Hobeika : il y a une « exagération » dans l’inquiétude face à la grille des salaires

« Le dossier de la grille des salaires des fonctionnaires ne devrait pas être traité sous un angle purement comptable, mais plutôt appréhendé de façon économique, financière et sociale », a affirmé l'économiste Louis Hobeika dans un entretien accordé à l'agence al-Markaziya. Selon lui, l'adoption de la grille va automatiquement enclencher un cercle vertueux, avec un accroissement des salaires, des dépenses et donc des impôts. « La grille des salaires se finance par elle-même », a-t-il affirmé, s'appuyant sur le fait que « le Liban est un pays de consommation et l'effet multiplicateur va naturellement réactiver les marchés ».
Répondant à ceux qui craignent une inflation et l'effondrement de la valeur de la livre libanaise comme en 1992, M. Hobeika assure que « la situation a changé ». « À l'époque le pays venait de sortir de 15 années de guerre, ses institutions financières étaient fragiles et les réserves en devises de la Banque du Liban (BDL) largement inférieures à celles d'aujourd'hui », a-t-il indiqué.
Concernant la proposition d'échelonner le paiement de la grille des salaires, l'économiste a affirmé qu'il ne s'y opposait pas, contrairement aux syndicats, mais qu'il était plus enclin à l'envisager sur deux ans que sur cinq, comme proposé par les commissions parlementaires mixtes. Par ailleurs, sur la proposition visant à mettre un terme aux transferts de l'État à Électricité du Liban (EDL), M. Hobeika s'est montré prudent : « Un arrêt brusque pourrait s'avérer contre-productif et causerait une dégradation de l'institution, mais l'éventualité est envisageable à long terme. »
Enfin, pour réduire l'impact de la grille des salaires sur l'économie, M. Hobeika a insisté sur « l'importance pour les institutions publiques de s'attaquer à la corruption dans le secteur de l'électricité, du port et des douanes, ainsi que d'améliorer la collecte des impôts ».