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Liban - La situation

Présidentielle : le régime syrien cherche à entrer dans la danse

Le dossier de la présidentielle a été au centre de la réunion, hier, à Rabieh, entre le chef du Courant patriotique libre, Michel Aoun, et le député Henry Hélou, candidat à la présidence.

Vu à l'aune des développements survenus ces dernières quarante-huit heures dans la région, en particulier en Irak, le dossier de la crise présidentielle libanaise apparaît de plus en plus comme un détail d'importance très relative. De là le risque réel d'une vacance prolongée à Baabda, personne n'étant disposé, à ce stade, à accomplir un forcing pour si peu.

De fait, le déferlement soudain des jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL, connu en arabe sous le sigle de « Daech », une organisation affiliée à el-Qaëda) sur l'ensemble des régions sunnites irakiennes, y compris la zone riche en pétrole de Kirkouk-Mossoul, fait entrer le bras de fer en cours pour le contrôle de la région dans une nouvelle phase, donnant à l'affrontement un caractère à la fois plus global et plus crucial.

 

(Lire aussi: En Irak, les jihadistes se rapprochent de leur objectif : la création d'un État islamique)



La carte géopolitique de ce que l'on appelait jadis le Croissant fertile s'en trouve sérieusement bouleversée. Pour mesurer l'ampleur de ce bouleversement, il suffit d'adjoindre les régions conquises par Daech en Irak au territoire que cette organisation contrôle dans le nord-est de la Syrie. On observe ainsi la formation progressive d'un grand ensemble sunnite plus ou moins homogène allant de l'est d'Alep jusqu'aux confins de Bagdad.
Cet ensemble est limité au nord et à l'est par le Kurdistan (syrien et irakien), au sud par le désert et à l'ouest par une bande relativement étroite dont seulement la partie centrale, qui longe la frontière libanaise, est contrôlée par le régime syrien avec le concours du Hezbollah.

 

(Lire aussi: Avancée de Daech en Irak : quelles répercussions au Liban ?)



Et c'est dans ce contexte explosif que le régime assadiste, qui vient de renouveler son contrat d'autolégitimation, cherche à revenir sur la scène politique libanaise dans le cadre de sa stratégie visant à se présenter, avec l'aide de l'Iran, comme étant l'alternative à Daech.
Bachar el-Assad a donc décidé de réinvestir le jeu politique local par le canal de la présidentielle libanaise. Dans des propos que lui attribuait hier le journal al-Akhbar, le président syrien s'est prononcé en faveur de l'élection du général Michel Aoun à la première magistrature.

Ce faisant, M. Assad a pris les devants par rapport au 8 Mars qui s'est abstenu jusqu'à présent d'officialiser la candidature du chef du CPL. Hier même, le député Sleimane Frangié, qui s'est rendu au domicile du général à Rabieh, a ainsi réitéré son soutien au « candidat chrétien fort », sous-entendu Michel Aoun. Pour le reste, M. Frangié a brandi la menace d'un boycottage du gouvernement si le camp adverse (le 14 Mars) continue à se dérober, à ses yeux, à un consensus sur la présidentielle, laissant entendre que le « candidat fort » serait finalement imposé, de gré ou de force.

Beaucoup d'observateurs, notamment du côté du 14 Mars, notent cependant que la prise de position de Bachar el-Assad en faveur du général Aoun ne peut qu'être dommageable à ce dernier, dans la mesure où elle jette encore un peu plus de discrédit sur la qualité de candidat consensuel qu'il revendique.

 

(Lire aussi: Raï : Le salut des institutions passe avant tout)


En tout état de cause, la situation reste pour l'instant au point mort. Une source diplomatique occidentale estime que cet état des choses pourrait se prolonger pendant des semaines, voire des mois, tant que le rapport des forces demeurera inchangé.
Selon cette source, il existe toutefois quatre facteurs susceptibles de modifier la donne et de hâter le déroulement de la présidentielle, avant que la situation régionale se décante : une déstabilisation du pays au plan politique et sécuritaire, une aggravation intolérable de la crise économique, un accord – jugé improbable – entre acteurs libanais ou encore une pression accrue de la part de Bkerké qui pourrait, par exemple, convoquer des assises réunissant les députés maronites, avec distribution de « cartons rouges » aux absentéistes.

On n'en est pas là pour le moment. Tout ce que l'on peut dire, c'est que les tractations vont se poursuivre, notamment la semaine prochaine, à Paris, avec l'entrevue attendue entre le chef du courant du Futur, Saad Hariri, et le leader druze Walid Joumblatt.
Elles se dérouleront, comme ces jours derniers, sur fond d'escalade continue dans les tribulations populistes et démagogiques en matière sociale.

 

Lire aussi
Le Hezbollah et son « roi nu »
, l'article de Michel Hajji Georgiou

C'est sur incitation de Téhéran que le Hezbollah bloque la présidentielle, l’éclairage de Philippe Abi-Akl

Emballement dans la région, statu quo au Liban, l’éclairage de Scarlett Haddad

Vu à l'aune des développements survenus ces dernières quarante-huit heures dans la région, en particulier en Irak, le dossier de la crise présidentielle libanaise apparaît de plus en plus comme un détail d'importance très relative. De là le risque réel d'une vacance prolongée à Baabda, personne n'étant disposé, à ce stade, à accomplir un forcing pour si peu.
De fait,...

commentaires (6)

OU : LA VALSE SOUS LE PONT DES SOUPIRS !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 09, le 12 juin 2014

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Commentaires (6)

  • OU : LA VALSE SOUS LE PONT DES SOUPIRS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 09, le 12 juin 2014

  • SUR CETTE PHOTO, ON VOIT UN MERCENAIRE CANDIDAT DU HEZBOLLAH, ET UN AUTRE CANDIDAT DU CAMÉLÉON JOUMBLATT.

    Gebran Eid

    13 h 58, le 12 juin 2014

  • Avec l’Iran aussi, la confiance d’Assad est presque aveugle, tout en étant rationnellement expliquée : « notre allié iranien est parfaitement conscient que la guerre contre la Syrie le vise aussi car elle vise tout l’axe de la résistance », dit-il. Tout aussi hardi, il affirme que « ce n’est pas l’allié iranien qui va changer sa position sur la Syrie. Il est beaucoup plus ferme que le croient certains. Ce sont les Etats-Unis et l’Occident qui ont commencé à envoyer des signaux de changement. Le terrorisme se trouve désormais chez eux.... »

    FRIK-A-FRAK

    12 h 20, le 12 juin 2014

  • Pauvre régime Syrien qui n'a plus son mot à dire pour élire un président ou nommer un ministre ou un député au Liban. Le bon vieux temps est bien fini pour ce régime aux abois. Carlos Achkar

    Achkar Carlos

    11 h 51, le 12 juin 2014

  • En des circonstances de plus en plus graves sur tous les plans, qui martyrisent ce pays et menacent réellement son existence même, il est absolument nécessaire d'aller droit su but et de dire les choses sans aucun, mais aucun détour. Le régime fasciste syrien n'est jamais sorti de la "danse" en tous les domaines dans ce pays, même par ses complots subversifs à la Michel Samaha-Ali Mamlouk. En effet dès les premiers instants de l'éclipse de sa néfaste et criminelle tutelle, le Hezbollah iranien a remplacé celle-ci avec éclat et grande efficacité. La vérité salutaire exige cependant que l'on insiste plus que jamais sur la couverture totale à toutes les actions du régime fasciste de Damas et du Hezbollah, même les plus criminelles et les plus nocives au Liban, donnée généreusement, pour leurs intérês personnels, par les deux chefs politiques chrétiens -maronites- dont il s'agit dans cette analyse de la situation.

    Halim Abou Chacra

    06 h 54, le 12 juin 2014

  • L'APPUI DU CHIMIQUE À L'ISSIMO FAIT SE LEVER, ET À RAISON, LES BOUCLIERS... ET MINIMISE LES CHANCES D'UNE ACCEPTATION DES QUATORZISTES DE SA CANDIDATURE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 34, le 12 juin 2014

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