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Liban - Liban

M. Machnouk à « L’OLJ » : Bientôt un décret sur la gestion des déchets

Le ministre Mohammad Machnouk s'exprime sur les perspectives du traitement des déchets ménagers, un dossier qui risque de (re)devenir explosif.

Mohammad Machnouk : « Nous envisageons de modifier le plan directeur des carrières. »

À moins de huit mois de la date présumée de fermeture de la décharge de Naamé, un plan alternatif de gestion des déchets semble incontournable. Mais verra-t-il le jour ? Interrogé sur cette question, le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk assure qu'un décret sur la gestion des déchets devrait figurer de manière imminente à l'ordre du jour du Conseil des ministres. « Ce décret porte sur une solution fondée sur le tri à la source, le recyclage, la séparation des déchets en usine, le compostage avec construction d'usines supplémentaires, le combustible dérivé de déchets (ou leur utilisation comme combustible), les techniques de compostage rapide... », souligne-t-il.


« Toutefois, selon nos études, il y aura, dans tous les cas de figure, quelque 600 tonnes de déchets inertes qui devront être enfouis dans des décharges, ajoute M. Machnouk. Ces déchets ne représentent aucun danger. » Il précise que ce projet, quand il sera annoncé, devra être considéré comme une responsabilité partagée. « Les municipalités devront mener les campagnes, mettre en place le plan, bénéficier des rentrées du recyclage », dit-il.


Interrogé sur les protestations de certaines municipalités qui s'opposent déjà à la création de nouvelles décharges, le ministre rappelle que ce plan doit être mis en place d'ici à 7 ou 8 mois tout au plus. « Nous ne pouvons nous passer de décharges, du moins pour les déchets inertes, dit-il. Le Conseil des ministres est compréhensif. Si certaines municipalités sont contre l'établissement de nouvelles décharges, il faut dialoguer avec elles et ne pas laisser l'expérience de Naamé influer sur leur jugement. De toutes les façons, ces nouvelles décharges n'accueilleront que les déchets inertes. »


Et d'ajouter : « Notre point de divergence avec les écologistes, c'est qu'ils sont convaincus que les citoyens vont être engagés dans le processus de tri à 100 % et très vite. Or si nous prenons le cas de la Suède, un pays qui applique ces préceptes depuis longtemps, il n'a toujours réussi à mobiliser que 62 % de sa population. Il faut donc responsabiliser les municipalités car je doute que le taux des volontaires au tri à la source totalisent plus de 25 à 30 % les premiers temps. »


L'adoption de tels concepts dans ce nouveau décret présenté par le ministère signifie-t-elle que le plan fondé sur la technologie d'incinération avec récupération de l'énergie (« Waste to Energy ») a été mis de côté ? « Le "Waste to Energy" reste une option, au cas où les autres s'avèrent impossibles à mettre en place, dit-il. De toutes les façons, cette solution, si on l'adopte, ne peut être finalisée avant trois ans. Nous avons passé un accord avec le bureau Rambol (qui a effectué l'étude sur la mise en place d'un tel système au Liban) pour qu'il nous prépare un cahier des charges. Nous nous concentrons cependant sur l'adoption d'une des alternatives en priorité. »
Le ministre rappelle que l'incinération avec récupération d'énergie est monnaie courante dans les villes européennes, mais il n'en demeure pas moins que cette technologie nécessite de trouver une solution pour les cendres qui en résultent.

 

Et la polémique autour du barrage de Janné ?
Sur un autre plan, nous avons interrogé le ministre Machouk sur les dernières informations concernant l'examen de l'étude d'impact environnemental sur le barrage de Janné (Nahr Ibrahim). Rappelons que les travaux sur ce barrage avaient été entamés sur ce site par le ministère de l'Énergie, avant que le ministre de l'Environnement ne demande leur arrêt vu que l'étude d'impact environnemental ne lui avait pas été soumise. Après un échange de communiqués entre les deux ministères, l'étude a finalement été remise à l'Environnement il y a quelques semaines.


M. Machnouk nous indique que l'examen de l'étude se poursuit et qu'il aurait une réponse imminente à communiquer à son propos. Il reconnaît avoir rappelé, dans un de ses communiqués, qu'une étude d'impact environnemental n'est plus valable au-delà des deux ans, sachant que celle du barrage de Janné date de 2008. « C'est ce que stipule le décret sur les études d'impact environnemental, dit-il. De plus, nous avons noté un conflit d'intérêts puisque l'étude a été effectuée par la même partie qui a conçu le barrage. »
Que se passera-t-il si le rapport sur cette étude est négatif ? « Nous accomplirons notre devoir jusqu'au bout et déclarerons ce qu'il nous faut déclarer, afin qu'on ne nous reproche pas de ne pas l'avoir fait, dit-il. Je ne peux savoir ce qui se passera après cela. »


À une dernière question sur les carrières illégales dont il avait demandé la fermeture, le ministre a reconnu qu'elles sont, selon toute vraisemblance, toujours en activité, étant donné les protections politiques qui couvrent leurs propriétaires. « Nous avons repris le plan directeur actuel des carrières pour le modifier, souligne-t-il. Nous allons soumettre un projet au Conseil des ministres visant à préparer des régularisations pour les carrières aujourd'hui illégales. Leurs exploitants auront un an pour y investir tout en se consacrant à la réhabilitation des sites dégradés. Nous espérons que cela fonctionnera. »

 

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