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À La Une - Eclairage

En France, la difficile prévention du jihad meurtrier

Selon les chiffres du gouvernement, 780 personnes vivant dans l'Hexagone auraient ainsi rallié les rangs de groupes jihadistes en Syrie.

La police française procède à l'arrestation d'un présumé islamiste radical le 4 avril à Roubaix. Photo AFP

"Quand ils sont revenus, ces jeunes-là, ils avaient une aura dans le quartier": sonnés par l'arrestation de plusieurs jeunes de retour de Syrie, éducateurs et imams des cités sensibles de Strasbourg, dans l'est de la France, s'avouent souvent désarmés face à la tentation du jihad meurtrier.

Strasbourg et son quartier populaire de la Meinau s'est retrouvé à la une la semaine dernière quand des commandos de policiers y ont interpellé plusieurs jeunes jihadistes présumés. Ils faisaient partie d'un groupe d'une douzaine de personnes parties mi-décembre pour la Syrie en prétextant des vacances au soleil. Au total sept jeunes âgés de 23 à 25 ans ont été mis en examen et écroués pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".

Dans le quartier, leur retour n'était un secret pour personne. "Ils allaient même jouer au foot avec les gamins du quartier", raconte un habitant.
"Quand ils sont revenus, ces jeunes-là, ils avaient une aura dans le quartier. Ils ont décrit les morts, les sacrifices devant des jeunes, parfois admiratifs", relate Michel Hamm, qui dirige l'association OPI (orientation-prévention-insertion). Comme tout un chacun, cet éducateur de rue avoue avoir été "surpris" d'apprendre le départ de l'un d'entre eux vers la Syrie, qui travaillait encore l'été dernier comme animateur. "Il est marié. On n'a rien vu venir", déplore-t-il, encore abasourdi.

Selon les chiffres du gouvernement, 780 personnes vivant en France auraient ainsi rallié les rangs de groupes jihadistes en Syrie. Dont la soeur de Mohamed Merah, petit délinquant franco-algérien rallié à l'islam radical, qui avait tué quatre juifs, dont trois enfants, et trois militaires à Toulouse (sud-ouest) au nom du jihad en 2012. Elle serait partie en Syrie avec ses quatre enfants, au grand embarras des autorités qui ont promis à l'avenir une loi pour empêcher ce type de départs.

(Lire aussi : La Côte d'Azur aurait échappé de justesse à un attentat jihadiste)


Dans les larges rues sans âme de la Meinau, difficile pour une jeunesse en déshérence de croire en la France. Ici, le chômage dépasse les 20%. "Ils ne se voient aucun avenir professionnel. Ils se sentent inutiles. Des prédateurs en profitent pour leur retourner le cerveau", glisse un animateur qui souhaite garder l'anonymat.

Endoctrinement éclair

Pour ces jeunes en manque de repères, l'islam radical donne un sens à la vie et répond à leur soif d'idéal et d'engagement physique. "On ne les a pas vus se radicaliser. Cela faisait quelque temps qu'ils ne fréquentaient plus la mosquée", affirme l'imam du quartier de la Meinau, Saliou Faye.

Les suspects avaient pour la grande majorité un casier judiciaire vierge et étaient bien intégrés. Dès lors, sans signe avant-coureur, comment repérer et éviter ces radicalisations éclair?
Les écouter et argumenter. Encore et toujours. C'est la seule méthode qui vaille, explique Michel Hamm: "Ils n'ont pas accès à une pluralité de messages. A nous donc de leur faire prendre du recul".
Démystifier les discours religieux extrémistes, ajoute le vice-président du Conseil régional du culte musulman (CRCM) en Alsace, Abdelhaq Nabaoui, qui se dit prêt à intervenir dans les collèges et les lycées, pour donner "une vision claire de l'Islam, compatible avec les valeurs de la République". Il plaide également pour la création d'une faculté musulmane à Strasbourg, pour "former des cadres religieux compétents", à mille lieux "de ces imams autoproclamés qui embrigadent leurs recrues en catimini".

A chacun de ses prêches, Saliou Faye invite ses fidèles à faire le "jihad social", et "intérieur". "Le jihad, c'est offrir le meilleur de soi-même pour accomplir le bien, en aidant ses proches ou en se concentrant sur ses études. Tuer des innocents en Syrie, c'est haram, interdit", répète-t-il inlassablement.

Une fois passés la stupeur et le fatalisme, les quartiers aussi se mobilisent. A la Meinau, un collectif contre "l'endoctrinement jihadiste" s'est créé après la mort de deux frères, qui faisaient partie du même groupe de jeunes partis en décembre. Des débats à huit clos ont été organisés.

Pour beaucoup, l'arsenal déployé par le gouvernement est insuffisant. "La prison seule n'est pas la solution définitive. En Angleterre, ils sont pris en charge à leur retour et suivent des thérapies entourés de psychologues, d'imams et de policiers", fait valoir Farhad Khosrokhavar, sociologue et chercheur.


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"Quand ils sont revenus, ces jeunes-là, ils avaient une aura dans le quartier": sonnés par l'arrestation de plusieurs jeunes de retour de Syrie, éducateurs et imams des cités sensibles de Strasbourg, dans l'est de la France, s'avouent souvent désarmés face à la tentation du jihad meurtrier.Strasbourg et son quartier populaire de la Meinau s'est retrouvé à la une la semaine...

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Comment le pays constate la connerie de son hollandouille !

FRIK-A-FRAK

20 h 52, le 25 mai 2014

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Commentaires (1)

  • Comment le pays constate la connerie de son hollandouille !

    FRIK-A-FRAK

    20 h 52, le 25 mai 2014

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