Pour marquer la 20e commémoration de son arrestation à l'époque de la tutelle syrienne, le leader des Forces libanaises (FL) et candidat à la présidence, Samir Geagea, a inauguré lundi une "cellule de prison" identique à celle où il a passé plus de onze ans de sa vie, dans les sous-sols du ministère de la Défense.
S'exprimant devant les journalistes invités à cette occasion, M. Geagea a expliqué que cette cellule comporte les mêmes objets qui meublaient son ancienne prison, dont le lit sur lequel il dormait, le modeste bureau installé au coin et les livres qu'il lisait. "Cette cellule est une réplique exacte de celle du ministère de la Défense" (où il était enfermé), a dit le leader chrétien. "Dans la forme et pas dans le contenu...", a-t-il précisé. "Depuis la fin de la tutelle syrienne, la prison du ministère se conforme à la loi et ses cellules ne ressemblent plus aujourd'hui à celle que vous êtes en train de visiter", a ajouté M. Geagea.
(Voir : Qu'attendez-vous du prochain président ? Les Libanais, à travers le pays, répondent)
"Voici les vêtements que je portais, le lit où je me couchais, le bureau sur lequel je faisais mes lectures, et là près du bureau, le coin où je faisais des exercices", a expliqué le leader des FL aux journalistes invités à la tournée. "Derrière ces portes métalliques, je pouvais entendre les cris des militants FL qui se faisaient torturer, a ajouté le candidat à la présidence. J'essayais d'alléger leur souffrance et de les réconforter depuis ma cellule en chantant +Ma tkhafich ana mouch nasiki+ ('Ne t'inquiète pas, je ne t'ai pas oublié', en français; une chanson connue du chanteur égyptien Amro Diab)".
Photo Aldo Ayoub
M. Geagea a par ailleurs évoqué les moyens qu'il utilisait pour résister face à ses geôliers : "La prière venait toujours en premier, a-t-il dit. Il y avait aussi le chant, la lecture, la patience et l'entretien de la cellule après chaque opération de fouille. Je savais que j'étais dans une situation de confrontation, mais j'étais bien préparé à y faire face grâce à la patience et au calme, en éloignant le sentiment de peur et de découragement, même si je devais quand même être vigilant par peur d'une éventuelle tentative d'assassinat".
(Repère : Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise)
A la question de savoir s'il avait déjà imaginé, depuis sa cellule, qu'il allait un jour présenter sa candidature à la présidence, M. Geagea raconte un épisode survenu en prison : "Un jour, un des agents pénitentiaires m'a lancé un regard méprisant. Je lui ai alors demandé de ne plus me regarder comme ça parce qu'un jour il me verrait assis à la place du ministre de la Défense".
Samir Geagea a été le seul chef de guerre à avoir été emprisonné après le conflit qui a fait 150.000 morts au Liban entre 1975 et 1990. Il a été relâché après 11 ans de prison en vertu d'une amnistie décrétée après le retrait syrien du Liban.
Photo Aldo Ayoub
"Je n'ai pas honte de mon passé, a assuré le leader des FL. J'avoue que j'ai commis des erreurs, comme tout le monde, et je me suis déjà excusé pour ces erreurs devant l'opinion publique. Mais mon passé est étroitement lié à celui du Liban, a-t-il ajouté. J'aurais aimé que les autres apprennent de ce passé au lieu de m'accuser de tous les maux".
Et d'ajouter : "Ces erreurs que j'ai faites ont été commises en temps de guerre. Le vrai criminel est celui qui continue à commettre ces erreurs après la fin de la guerre et après le redressement de l'Etat".
(Verbatim : le discours-programme de Geagea pour la présidence de la République)
A la fin de la tournée, M. Geagea a souligné la nécessité de "tirer les leçons du passé douloureux afin d'ouvrir une nouvelle page sans haine, ni rancune".
Les députés libanais ont été convoqués le 23 avril à une réunion pour élire un nouveau chef de l'État devant succéder à Michel Sleimane dont le mandat s'achève le 25 mai. Jusqu'à présent, seul Samir Geagea a officiellement fait acte de candidature. Ce dernier a annoncé mercredi son programme électoral.
Vendredi, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, avait mis en garde contre tout "aventurisme" dans les candidatures à l'élection présidentielle, laissant entendre que celle du leader des F.L. pourrait retarder le déroulement de cette échéance.
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commentaires (4)
Qu'il se soit excuse c'est bien , mais de la a en faire une justification/argument pour etre president de la republique du Liban c'est grave pour les jeunes qui doivent prendre exemple . C'est comme si on leur disait tuez , massacrez collaborez et un jour vous serez president si vous arrivez a vous en sortir , quelle moraliteeeeeee !!!! ????
FRIK-A-FRAK
10 h 35, le 22 avril 2014