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Moyen Orient et Monde - Conflit

Les Kurdes irakiens veulent un référendum d’indépendance

Tractations US tous azimuts pour trouver une solution aux violences.

Les forces de sécurité irakiennes et des partisans du dignitaire chiite Mahmoud al-Sarkhi se sont affrontés à Kerbala, faisant des dizaines de victimes. Photo Reuters

Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a lancé hier un projet de référendum d'indépendance, ignorant les appels à l'unité nationale contre les insurgés sunnites sous peine de voir le pays sombrer dans le chaos. « Cela renforcera notre position et sera une arme puissante » pour nous, a expliqué M. Barzani lors d'une réunion à huis clos au Parlement kurde. M. Barzani, dont les forces se sont emparées à la faveur de la crise de la ville de Kirkouk et d'autres territoires disputés qu'il est déterminé à ne plus jamais rendre, avait prévenu en début de semaine que le Kurdistan envisageait d'organiser ce référendum dans les prochains mois.

« Nous continuons de croire que l'Irak est plus fort s'il est uni », a réagi Josh Earnest, le porte-parole de la présidence américaine.

 

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Les forces irakiennes, dans un premier temps débordées par les insurgés, pourront « probablement » résister à cette offensive et reconquérir les territoires perdus, « mais pas tout seuls », a également estimé hier le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey. Le haut officier a cependant précisé que sa remarque ne présageait pas un engagement américain, et que la première étape de la reconquête serait « d'avoir un partenaire irakien fiable prêt à doter son pays d'un projet auquel tous les Irakiens sont désireux de participer ».

L'émissaire de l'ONU à Bagdad, Nickolay Mladenov, a lui aussi insisté sur la nécessité impérieuse d'un gouvernement d'union. « Si l'Irak ne suit pas sa procédure politique constitutionnelle, quelle est l'alternative ? (...). Il risque de sombrer dans un chaos similaire à la Syrie. Et c'est ce que les gens doivent vraiment comprendre, très très vite », a déclaré M. Mladenov. « Mettez de côté vos différends et vos ambitions personnelles, a-t-il lancé à l'adresse des dirigeants irakiens. Il sera temps plus tard de s'occuper de cela. Maintenant, c'est le moment pour vous de chercher un moyen de sauver le pays. »

 

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Parallèlement, les États-Unis ont lancé des tractations tous azimuts dans la région en vue d'un accord sur un gouvernement d'union. Le vice-président américain Joe Biden et Ossama al-Noujaïfi, ancien président (sunnite) du Parlement, ont insisté sur l'urgence de « former rapidement un nouveau gouvernement qui soit en mesure d'unir le pays ». Le président Barack Obama a contacté le roi Abdallah d'Arabie saoudite, poids lourd sunnite de la région, pour lui demander d'user de son influence. Le secrétaire d'État John Kerry a pour sa part tenté d'insister lors d'un entretien téléphonique avec M. Barzani sur le rôle de premier plan que devaient jouer les Kurdes dans la formation de ce gouvernement à Bagdad.

Dans le même temps, le Premier ministre Nouri al-Maliki a élargi aux officiers de l'armée de Saddam Hussein son offre d'amnistie, dans une tentative de conciliation visant à fissurer la coalition hétéroclite des insurgés, menés par les jihadistes de l'EI.

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Du Nord au Sud
Sur le terrain, des combats se poursuivaient hier près de Tikrit, prise par les insurgés et visée depuis dimanche par une importante contre-offensive de l'armée. Au prix de violents combats, les forces irakiennes ont repris hier Awja, ville natale de Saddam Hussein, mais le terrain miné ralentissait leur avancée vers Tikrit. « Toutes les maisons et tous les véhicules brûlés (sur la route menant à Tikrit) ont été piégés », a expliqué le gouverneur de la province, estimant qu'il faudrait encore plusieurs jours avant que les soldats ne puissent pénétrer dans la ville. Toujours dans le Nord, une bombe a tué un combattant kurde près de Kirkouk. Et le porte-parole de M. Maliki pour la sécurité a fait état d'affrontements au sud de Bagdad.

 

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En revanche, 32 routiers turcs retenus en otages depuis un mois par l'EI ont été libérés hier en bonne santé, a annoncé le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, rappelant que 49 autres Turcs, le personnel du consulat de Turquie à Mossoul, étaient toujours retenus.

Dans le sud du pays, des dizaines de personnes, peut-être jusqu'à 45, ont été tuées au cours d'affrontements entre les forces de sécurité irakiennes et les partisans d'un dignitaire chiite dans la ville sainte chiite de Kerbala, a-t-on déclaré de sources proches des services de sécurité irakiens. Les affrontements ont éclaté lorsque des policiers et des soldats ont tenté d'arrêter le dignitaire chiite Mahmoud al-Sarkhi , selon un responsable des renseignements au ministère de l'Intérieur et un policier qui en a été témoin. Les forces de sécurité ont dit être allés arrêter Sarkhi alors que ses partisans commençaient à bloquer les rues et à instaurer des postes de contrôle autour de son quartier dans la ville sainte chiite, où se trouve la tombe de l'imam Hussein, et où affluent chaque année des millions de pèlerins chiites.

Enfin, l'Arabie saoudite a procédé au déploiement de 30 000 soldats le long de sa frontière avec l'Irak après le départ de plusieurs milliers de militaires irakiens de cette zone, rapportait la chaîne al-Arabiya, hier.



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