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Moyen Orient et Monde - Crise

L’Ukraine s’enflamme

Kiev lance un assaut contre Slaviansk ; Obama et Merkel menacent la Russie de sanctions plus sévères.

À Odessa, dans le sud du pays jusque-là épargné par les violences, un incendie criminel a causé la mort de 31 personnes. Photo Reuters

De nouvelles violences meurtrières et inédites ont secoué l'Ukraine hier, notamment dans sa partie orientale.
Kiev a ainsi lancé hier une opération militaire dans la ville de Slaviansk, perdant quatre militaires et deux hélicoptères. Lancée aux petites heures de la matinée (01h30 GMT), l'opération s'est par la suite figée en un face-à-face sous tension, avant de reprendre dans la soirée en des « combats intenses » qui ont fait passer le bilan à quatre morts parmi les soldats ukrainiens, selon le ministère de la Défense. « Les criminels ont essuyé de lourdes pertes : beaucoup de morts et de blessés, de nombreux prisonniers.  Malheureusement, nous avons des informations sur deux morts et sept blessés parmi nos soldats », a déclaré le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, dans une adresse télévisée à la nation. Les rebelles avaient pour leur part fait état dans la journée d'un bilan de cinq morts, « trois membres des milices populaires et deux civils tués » dans l'assaut. Selon une porte-parole, les insurgés « ont perdu quatre à cinq postes de contrôle aux limites de la ville ».

 

 

Conseil de sécurité
La Russie, que Kiev et l'Occident accusent de téléguider le mouvement prorusse, a réagi avec virulence à l'annonce de l'opération militaire, qu'elle a qualifiée de « raid de représailles » et de « coup de grâce à l'accord de Genève », péniblement conclu à la mi-avril entre Moscou, Kiev et les Occidentaux. « Les autorités (...) doivent revenir à la raison et mettre fin au meurtre de leurs propres citoyens. Sinon, le pays pourra connaître un bien triste destin », s'est indigné le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev. « La responsabilité de la guerre contre son propre peuple revient à ceux qui prennent des décisions à Kiev », a-t-il ajouté. Pour le président ukrainien, Moscou est en proie à « l'hystérie » et a recours « aux menaces et à l'intimidation ». La Russie a répété son message hier devant le Conseil de sécurité de l'ONU, exigeant que Kiev « mette fin à ses opérations punitives » dans l'est de l'Ukraine, les Occidentaux rejetant pour leur part sur Moscou la responsabilité du regain de tension. Moscou a parallèlement accru sa pression sur Kiev en signalant au cours d'une réunion à Varsovie qu'elle pourrait réduire ses livraisons de gaz à l'Ukraine faute de prépaiement d'ici à la fin mai.

(Lire aussi : L'Ukraine en état d'alerte face à une insurrection prorusse qui s'étale)

Slaviansk fait partie de la douzaine de villes de l'Est ukrainien actuellement sous le contrôle des séparatistes prorusses, mais la situation y est particulièrement sensible en raison de la présence dans la ville des observateurs de l'OSCE retenus sur place par les rebelles depuis une semaine. « Cette attaque à Slaviansk va retarder la libération des membres de l'OSCE », a estimé Denis Pouchiline, leader des séparatistes à Donetsk, la capitale régionale. Le Kremlin, pressé par les Occidentaux ces derniers jours d'intervenir en leur faveur, a annoncé hier avoir dépêché il y a plusieurs jours déjà un émissaire, Vladimir Loukine, pour participer aux négociations sur leur sort. Trois équipes de journalistes occidentaux ont vécu, mais pour quelques heures seulement, une expérience similaire au cours de laquelle ils ont été retenus par des rebelles rendus nerveux par l'assaut des forces ukrainiennes. Le président US Barack Obama a appelé la Russie à contribuer à la libération de ces inspecteurs, dénonçant une détention « scandaleuse » et « inexcusable ».

Le Sud touché
Les troubles ont aussi pris hier une ampleur inédite jusqu'ici dans la ville portuaire d'Odessa, où une manifestation en faveur de l'unité de l'Ukraine a été violemment attaquée par des militants prorusses armés, se soldant par quatre morts et une quinzaine de blessés. Un incendie « d'origine criminelle » a par la suite ravagé la Maison des syndicats, causant la mort de 31 personnes, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Ces violences font donc craindre la propagation de l'insurrection dans le sud du pays. Ces incidents sont d'autant plus inquiétants qu'Odessa se trouve à proximité de la Transdniestrie, république séparatiste prorusse de la Moldavie, contrôlée de facto par Moscou. Le ministère russe des Affaires étrangères s'est dit « indigné » par les violences à Odessa, dénonçant l' « irresponsabilité criminelle » des autorités prooccidentales de Kiev.
Dans ce contexte, le chef du Pentagone Chuck Hagel a estimé hier que les 28 membres de l'OTAN doivent augmenter leur budget consacré à la défense malgré leurs difficultés financières pour faire face à Moscou qui, « sur le long terme », va chercher à « tester » l'Alliance atlantique.

(Lire aussi : La crise ukrainienne a plongé la Russie en récession, selon le FMI)

« Phase 3 »
Sur le plan diplomatique, Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont menacé hier la Russie de nouvelles sanctions en cas de dégradation de la situation en Ukraine. M. Obama a ainsi mis en garde Moscou contre de nouvelles sanctions « sectorielles » si les élections en Ukraine du 25 mai venaient à être perturbées, lors d'une conférence de presse commune à la Maison-Blanche avec Mme Merkel. Cette dernière a prévenu de son côté que l'Europe était prête à lancer la « phase 3 » des sanctions économiques contre la Russie, auxquelles sont cependant opposées plusieurs entreprises. La phase 2 des sanctions concernait des individus tandis que la phase 3 viserait davantage des secteurs économiques. À la Maison-Blanche, les deux dirigeants se sont gardés de préciser les contours nets de telles nouvelles sanctions et réaffirmé tous deux que l'issue de la crise dépendait de la Russie. Les États-Unis avaient déjà adopté lundi, parallèlement à l'UE, des sanctions plus larges, qui visent notamment des entités et des proches de Vladimir Poutine comme Igor Setchine, son conseiller pour l'énergie, ou Sergueï Tchemezov, PDG du groupe technologique Rostec. Les deux dirigeants ont également réitéré leur préférence pour une solution diplomatique à la crise en Ukraine. M. Obama a reconnu les sensibilités différentes au sein de l'UE concernant des sanctions sectorielles contre Moscou, mais a souligné que « tous les pays étaient d'accord pour dire que Moscou a violé le droit international, violé l'intégrité territoriale et la souveraineté d'un pays européen ». Il a toutefois rappelé que « l'énergie va de Russie en Europe, et cela s'est poursuivi même au milieu de la guerre froide. Donc, l'idée selon laquelle on fermera les vannes de tout le pétrole et le gaz russe à l'exportation n'est pas réaliste à mon avis ». Il faisait référence aux menaces russes de réduire l'exportation de gaz vers l'Ukraine pour factures impayées.

Kerry se fâche
Toujours sur le plan diplomatique, le secrétaire d'État américain John Kerry a reporté un entretien téléphonique prévu hier avec son homologue russe Sergueï Lavrov, au cours duquel le chef de la diplomatie russe souhaitait aborder la situation en Ukraine, a indiqué une source diplomatique russe, dénonçant une attitude « irresponsable ». Selon cette source, citée par les agences de presse russes, la conversation devait porter sur la Syrie, mais la diplomatie russe avait demandé d'inscrire à l'ordre du jour la situation en Ukraine. « Washington a aussitôt ajourné l'entretien téléphonique », au moins jusqu'à aujourd'hui, selon cette source.

De nouvelles violences meurtrières et inédites ont secoué l'Ukraine hier, notamment dans sa partie orientale.Kiev a ainsi lancé hier une opération militaire dans la ville de Slaviansk, perdant quatre militaires et deux hélicoptères. Lancée aux petites heures de la matinée (01h30 GMT), l'opération s'est par la suite figée en un face-à-face sous tension, avant de reprendre...
commentaires (5)

Cela pourrait etre la fin de la phase d'observation et le début de la guerre civile.. ou du partge du pays! Comme toujours, on sait comment ça commence mais on ne sait jamais comment ça se termine. Un nouveau foyer? Ce sont les lobbies et les trafiquants d'armes qui se frottent les mains. Les AK47 vont sans doutes se faire entendre et beaucoup de larmes vont couler en Ukraine. Y en a en europe qui commencent à se sentir grugés, voir piégés.. Trop tard, il fallait y penser avant! Etre du coté des djihadistes en Syrie et des ultras non élus en Ukraine, c'est pas bien du tout!

Ali Farhat

01 h 56, le 04 mai 2014

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Commentaires (5)

  • Cela pourrait etre la fin de la phase d'observation et le début de la guerre civile.. ou du partge du pays! Comme toujours, on sait comment ça commence mais on ne sait jamais comment ça se termine. Un nouveau foyer? Ce sont les lobbies et les trafiquants d'armes qui se frottent les mains. Les AK47 vont sans doutes se faire entendre et beaucoup de larmes vont couler en Ukraine. Y en a en europe qui commencent à se sentir grugés, voir piégés.. Trop tard, il fallait y penser avant! Etre du coté des djihadistes en Syrie et des ultras non élus en Ukraine, c'est pas bien du tout!

    Ali Farhat

    01 h 56, le 04 mai 2014

  • Il pensait, le KGBiste Gnome poutinien, pouvoir avaler l'Est-ukrainien comme une bouchée de pain ! Ce ne sont ni des Abkhaziens ni des Ossétiens ! Mets toi ça dans le crâne, Nain !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 25, le 03 mai 2014

  • En Syrie ,selon l'occicon manipule par les sionistes malfaisants , les autorites doivent mettre fin au meurtre de leur propre population et ne pas faire la guerre a leur propre peuple . En Ukraine selon ces memes occicons les puchistes peuvent commettre tous les meurtres qu'ils leur semble possible de faire , c'est permis dans ce cas et c'est pas grave . Poutine le courageux leader ne permettra pas ces injustices , et s'opposera a ces occicons , et leur fera subir l'humiliation qu'ils ont bu jusqu'a la lie en Syrie en voie de liberation par un Homme qui remportera les elections par 99,999999999999% des voix qui s'exprimeront .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 45, le 03 mai 2014

  • UNE AUTRE GUERRE CIVILE INITIÉE PAR LES ABRUTIS VIENT DE COMMENCER. L'OURS PAIE POUR L'ERREUR EN UKRAINE MAIS AUSSI POUR CELLE EN SYRIE ! LES DONNES VONT CHANGER. LES PREMIERS POURRAIENT DEVENIR LES DERNIERS... ET LES DERNIERS LES PREMIERS... ET RIRA BIEN QUI RIRA LE DERNIER... QUI QU'IL SOIT !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 26, le 03 mai 2014

  • En Ukraine, selon Poutine, son Premier ministre Medvedev et son ministre des Affaires étrangères Lavrov", les autorités doivent mettre fin au meurtre de leur propres citoyens et ne pas faire la guerre à leur propre peuple". En Syrie, selon les mêmes responsables russes, le régime peut mener un génocide contre son propre peuple; c'est permis et ça ne fait rien. Obama le lâche et l'Occident qu'il a entraîné dans le sillage de sa lâcheté se sont laissés humilier en Syrie par le tsar Poutine qui est allé trop loin dans son appui inconditionnel au petit Hitler de ce pays. Et les voilà subir, en conséquence, la même humiliation en Ukraine par le même tsar.

    Halim Abou Chacra

    05 h 09, le 03 mai 2014

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