

En clair, Ersal avait déjà été prise d'assaut depuis bien longtemps, bien avant le déclenchement des hostilités, samedi, avec l'armée. Ce constat est notamment corroboré par des chiffres bien parlants : la ville regroupe 120 000 réfugiés, pour une population de 35 000. « Si l'on considère que la population des réfugiés compte quelque 25 pour cent de jeunes, on peut estimer qu'il pourrait y avoir un potentiel de 30 000 combattants », témoigne Abed, un habitant de Ersal.
Ce dernier rejoint l'avis du commandant en chef de l'armée, affirmant qu'« il est désormais temps de reconsidérer toute cette stratégie humanitaire ».

(Lire aussi : Abou Bakr al-Baghdadi, entre la barbarie de ses actions et l'ubiquité de ses silences)

Encore faut-il que la troupe puisse sortir victorieuse de cette bataille dont le sort est absolument déterminant pour l'avenir du pays. Si l'on en croit un haut responsable de l'armée, la situation était « très critique » et la bataille « extrêmement dure » durant les dernières 48 heures où les soldats devaient affronter « quelque 7 000 islamistes » bien entraînés, armés jusqu'aux dents et prêts à tout. La trêve « humanitaire » décrétée en soirée était toutefois porteuse d'espoir. Il reste à voir si les milices islamistes vont obtempérer et répondre favorablement aux conditions posées par l'armée.
La bataille a été d'autant plus difficile que les jihadistes – un cocktail Molotov de takfiris de tout genre et de tout calibre – ont tenté par tous les moyens de prendre le contrôle de Ersal pour pouvoir accéder aux localités chiites environnantes, l'objectif ultime étant la bataille sunnito-chiite et la reddition de comptes par le sang, exigée du Hezbollah.

Le Hezbollah observe sans participer...

C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le parti chiite, qui se trouve à quelques centaines de mètres des affrontements avec l'armée, n'a pas pris part aux combats.
En se contentant d'une simple dénonciation verbale, le Hezbollah a voulu ainsi éviter de tomber dans le piège vers lequel les jihadistes cherchaient à l'entraîner, refusant d'alimenter le virus de la haine ascendante sunnito-chiite.
D'ailleurs, la contribution militaire du Hezbollah dans la bataille de Ersal n'était pas non plus envisagée par l'armée qui rechigne à réitérer le scénario de Abra, lequel lui avait valu toutes sortes de critiques à l'époque.
Pour le commandement de l'armée, le grand titre de ces affrontements est clair : la protection de la souveraineté libanaise et le refus de voir la guerre syrienne transposée au Liban. Le message envoyé par le chef de l'armée sur la « libanité » de cette confrontation était patent lorsque l'officier a clairement déclaré que « Ersal est un village libanais que nous voulons protéger ».

(Lire aussi : Mokbel à l'OLJ : « Aucune coordination entre l'armée et le Hezbollah à Ersal »)

Un engagement vraisemblablement vérifié sur le terrain, l'armée ayant évité, durant les dernières 48 heures, de riposter aux tirs des milices armées à partir du village. C'est à la lisière du village et non à l'intérieur que les combats se déroulaient en dépit de la présence massive des combattants qui s'étaient faufilés entre les maisons et dans les ruelles du village à proprement parler, comme le confie un haut responsable sécuritaire.

Un constat également rapporté par un habitant de Ersal resté sur place. « Les milices, qui ont pratiquement pris possession du village, cherchent par tous les moyens à provoquer l'armée pour l'obliger à riposter en tirant vers l'intérieur. L'idée est de monter la population contre la troupe », dit-il, en rappelant que près de 85 % des gens de Ersal sont aux côtés de l'institution militaire et se sentent débordés par la présence syrienne. « Les 15 % restants sont des mercenaires qui ont profité financièrement de la présence des réfugiés et se sont enrichis. Ils sont sans état d'âme et sans foi ni loi », dit-il.
« À l'heure où je vous parle, je suis dans la rue. Il n'y a plus un seul habitant de Ersal autour de moi. Ceux qui n'ont pas fui sont terrés chez eux. Je ne vois que des Syriens, dont plusieurs sont armés », conclut la source, soulignant que le spectacle est on ne peut plus effrayant.


Lire aussi

L'armée entre en guerre contre les islamistes à Ersal

Est-il déjà trop tard ?, l'éditorial de Nagib Aoun

Joumblatt à « L'OLJ » : Prochaine initiative en direction des leaders chrétiens « pour faire face au danger des huns »

L'apparition du chef de l'armée hier devant les journalistes est en elle-même très significative. L'intervention du général Jean Kahwagi, qui ne se manifeste pratiquement jamais publiquement, illustre la gravité de la situation.L'officier a donné le ton dès le départ : l'offensive des groupuscules islamistes armés contre la troupe à Ersal a été concoctée depuis un certain temps. Le...

commentaires (8)

__ PRONOSTIC : DEUX MALADIES... DEUX FLÉAUX FRAPPENT LE PAYS. L'UN EST UN FLÉAU MORTEL QUI RONGE ET DÉSINTÈGRE ESPRITS, ÂMES ET MATIÈRES... L'AUTRE ET UN MAL D'ESTOMAC QUI, NE POUVANT S'APAISER, OUVRE GRANDE LA VOIE AU FLÉAU MORTEL... DEVENANT MORTEL LUI-MÊME ! __ MÉDICATION : L'ÉRADICATION URGENTE S'IMPOSE !!!

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 55, le 04 août 2014

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • __ PRONOSTIC : DEUX MALADIES... DEUX FLÉAUX FRAPPENT LE PAYS. L'UN EST UN FLÉAU MORTEL QUI RONGE ET DÉSINTÈGRE ESPRITS, ÂMES ET MATIÈRES... L'AUTRE ET UN MAL D'ESTOMAC QUI, NE POUVANT S'APAISER, OUVRE GRANDE LA VOIE AU FLÉAU MORTEL... DEVENANT MORTEL LUI-MÊME ! __ MÉDICATION : L'ÉRADICATION URGENTE S'IMPOSE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 55, le 04 août 2014

  • Et en quoi dans cette bataille ou pathetiquement des cheikhs negocient l'arret des combats, le fruit des 3 milliards de dollars d'aide a l'armee offerts par l'arabie en janvier 2014 est-il cueilli?? Comment cet argent a-t-il ete distribue? Notre armee a-t-elle seulement pu beneficier de serieux entrainements? Aurait-elle seulement ose acquerir de puissants canons, des avions militaires?

    Zerbé Zeina

    17 h 17, le 04 août 2014

  • CEUX QUI PAR LEURS INTERVENTIONS AU DELÀ DES FRONTIÈRES ONT INVITÉ CES ÉNERGUMÈNES DES ÂGES LES PLUS ARRIÉRÉS À VENIR LEUR DEMANDER DES COMPTES DANS LE PAYS... TOUT COMME CEUX QUI ESPÈRENT, SOUHAITENT ET FESTOIENT POUR QUE CES BARBARES RÉUSSISSENT DANS LEURS ENTREPRISES... EN L'OCCURENCE L'AGGLOMÉRAT MAUDIT DU 22ème PARALLÈLE DE LA STUPIDITÉ ET DE LA TRAÎTRISE... SONT LES FOSSOYEURS DE CE PAUVRE PAYS ET DE SON PEUPLE EN COMPLET !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 04, le 04 août 2014

  • Même un jour de guerre est de trop , mais comme elle est là il faut y faire face , avis à tous ceux qui peuvent aider à l'éradication de la barbarie salafowahabite binsaoud ,,,,,, le résultat sera comme à Qousseyr , bab hamer , yabroud , le krach etc.... le nettoyage de ersaal et plus tard de Tripoli , INSHALLAAAAAH ...

    FRIK-A-FRAK

    12 h 23, le 04 août 2014

  • Le commandant en chef de la troupe a les meilleures intentions et le plus patriotique objectif devant cette lourde épreuve imposée au Liban et à son armée. "Pour lui, dit cet Eclairage, le grand titre de ces affrontements est clair : la protection de la souveraineté libanaise et le refus de voir la guerre syrienne transposée au Liban". Mais la grande question est comment éviter que cette maudite guerre syrienne "se transpose au Liban" tant que le Hezbollah y est impliqué jusqu'au coup ? Ce dernier participe très efficacement des batailles de Qoussair, de Yabroud et de tout le Qalamoun. La dictature de Damas et lui-même annoncent tambour battant "la grande victoire et la défaite définitive des terroristes dans cette région". En réalité lesdites batailles ont chassé le plus grand nombre de ces "terroristes" vers le jurd de Ersal, de Laboué etc. Comme dit le général Kahwagi, ils préparent soigneusement leur lâche agression en cours contre l'armée à Ersal, et l'arrestation de leur chef, Imad Ahmad Jomaa, n'en est que le point de déclenchement. "Ils se déversent en grand nombre du jurd de Ersal, dit cet article, leur objectif ultime étant la bataille sunnito-chiite et la reddition de compte par le sang, exigée du Hezbollah". Tous ces faits et péripéties découlent directement de la participation du Hezbollah à la guerre syrienne. Alors, encore une fois, comment éviter "la transposition de cette guerre au Liban tant que le Hezbollah y est impliqué ?

    Halim Abou Chacra

    12 h 14, le 04 août 2014

  • Si l'on autorise le franchissement de la frontière vers la Syrie par les miliciens du Hezbollah, comment l'interdire dans l'autre sens? Tout est là!Plutôt que d'utiliser les militaires à tenir des barrages sur les routes libanaises - ce qui est du ressort des Forces de Sécurité INTERIEURE - pourquoi ne concentre-t-on pas les efforts de l'armée à la surveillance des frontières, ce qui est proprement son rôle?

    Yves Prevost

    07 h 19, le 04 août 2014

  • Voilà ...le syndrome gazaouis maintenant surgit chez nous.... ,pour le moment ,les tunnels et l'aide médiatique des gogos occidentaux en moins ...! Et dire... ,qu'il n'y a pas si longtemps... ils voulaient vendre le printemps arabe en kit prêt à l'emploi.....!

    M.V.

    06 h 36, le 04 août 2014

  • "Le ton est donné : cette offensive a été concoctée pour viser l'armée, voire même ce hézébbb chiite, en réaction à l'intervention de ce dernier en Syrie et au fait que cette même armée ferme les yeux sur cette intervention chiite. Et comme quoi l'urgence était d'imposer un contrôle plus strict dans les camps des réfugiés afin que ces derniers ne se transforment pas en îlots anti-le bien-aimé Bachâââr. Ce n'est certes pas par hasard, qu'ont été mentionnés ces camps de réfugiés, bases de soutien aux forces anti-bachâââr à l'intérieur de Ëérsâââl. En sus, la ville regroupe 120 000 réfugiés, et on peut estimer qu'il peut y avoir un potentiel de 30 000 combattants anti-Bachâââr. Mais, où sont donc passés ceux pro-Bachâââr qui avaient été voté lors de la dernière farce de ce même Bachâââr ? Dans les camps de l'autre hézébbb ? Mais ce qui est grave, c'est qu'est affirmé qu'il est désormais temps de reconsidérer toute cette stratégie humanitaire ! Ainsi donc, si ces réfugiés seraient des pro-Bachâââr, on les accepterait, sinon on leur fait la guerre comme celle actuelle !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 17, le 04 août 2014

Retour en haut