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Moyen Orient et Monde - Irak

Washington balaie d’un revers de main l’annonce d’un califat par Daech

Le groupe jihadiste ne cache pas son ambition d'étendre son hégémonie, alors que les violences ont fait près de 2 000 morts pour le seul mois de juin.

L’EI a bouclé hier Raqqa, en Syrie, avant de parader en ville avec des véhicules et des armes récupérés en Irak. Photo Reuters

Les États-Unis ont affirmé hier que la proclamation par des insurgés islamistes d'un califat couvrant les territoires qu'ils contrôlent à cheval sur l'Irak et la Syrie « ne signifie rien ».
« Nous avons (déjà) vu ce genre de formule » de la part de Daech (État islamique en Irak et au Levant – EIIL, qui se fait désormais appeler État islamique-EI), a ajouté la porte-parole du département d'État Jen Psaki. « Cette déclaration ne signifie rien pour les populations en Irak et en Syrie », a-t-elle déclaré. Daech essaie seulement « de contrôler les populations par la peur », guidés par une « idéologie répressive ». À la veille d'une réunion du Parlement irakien pour amorcer la formation d'un nouveau gouvernement, la représentante de la diplomatie américaine a ajouté que Washington « exhortait les dirigeants irakiens à se mettre d'accord sur les trois postes-clés pour la formation du gouvernement ». La Maison-Blanche a affirmé de son côté que Daech avait lancé une « campagne de terreur avec de grossiers actes de violence et une idéologie répressive qui représentent une grave menace pour l'avenir de l'Irak ».

 

(Dossier : Pour combattre Daech, il faut lutter contre les régimes autoritaires qui alimentent la rhétorique de ce groupe)

 

« Rejetez la démocratie... »
Alors que l'offensive des insurgés a fait près de 2 000 morts pour le seul mois de juin et des centaines de milliers de déplacés, les jihadistes sunnites de l'EI ont néanmoins affiché leur détermination à étendre leur hégémonie en proclamant la création d'un califat. Dans un enregistrement audio diffusé sur Internet, l'EI a prévenu qu'il était du « devoir » de tous les musulmans du monde de prêter allégeance à son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, proclamé « calife Ibrahim ». « Musulmans (...) rejetez la démocratie, la laïcité, le nationalisme et les autres ordures de l'Occident. Revenez à votre religion », a lancé le porte-parole du groupe, Abou Mohammad al-Adnani, dans cet enregistrement auquel Bagdad et Damas n'avaient pas encore réagi hier soir.

 

(Lire aussi : Le califat, un rêve pour les islamistes)

 

Selon Charles Lister, chercheur associé à Brookings Doha, « d'un point de vue géographique, l'État islamique est déjà parfaitement opérationnel en Irak et en Syrie. Il est en outre présent – mais caché – dans le sud de la Turquie, semble avoir établi une présence au Liban, et a des partisans en Jordanie, à Gaza, dans le Sinaï, en Indonésie, Arabie saoudite et ailleurs ». Shashank Joshi, du Royal United Services Institute à Londres, souligne de son côté que si la proclamation du califat « ne change rien matériellement », « ce qui change réellement, c'est (...) l'ambition » de ce groupe, qui montre ainsi sa confiance dans sa force et défie el-Qaëda.
Sur le terrain, les forces gouvernementales irakiennes poursuivaient hier pour le troisième jour consécutif leur contre-offensive pour reprendre Tikrit, ancien fief de Saddam Hussein tombé comme de nombreuses autres régions aux mains des insurgés au cours de leur avancée fulgurante débutée le 9 juin. Des hélicoptères ont bombardé des positions de l'EI au cours de la nuit et une bataille faisait rage hier dans les faubourgs sud de la ville, ont rapporté des habitants. Selon un officier de l'armée, les troupes, qui bénéficient de l'appui de l'aviation, contrôlent des secteurs à la périphérie de la ville située à 160 km au nord de Bagdad. Près de la frontière syrienne, à el-Qaïm, des raids de l'aviation irakienne ont fait cinq morts et six blessés, selon la chaîne al-Arabiya.
Pour aider l'armée irakienne, la Russie a livré cinq avions de combat Sukhoi et les États-Unis ont envoyé des conseillers militaires et des drones pour survoler Bagdad. Mais en raison des combats, la livraison de 36 chasseurs-bombardiers F-16 à l'armée irakienne pourrait être retardée, après l'évacuation de personnels d'une base aérienne importante, a déclaré hier le Pentagone.

 

(Dossier : Vers la fin des frontières de Sykes-Picot ?)

 

Le rôle du Hezb
Par ailleurs, un rapport du Washington Institute for Near East Policy (WINEP) a fait état hier de la présence d'éléments du Hezbollah en Irak, travaillant en étroite collaboration avec des « conseillers » iraniens des gardiens de la révolution. Le rapport établit également que, même modeste vu leur implication massive en Syrie, une présence du parti de Dieu en Irak sera déterminant pour la communauté chiite notamment, et permettra de tenir tête aux jihadistes de l'EI. Le Winep rappelle également que la présence du Hezb en Irak n'est pas nouvelle et qu'elle remonte à 2003, année du début de l'occupation américaine ; une « unité 3800 » aurait ainsi été constituée pour aider les milices chiites, leur fournissant armes et fonds, aide qu'elle continue de fournir aujourd'hui.

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Les États-Unis ont affirmé hier que la proclamation par des insurgés islamistes d'un califat couvrant les territoires qu'ils contrôlent à cheval sur l'Irak et la Syrie « ne signifie rien ».« Nous avons (déjà) vu ce genre de formule » de la part de Daech (État islamique en Irak et au Levant – EIIL, qui se fait désormais appeler État islamique-EI), a ajouté la porte-parole du...

commentaires (2)

Le Hezbollah "libanais" (??) en Irak aussi, dans la nouvelle guerre de Hussein contre Yazid ! Et comment sayyed Hassan Nasrallah veut-il que Daech n'inclue pas le Liban dans son "califat" et sa folie meurtrière ? Quelqu'un de ses lieutenants, sans doute déjà prêts à débiter le refrain "nous avons raison d'aller combattre ces takfiristes chez eux", a-t-il une réponse à cette question ?

Halim Abou Chacra

09 h 41, le 01 juillet 2014

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Commentaires (2)

  • Le Hezbollah "libanais" (??) en Irak aussi, dans la nouvelle guerre de Hussein contre Yazid ! Et comment sayyed Hassan Nasrallah veut-il que Daech n'inclue pas le Liban dans son "califat" et sa folie meurtrière ? Quelqu'un de ses lieutenants, sans doute déjà prêts à débiter le refrain "nous avons raison d'aller combattre ces takfiristes chez eux", a-t-il une réponse à cette question ?

    Halim Abou Chacra

    09 h 41, le 01 juillet 2014

  • DRONES ET SUKHOI... BONS À RIEN. DES FORCES PARAMILITAIRES NE PEUVENT ÊTRE AFFRONTÉES QUE PAR DES FORCES PARAMILITAIRES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 02, le 01 juillet 2014

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