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Liban - Éclairage

Un président, avant qu’il ne soit trop tard

Qu'attend-on pour élire un nouveau président ? « Le blocage est provoqué par un homme qui pense pouvoir, avec le temps, bénéficier des appuis nécessaires pour se faire élire, affirme une source diplomatique occidentale à Beyrouth, mais il va commencer à comprendre que cette bataille n'est pas nécessairement à son avantage, et donc que le temps est mûr pour faire autre chose. »
Et le diplomate d'ajouter : « S'il est impossible aujourd'hui d'imposer une solution, un compromis futur sur un candidat fort restera à mon avis improbable. Si donc un compromis doit se faire sur un candidat consensuel, autant le faire tout de suite. Aujourd'hui, on a le choix entre plusieurs candidats. Pourquoi attendre un moment où il y aura moins de marge de négociation ? »


« Il existe bien une autre éventualité, enchaîne-t-il, c'est que les chrétiens s'entendent et qu'une partie décide d'appuyer l'autre, en échange de certaines conditions. Mais c'est plus une hypothèse qu'autre chose, d'autant que les camps en présence sont prisonniers de leurs alliances. On ne peut non plus défaire en quelques semaines l'hostilité de plusieurs années. »
« La situation au Liban doit être interprétée à la lumière des développements régionaux et internationaux, savoir la rivalité entre les États-Unis et la Russie, poursuit la source citée. Le Liban, voyez-vous, a la chance d'être un trop petit pays pour qu'on se le dispute, comme l'Irak ou la Syrie. Il peut donc – pour le moment au moins – préserver sa neutralité et consolider sa démocratie. Ce sera un atout précieux, si les choses vont vers la confrontation. L'accord sur le nucléaire n'est pas en vue dans l'immédiat. Même si la date butoir du 20 juillet, c'est dans quelques jours, mais il est presque certain que l'Iran va demander un délai supplémentaire de quelques mois. La protection internationale dont jouit le Liban en ce moment pourrait lui faire défaut, dans le cas d'une impasse et d'une généralisation de la confrontation. Voyez vous-même ce qui se passe à Gaza, ainsi que les tirs sur Israël à partir du Liban. Certains veulent sans doute profiter de la faiblesse du Hezbollah, engagé en Syrie, et il existe par ailleurs des parties en Israël qui sont hostiles à un rapprochement entre les États-Unis et l'Iran, et qui font tout pour le compromettre. Il faut donc utiliser sagement le moment présent pour consolider les institutions, la sécurité, en prévision de la tempête qui vient, ou disons qui peut venir. Il ne faut pas jouer au sort la stabilité du Liban. »


Pour sa part, le diplomate occidental pense que la région va vers la négociation et que les pourparlers sur le nucléaire vont aboutir, même s'ils prennent encore quelques mois. Il n'envisage pas, non plus de bouleversements des frontières, malgré les apparences, car cela pourrait provoquer des réactions en chaîne dans d'autres parties du monde. À son avis, « comme cela s'est passé pour le Liban », il y aura « des déplacements de population » et la création « d'ensembles communautaires homogènes », des zones d'influence, des régions autonomes. « Mais, nuance-t-il, il est difficile de savoir ce que ces gens ont dans la tête. »
« Mais cela n'est qu'un avis, ajoute-t-il. L'accord sécuritaire tient, mais il reste fragile. Si la volonté internationale n'est plus là, si le Liban est pris dans la grande bataille, l'accord sécuritaire saute en quelques minutes. C'est vrai que la présence ou l'absence d'un président n'aurait peut-être pas beaucoup d'importance dans ce cas, mais sa présence aurait certainement un pouvoir équilibrant. Sinon, l'État pourrait être pris en otage et divisé entre les camps en présence. Il est donc important que les institutions fonctionnent. »


En ce qui concerne l'État islamique, le diplomate estime qu'il s'agit « d'un drapeau fonctionnel, quelque chose de courte durée, surtout parce qu'il est né comme ça, sans histoire. Ce n'est pas une lutte de libération nationale. Cet État est là pour provoquer une redistribution de forces et d'influence, mais même leurs alliés ne les appuient pas officiellement. Quelle est la consistance de ce projet et est-ce que les États "amis" peuvent l'appuyer ? Est-ce ça le nouveau visage de l'islam qui sort du printemps arabe ? Donc il me semble plutôt que c'est une structure temporaire créée pour contenir l'influence iranienne. C'est le jeu des nations et il devient de plus en plus complexe. Hélas, ce sont les populations civiles qui en paient le prix, et qui le paieront encore pour un temps, car nous devons envisager que le conflit va continuer à faire des victimes. C'est à se demander pour combien de temps encore le monde arabe va être plongé dans la pauvreté, pour ne rien dire de l'aspect humanitaire du problème et des déplacés par millions. Voyez ce qui s'est passé au Liban. Les blessures de la guerre ne se guérissent pas comme ça ».


Voit-il un « complot » dans l'afflux des réfugiés syriens au Liban ? « Écoutez, répond-il, vous êtes en Syrie, vous devez fuir. Où allez-vous ? En Irak, non, en Turquie, peut-être, ça dépend de la zone, et il y a le problème de la langue. En Jordanie ? Peut-être, mais le choix le plus facile, c'est le Liban. Et c'est naturel. En Jordanie, les réfugiés sont parqués dans une grande prison, sous le soleil... ce n'est pas une vie. Il n'y a qu'au Liban que les réfugiés sont relativement libres dans le millier de regroupements qui se sont créés. Et pour le moment, en dépit de toutes les contradictions et de toutes les difficultés, le Liban tient. Incroyable ! »

 

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