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Liban - Conseil des ministres

Le Conseil des ministres se penche enfin sur les échangeurs de Jal el-Dib

La question des nominations a fait que le Conseil des ministres s’est tenu à Baabda et non au Sérail comme prévu initialement. Photo Dalkati et Nohra

Une connexion routière pour l'entrée à Jal el-Dib à partir de l'autoroute côtière et la nomination de cinq nouveaux mohafez : tel est l'exploit réalisé hier par le Conseil des ministres.

Pour commencer, la règle des menaces a, une fois de plus, joué. Le Conseil des ministres a approuvé ainsi le déblocage d'une somme dont le plafond ne dépasserait pas 58 millions de dollars pour l'aménagement d'une structure routière faciltant l'entrée et la sortie sur l'autoroute nord au niveau de Jal el-Dib.
La décision a été prise après les menaces brandies par la population de Jal el-Dib d'interrompre la circulation sur l'autoroute pour protester contre le retard mis à exécuter les travaux routiers permettant l'entrée et la sortie à Jal el-Dib.

Une commission ministérielle présidée par Samir Mokbel, vice-président du Conseil des ministres, étoffée de membres du CDR, a été chargée de sélectionner le type d'ouvrage (pont ou tunnel) qui doit rétablir la liaison directe de Jal el-Dib avec l'autoroute.

(Pour mémoire : Un pont métallique temporaire à Jal el-Dib?)

Pour rester dans le domaine des routes, 71 ans après l'indépendance, le Conseil des ministres a approuvé une loi-programme de 24 millions de dollars pour la construction d'une route reliant le village de Toufayl (enclavé en territoire syrien) au réseau routier libanais. Jusqu'à présent, en effet, c'est par la Syrie que l'on pouvait atteindre ce village frontalier.

Une autre décision importante prise par le Conseil des ministres : la nomination de cinq mohafez (administrateurs) : Ziad Chbib (grec-orthodoxe, proche du métropolite Élias Audeh) à Beyrouth; Bachir Khodr (alaouite, proche du tandem chiite) à Baalbeck-Hermel ; Fouad Fleyfel (sunnite, proche du 14 Mars) au Mont-Liban ; Ramzi Nohra (grec-catholique, proche du CPL) au Liban-Nord ; et Imad Labaky (minorités, proche du courant de feu Nassib Lahoud et du 14 Mars) au Akkar.
Ces nominations se sont accompagnées de l'acceptation de la démission de Nassif Kalouche, ancien administrateur du Mont-Liban, éclaboussé par une affaire de harcèlement sexuel.
Par ailleurs, Antoine Sleiman, frère du président Michel Sleiman et mohafez de la Békaa, a été maintenu à son poste, malgré les appétits manifestés pour son poste par le CPL.

La nomination à Baalbeck-Hermel de Bachir Khodr a été accueillie avec une vive satisfaction par sa communauté. Le député Khodr Habib (bloc du Futur) a précisé que ce geste est « le fruit de trois ans d'efforts personnels pour obtenir la nomination d'un mohafez de confession alaouite ».
« Il s'agit d'une première dans l'histoire de la République libanaise », s'est-il exclamé.
Et le député de noter que « la nomination prouve que les droits de la communauté alaouite sont beaucoup mieux assurés par les voies politiques que par le recours aux menaces et à la violence de certains groupes ».

(Lire aussi : Sleiman : Il est du devoir de la communauté internationale d'œuvrer à la neutralité du Liban)

Réserves
Le ministre Michel Pharaon a par contre exprimé des réserves à l'égard des nominations, qui n'étaient pas inscrites à l'ordre du jour du Conseil des ministres, contrairement à ce qui avait été convenu. C'est d'ailleurs ce qui avait conduit le Conseil des ministres à se réunir à Baabda, et non au Grand Sérail.
Avec d'autres ministres, comme Waël Abou Faour et Akram Chehayeb, il a souhaité qu'à l'avenir ces listes soient distribuées 48 heures à l'avance.
Mais le ministre du Tourisme s'est quand même félicité de la nomination d'un mohafez à Beyrouth. Cela faisait neuf ans (!), a-t-il précisé, que cette position était vacante.
Si les ministres druzes ont déploré qu'aucun membre de leur communauté n'ait été nommé hier, il semble toutefois qu'avec cette entrée en matière, des nominations en souffrance pourraient être effectuées dans les prochaines semaines. On parle ainsi de Mayssam Noueiry à la direction générale de la Justice, ainsi que de pourvois aux directions générales suivantes : douanes, coopérative des fonctionnaires, ministère de l'Économie et ministère du Travail.

Vifs échanges Harb-Bassil
Le Conseil des ministres a été marqué en outre par de vifs échanges entre les ministres des Télécoms, Boutros Harb, et des Affaires étrangères, Gebran Bassil, à la suite d'une intervention de M. Harb dans laquelle il s'était étonné de ce que son prédécesseur, Nicolas Sehnaoui, avait engagé en l'espace de 2 ans des dépenses d'équipement de 650 millions de dollars sur la téléphonie mobile et de 100 autres millions de dollars sur le téléphone fixe, sans aucun recours aux organismes de contrôle.
« L'accusez-vous de vol ? » s'est indigné M. Bassil. Mais Boutros Harb ne l'a pas suivi sur ce terrain. Il s'est contenté d'affirmer qu'il considérait ces dépenses irrégulières, sinon injustifiées, et qu'en application de ses prérogatives, il en avait saisi le parquet financier.
Le ministre Michel Pharaon a appuyé à ce propos la démarche de son collègue des Télécoms, soulignant qu'il était inconcevable que de telles dépenses soient engagées sans le recours aux organismes de contrôle. « Il est temps de relancer le rôle des organismes de contrôle », a souligné sur ce plan M. Pharaon.

(Pour mémoire : Le Conseil des ministres défère les attentats-suicide et à la voiture piégée devant la Cour de justice)

Le Mondial
Sur un tout autre plan, le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, a indiqué, en réponse à une question sur la possibilité pour le Libanais moyen d'assister à la retransmission du Mondial qui s'ouvre bientôt à Rio, que la chaîne al-Jazira sports en avait pris l'exclusivité, et qu'un accord est envisagé par l'État avec cette chaîne pour permettre aux amateurs d'assister à ces matchs sans se ruiner.

Préambule
Notons enfin qu'en préambule du Conseil des ministres, le chef de l'État avait abordé la question de l'échéance présidentielle et encouragé l'élection d'un nouveau président de la République dès mercredi prochain, « même s'il faut pour cela multiplier les tours de scrutin ». « Ce serait là une saine pratique démocratique », a-t-il relevé.
Le chef de l'État s'est par ailleurs félicité des progrès enregistrés au niveau du plan de sécurité, mais il a redit que, sur le plan humanitaire, il n'était plus normal que la transfusion démographique se poursuive entre la Syrie et le Liban. Enfin, il s'est prononcé à nouveau en faveur de l'initiative de paix arabe telle qu'elle avait été adoptée au sommet arabe de Beyrouth au début des années 2000.


Lire aussi

Travaux de force, l'éditorial de Issa Goraieb

Postillons, l'article de Ziyad Makhoul

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