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Liban - Liban

Roumieh et sa prison, otages de la terreur islamiste

Les mesures sécuritaires entourant les 270 islamistes détenus à Roumieh rendent difficile la vie des 2 500 autres détenus, de leurs familles et des experts de l'Association Justice et Miséricorde. L'ONG a décidé hier d'y suspendre son activité.

12 ans après son ouverture, le centre de Roumieh de l’Ajem, très apprécié des familles des détenus, a été fermé volontairement. Photo ANI

Cela fait déjà quelques jours que les habitants de la région de Roumieh, au Metn, se plaignent du renforcement des mesures sécuritaires dans ce village accueillant la plus grande prison du pays. Depuis l'ascension de Daech qui a carrément menacé de faire sauter l'établissement pénitentiaire pour libérer les fameux détenus islamistes du bâtiment B, la psychose sécuritaire s'est emparée des habitants qui, en plus de devoir subir ces lugubres rumeurs, n'ont quasiment plus de liberté de circulation. Pour quitter leurs domiciles ou pour y revenir, ils se voient obligés de faire de longs détours ou de subir interrogatoires et fouilles aux dizaines de barrages érigés par l'armée. Et dans ce climat de protestation générale, l'Association justice et miséricorde (Ajem), connue pour sa mission auprès des détenus dans les prisons libanaises, a haussé le ton. Hier, l'ONG a annoncé la fermeture de sa maison d'accueil en face de la prison de Roumieh, ouverte depuis 12 ans, dénonçant « la prise en otage de la région de Roumieh par les islamistes de la prison ».


« Nous avons décidé de fermer notre maison d'accueil car l'État a malheureusement décidé de transformer la prison de Roumieh en une prison sécuritaire, a expliqué le père Hadi Aya, président de l'association, à L'Orient-Le Jour. Une prison est censée être un endroit de réhabilitation et de réinsertion sociale pour les détenus afin qu'ils puissent penser à un nouveau projet de vie et rejeter toute mauvaise conduite. Mais la prison de Roumieh est devenue un vrai ghetto sécuritaire avec toutes ces mesures, et il est impossible de travailler avec les détenus dans une telle ambiance. Nous n'arrivons pas à circuler librement ni à rendre visite aux prisonniers comme il se doit, alors que nombre d'entre eux nécessitent un suivi psychologique régulier. Il est temps de déporter ces quelque 200 prisonniers vers une autre prison car ils prennent en otages le reste des 2 700 détenus ainsi que leurs familles ».

 

(Pour mémoire : Prisons : Nouhad Machnouk appelle les banques à la rescousse)

 

Souffrances...
Active depuis 1998, l'Ajem prend en charge la défense des droits des prisonniers au Liban dans plus de 22 prisons et dans les lieux de détention des Palais de justice. Aidée en cela par des experts, des médecins, des psychologues et des psychiatres, elle assure un suivi médico-psycho-social et juridique aux détenus, activant ainsi les procès et les demandes de libération. Des actions généralement requises par des avocats, que l'association fournit aux détenus de manière gratuite, sans oublier le travail de réhabilitation, notamment en faveur des toxicomanes. Ses experts, par ailleurs, sont autorisés par l'État à avoir accès aux prisons. « Dans notre centre de Roumieh, nous recevons généralement les familles des prisonniers qui nous font part de leurs plaintes, de leurs soucis ainsi que de ceux des détenus, explique Hana Nassif, cofondatrice de l'association. Des membres des forces de l'ordre y sont également présents pour recevoir les plaintes des parents de détenus. C'est un service unique que nous y offrons, mais nous sommes aujourd'hui contraints de fermer ce lieu et d'arrêter en quelque sorte notre activité à Roumieh. » Et d'expliquer : « Les psychologues n'arrivent plus à suivre leurs patients de façon régulière en raison des mesures de sécurité. Les parents également. Ces derniers sont parfois contraints de marcher plus de deux kilomètres en portant des provisions pour voir leurs fils. Sans contact avec leurs familles, sans assistance sociale et avec toutes ces rumeurs de terrorisme qui circulent, nos prisonniers souffrent. Partout dans le monde, l'on sépare les prisonniers à situation particulière des prisonniers du droit commun. Il est temps qu'on fasse de même. »

 

(Pour mémoire : Au Liban, 63 % des prisonniers sont en détention provisoire)


Si l'Ajem a décidé de fermer son centre de Roumieh et a annoncé sa décision lors d'une conférence de presse, le père Hadi Aya a pourtant affirmé que les centres d'Antélias et de Rabieh resteront ouverts et que les visites vers Roumieh se feront rares. « Notre prison de réhabilitation est dans la ligne de mire des terroristes, et la panique est semée dans le village de Roumieh qui accueille également une école et une université », a regretté le président de l'association, qui a par ailleurs dénoncé la mise en place de la pierre de base pour l'édification d'un bâtiment pour les islamistes à Roumieh. « Ces personnes-là doivent être ailleurs. On ne peut pas mettre ensemble ceux qui menacent la sécurité de l'État et des prisonniers qui ont simplement commis un vol ou écrasé un citoyen par accident », a-t-il expliqué. Remerciant les forces de l'ordre pour leur longue coopération, le père Hadi Aya a accusé la caste politique de ne pas avoir pris les bonnes décisions en gardant les islamistes à Roumieh. « Même les forces armées sont menacées au quotidien par ces prisonniers du bâtiment B qu'elles n'osent même pas fouiller, a-t-il ajouté. Si la prison est un lieu de réhabilitation sociale, ces quelque 200 détenus en ont fait un lieu servant à ourdir leurs machinations. Internet, téléphones, tout leur est assuré. Ils sèment la panique, mettent en danger toute une région, alimentent la psychose sécuritaire, et le reste des détenus et leurs familles en paient le prix ! »

 

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commentaires (1)

Choquant!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Que fait le gouvernement ou le semblant de gouvernement???????????????????

Georges Zehil Daniele

15 h 59, le 17 juillet 2014

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Commentaires (1)

  • Choquant!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Que fait le gouvernement ou le semblant de gouvernement???????????????????

    Georges Zehil Daniele

    15 h 59, le 17 juillet 2014

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