Rien n'est plus désolant, pour ne pas dire écœurant, que le spectacle de nos députés faisant semblant d'élire un président de la République dans un hémicycle où ils n'ont plus rien à dire. Sont-ils pathétiques, avec cette aura glauque, cette nuée de sang, de violence, de deuil et de mauvais souvenirs qui les enveloppe. On les regarde effectuer leur rituel creux et on zappe. Ce n'est définitivement pas avec cette classe politique poisseuse que nous pourrons envisager l'avenir, et il y a bien mieux, en ce moment, pour alimenter les conversations dans les chaumières. Il y a Amal. Et il y a George.
Bien sûr, comme il se doit au Liban, tout le monde a demandé « Bint min ? », oui, de qui est-elle la fille, cette enfant de chez nous, d'un peu chacun de nous, que voilà au bras d'un des célibataires les plus convoités et non moins récalcitrants de la planète ? Amal Alamuddine, ça sonne druze. Les druzes sont farouches sur les questions d'alliances et de mésalliances. Des événements récents ont prouvé qu'il était dangereux de les prendre à la légère, surtout dans la région de Bayssour. Chez les druzes, on boit du maté dans un petit tonneau avec une paille en argent, tradition importée par les premiers émigrés en Argentine. Occasion irrésistible pour l'excellent publicitaire Saïd Francis de détourner le fameux slogan de la marque de café dont George Clooney est l'icône : « Maté, What else ? »
Ainsi de suite, on s'amuse comme on peut en cette période beigeâtre. Mais pas de chance, Amal n'est pas druze.
George, à présent. « Ibn min ? » George Clooney est un produit de l'industrie hollywoodienne qui a fait de ses cheveux poivre et sel et son sourire latin le fantasme de toute une génération de ménagères de moins de cinquante ans. On se contentera de ce pedigree. Si on ne se souvient pas de tous ses films, impossible d'oublier son visage ni, surtout, cette manière intense qu'il a de nous donner envie...de café. George a eu à son bras, dit-on, une danseuse de concours télé, une lutteuse professionnelle, une serveuse de bar. Ainsi sont, paraît-il, les hommes dont rêvent toutes les femmes : mal appariés. La vraie question a donc été posée par l'édition new-yorkaise du célèbre magazine de mode The Cut : « Mais que fait cette déesse avec George Clooney ? » On ne retiendra de la sentence que le mot « déesse ». On s'abstiendra de jaser sur « notre » fiancé, à la veille de l'accueillir dans notre grande famille en décomposition.
Amal n'a pas attendu le bel acteur américain pour exister. Brillante avocate formée à Oxford et New York, elle est elle-même une grande figure des tribunaux internationaux, conseillère de Kofi Annan sur la Syrie, avocate de Julien Assange. Une vraie star que cette alliance va réduire à une « people ». Une déesse donc, que nous aimerions bien voir peupler notre Olympe désolé. Amal pour présidente, s'il vous plaît, Dieu, même un seul jour, elle seule saura y faire. Et qu'elle emmène George. Et qu'ils nous rejouent Monaco à rebours, au temps où Grace arrivait d'Hollywood.
commentaires (6)
CORRECTION ! Merci : "La peopolisation outrancière pâmée...."
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
09 h 16, le 03 mai 2014