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À La Une - Liban

Après l'attentat, au delà de la peur, comme une forme de résignation dans la banlieue sud de Beyrouth

Un soldat libanais à l'endroit où a été perpétré, dans la nuit du 23 au 24 juin, un attentat à la voiture piégée, à l'entre de la banlieue sud de Beyrouth. AFP PHOTO/ANWAR AMRO

D'habitude, Tarek n'a pas peur. Mais hier soir, "l'explosion a été particulièrement forte". Ce chauffeur de taxi libanais habite la banlieue sud de Beyrouth, derrière l'endroit où a explosé, dans la nuit de lundi à mardi, une voiture piégée. "Mes trois filles, âgées de 16, 10 et 3 ans, se sont réveillées. Elles étaient totalement paniquées. Alors j'ai dit aux plus jeunes que le bruit, c'était un mariage", raconte-t-il à L'Orient-Le Jour.

L'attentat a fait un mort, un inspecteur de la Sûreté générale, et une quinzaine de blessés.

Tarek, âgé d'une quarantaine d'années, a eu peur, mais il se veut également quelque peu fataliste. Depuis l'engagement du Hezbollah aux côtés des troupes de Bachar el-Assad en Syrie, la banlieue sud de Beyrouth, bastion du parti chiite, a été la cible d'une série d'attentats revendiqués par des mouvements jihadistes sunnites. L'attentat de lundi soir était en outre le deuxième en trois jours, un attentat suicide ayant été perpétré, vendredi, à un barrage des Forces de sécurité intérieure (FSI) à Dahr el-Baïdar. Un homme avait été tué.

"Le Liban a toujours connu une situation sécuritaire délétère", lâche Tarek, résigné et calme.

Imad, lui, se montre plus nerveux. Fervent partisan du Hezbollah et résidant également dans la banlieue sud, il refuse de faire tout commentaire.

Selon toute vraisemblance, le kamikaze tentait de faire exploser sa voiture, chargée de 25 à 40 kilos d'explosifs selon les sources, au coeur de la banlieue sud; d'autant que les cafés de l'endroit étaient bondés de jeunes qui suivaient sur grand écran les matches du Mondial.

 

Hoda Ayach, une mère de famille, affiche, pour sa part, une certaine sérénité. "Tout est normal. Il n'y a rien..", assure-t-elle. Il y a seulement trois jours, Hoda et sa famille, décidés à profiter du premier week-end marquant la fin de l'année scolaire, avaient fui la touffeur de leur maison dans la banlieue sud de Beyrouth, et se prélassaient dans la cour ombragée d'une maison de campagne à Harrouf, non loin de Saïda. Au programme, parties de carte dans des effluves de narguilé à la pomme ou au raisin, baignades dans la rivière voisine, le Kaakaiyat el-Jisr, et longs banquets à base de fattouche, tabbouleh et autres kafta... Le ciel était bleu, l'air léger. "Ce sont de véritables bombes à eux tout seuls", riaient les parents alors que les jumeaux de Hoda, Amine et Ali, deux jeunes de 11 ans assez corpulents, sautaient dans l'eau du fleuve.

Si l'attentat sonne comme un méchant retour à une sombre réalité, il ne suffit pas à ébranler Hoda. "L'attentat a eu lieu très loin de chez nous. La voiture a explosé au niveau du barrage de l'armée, elle n'est même pas entrée dans la banlieue sud", explique-t-elle, en assurant que sa fille, par exemple, est allée travailler, comme d'habitude.

Pas question, pour Hoda non plus, de changer ses habitudes de vie. "En 2006, pendant la guerre contre Israël, alors que mes filles avaient 15 et 16 ans et mes garçons seulement trois ans, et que les habitants de la banlieue sud prenaient la fuite (en raison des bombardements israéliens contre ce quartier, ndlr), nous sommes restés chez nous à la maison". Pourquoi? "Parce qu'on y est bien, c'est confortable", répond la mère de famille. "On avait passé un jour seulement dans un refuge. Mais, on est tout de suite rentré chez nous...", confirme son mari, Issa, lui aussi chauffeur de taxi.

Lui se montre toutefois plus inquiet que son épouse. "Personne ne sort, nous avons peur qu'un nouvel attentat, pire encore, se produise", déclare-t-il. "Chacun a peur, qu'il habite dans la banlieue sud ou pas", poursuit-il, notant au passage que les routes étaient beaucoup moins embouteillées ce matin.

 

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D'habitude, Tarek n'a pas peur. Mais hier soir, "l'explosion a été particulièrement forte". Ce chauffeur de taxi libanais habite la banlieue sud de Beyrouth, derrière l'endroit où a explosé, dans la nuit de lundi à mardi, une voiture piégée. "Mes trois filles, âgées de 16, 10 et 3 ans, se sont réveillées. Elles étaient totalement paniquées. Alors j'ai dit aux plus...

commentaires (2)

LE CLAVIER AFFAMÉ AVAIT MANGÉ LE RESTE. JE CORRIGE : IL Y VA DE L'EXISTENCE DE CE PAUVRE PAYS !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 07, le 25 juin 2014

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Commentaires (2)

  • LE CLAVIER AFFAMÉ AVAIT MANGÉ LE RESTE. JE CORRIGE : IL Y VA DE L'EXISTENCE DE CE PAUVRE PAYS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 07, le 25 juin 2014

  • TOUS AU DIALOGUE ET À L'ENTENTE... SANS PERDRE UNE MINUTE DE PLUS... IL Y VA DE L'EXISTENCE DE CE PAUVRE PO

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 13, le 24 juin 2014

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