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Liban

La force du Liban dans l’unité de la Montagne

J'ai vu il y a quelques années un film chypriote primé dans plusieurs festivals européens. The Last Homecoming, de Corina Avraamidou, relate l'histoire d'une famille
grecque-orthodoxe qui passe son dernier été, en 1974, dans son village au nord de Chypre. Le film se termine par la lecture d'une lettre, envoyée des années après l'occupation turque, par le voisin musulman, Aziz, resté sur place et qui raconte à ses anciens amis qu'il continue d'arroser et d'élaguer les plantes de leur jardin en espérant un jour leur retour.
Samedi, à Brih, j'aurais voulu interviewer un Aziz, j'aurais voulu retrouver l'atmosphère festive et légère des 7 et 8 août 2001, quand le patriarche maronite Nasrallah Sfeir s'était rendu dans le Chouf pour sceller avec le chef du PSP, Walid Joumblatt, la réconciliation druzo-chrétienne. À cette époque, le retour des chrétiens avait été entamé, voire achevé, dans les localités que le chef de l'Église maronite avait visitées, et les blessures de la guerre civile et des massacres qui avaient opposé des frères ennemis depuis 1860 s'estompaient peu à peu.
Brih, samedi, avec ses maisons dynamitées, ses églises détruites et ses tombes profanées, et avec le poids de ses morts chrétiens et surtout druzes, tués entre 1977 et 1983, avait l'air d'un frigo qui avait préservé intacts les mauvais souvenirs de la guerre.
Brih peut servir de leçon que toutes les communautés libanaises devraient méditer. Une leçon portant sur les armes qui donnent une impression d'invincibilité et d'invulnérabilité à ceux qui les portent, qui brouillent leur lecture de l'avenir et qui les poussent à commettre de lourdes erreurs. Les chrétiens du pays l'ont appris à leurs propres dépens dans le Chouf et à l'est de Saïda. Une autre communauté, toujours aveuglée par le pouvoir de ses armes, finira, elle aussi, par découvrir cette vérité.
Samedi, avec le retour des déplacés de Brih, le dossier de la guerre de la Montagne, le cœur du Liban, a été officiellement clos. Frères ennemis, probablement depuis qu'ils se sont retrouvés sur le même territoire, les druzes et les maronites du Liban ont préservé l'indépendance de la Montagne sous l'Empire ottoman grâce à leur unité, et l'ont perdue avec leurs dissensions et leurs luttes pour le pouvoir à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.
Reste à savoir si un jour les leaders druzes et chrétiens seront assez courageux pour retrouver une véritable alliance – semblable à celle du passé – et servir de catalyseur pour édifier les bases d'un Liban fort, uni, indépendant et souverain.

 

J'ai vu il y a quelques années un film chypriote primé dans plusieurs festivals européens. The Last Homecoming, de Corina Avraamidou, relate l'histoire d'une famillegrecque-orthodoxe qui passe son dernier été, en 1974, dans son village au nord de Chypre. Le film se termine par la lecture d'une lettre, envoyée des années après l'occupation turque, par le voisin musulman, Aziz, resté sur...
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