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Moyen Orient et Monde - Crise

Kiev décrète un cessez-le-feu d’une semaine, Moscou dénonce un « ultimatum »

Porochenko lance un ambitieux plan de paix ; Washington garde un œil vigilant sur les mouvements de troupes russes à la frontière.

Dans un camp militaire de Slovianogirsk, à environ 30 km de l’un des épicentres des combats dans la région de Slaviansk, le président ukrainien Petro Porochenko consulte des soldats... bien camouflés. Mykhailo Markiv/Reuters

Le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré hier un cessez-le-feu d'une semaine pour permettre aux rebelles prorusses de déposer les armes et lancer un ambitieux plan de paix.
Le président prooccidental a annoncé le début du cessez-le-feu à Slovianogirsk, à environ 30 km de l'un des épicentres des combats dans la région de Slaviansk, lors de sa première visite dans l'Est depuis son investiture le 7 juin. « C'est plus que suffisant (sept jours) pour débuter le processus de désarmement, commencer à mettre en place une zone tampon le long de la frontière entre la Russie et l'Ukraine », a-t-il ajouté, évoquant deux mesures de son plan de paix. La présidence a précisé que le cessez-le-feu « ne signifie pas que nous ne répondrons pas en cas d'agression contre nos troupes ».
Après avoir montré de l'optimisme quant à ce plan de paix, Moscou s'est vite rétracté. « Une première analyse montre malheureusement que ce n'est pas une invitation à la paix et à des négociations, mais un ultimatum adressé aux insurgés du sud-est de l'Ukraine pour qu'ils déposent leurs armes », a réagi le service de presse du Kremlin, cité par les agences russes.
Un chef rebelle avait plus tôt rejeté les conditions du processus de paix. « Personne ne déposera les armes tant qu'il n'y aura pas de retrait complet des troupes de notre territoire », a déclaré Valerii Bolotov, un dirigeant de la république séparatiste autoproclamée de Lougansk, cité par l'agence Interfax Ukraine. Interrogé à Donestk, Oleg, un militant séparatiste de 45 ans, faisait écho à ce refus : « On ne peut pas parler de cessez-le-feu alors qu'actuellement les Ukrainiens tirent sur les civils en utilisant l'aviation, l'artillerie... »
Depuis avril, les combats dans l'Est entre les insurgés séparatistes et l'armée ont fait au moins 370 morts et menacent l'unité de l'Ukraine, ancienne république soviétique qui doit sceller un accord d'association historique avec l'Union européenne. Selon le porte-parole du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Volodimir Tchepovii, 13 soldats ont été tués au cours des derniers combats.
La Russie, de son côté, a fait état hier d'un incident au cours duquel un « tir » effectué depuis le territoire ukrainien sur un poste-frontière russe a blessé un douanier, et a demandé « une explication et des excuses » après cet incident, selon le service de presse du Kremlin, cité par les agences de presse russes.

« Un couloir pour les mercenaires »
L'annonce du cessez-le-feu inaugure un plan de paix dont les termes ont été discutés jeudi soir au téléphone par Petro Porochenko et le maître du Kremlin Vladimir Poutine, lors de leur second échange en une semaine, un fait inédit. Cet entretien a été suivi quelques heures plus tard d'un autre échange entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son nouvel homologue ukrainien Pavlo Klimkine, nommé mercredi. Les Russes ont « souligné l'importance d'une désescalade du conflit, de la réduction des tensions et de la nécessité d'assurer la sécurité de tous les citoyens de l'Ukraine, ainsi que de la mise en place d'un large dialogue national », a indiqué hier M. Lavrov.
Le plan en 15 points, selon le site de la présidence, stipule notamment la fin de « l'occupation illégale » des bâtiments de l'administration régionale de Donetsk et Lougansk contrôlés par les rebelles, l'organisation rapide d'élections législatives locales et un programme pour la création d'emplois dans la région. Il évoque en outre « la garantie d'un couloir pour les mercenaires russes et ukrainiens pour partir » et la protection de « la langue russe par le biais d'amendements à la Constitution ». Le document relève aussi que « le président ukrainien garantit la sécurité pour tous les habitants de la région quelles que soient leurs convictions politiques », en référence au soutien d'une partie de la population locale aux rebelles jugeant que les troupes ukrainiennes « tuent le peuple ».

Liste noire
Dans ce contexte, plusieurs responsables occidentaux ont dénoncé un renforcement des troupes russes à la frontière avec l'Ukraine. Après le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, qui a évoqué jeudi un « pas en arrière regrettable », un responsable américain a réitéré hier ces accusations.
Les États-Unis n'accepteront pas la présence ni l'intervention de troupes russes dans l'est de l'Ukraine, a ainsi averti hier la Maison-Blanche. « Nous surveillons la situation de près. Nous n'accepterons, sous aucun prétexte, l'emploi de forces militaires russes dans l'est de l'Ukraine », a déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest. « Les informations venant de Moscou selon lesquelles le ministère russe de la Défense envisage de créer des cordons militaires dans l'est de l'Ukraine sont également inquiétantes », a ajouté M. Earnest.
Dans ce contexte, le président français François Hollande s'est joint à son homologue américain Barack Obama pour brandir hier la menace « de nouvelles mesures contre la Russie » faute de désescalade en Ukraine. Outre ces mises en garde, les États-Unis ont placé sept séparatistes d'Ukraine sur leur liste noire hier en brandissant la menace de sanctions « chirurgicales » conjointes avec l'Europe contre les secteurs russes de la finance, de la défense et de la haute technologie.
La Russie, par la voix du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s'est dit « surprise » hier par ces accusations, assurant qu'il ne s'agissait que de mesures liées à la protection de la frontière, décidées il y a plusieurs semaines. « Il n'y a aucun renforcement (de troupes). Une plus grande intention est simplement portée à la frontière car la situation nous inquiète », a abondé le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov, ajoutant que « les gardes-frontières reçoivent quelques renforts ».
Le ministre ukrainien de la Défense, Mikhaïlo Koval, a, lui, déclaré que le pays avait fermé sa frontière « aux chars ou autres blindés que les séparatistes pourraient tenter d'introduire depuis la Russie ».
(Sources : agences)

Le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré hier un cessez-le-feu d'une semaine pour permettre aux rebelles prorusses de déposer les armes et lancer un ambitieux plan de paix.Le président prooccidental a annoncé le début du cessez-le-feu à Slovianogirsk, à environ 30 km de l'un des épicentres des combats dans la région de Slaviansk, lors de sa première visite dans l'Est depuis...
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