Le chef de l'Etat libanais Michel Sleiman s'est dit dimanche "désolé de la décision de certains piliers de la conférence de dialogue de ne pas participer à la séance de demain", espérant qu'ils prendront part aux séances qui vont suivre. "Nous avons appelé au dialogue afin de discuter de la stratégie de défense et des moyens de redonner l’exclusivité de l'usage des armes à l'Etat et d'arriver à avoir une armée face à laquelle des lignes rouges ne sont pas tracées", a déclaré M. Sleiman lors du premier festival de l'alphabet à Jbeil.
Les Marada de Sleimane Frangié ont annoncé il y a quelques jours qu'ils n'assisteront pas à la conférence nationale de dialogue de lundi. Le Bloc de "l’unité de la Montagne", présidé par le chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane, a également annoncé dimanche qu'il ne participera pas à la réunion.
Même décision de la part des Forces libanaises qui ont annoncé de la bouche du député Fady Karam qu'ils n'ont pas changé de position à l'égard de la conférence de dialogue à laquelle ils ne participeront pas. "Les conditions du dialogue ne sont pas réunies, cette réunion est une perte du temps", a-t-il déclaré à la Radio du Liban.
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a de son côté gardé le flou autour de la participation de son parti. "Les récentes déclarations vont certainement affecter notre décision, a-t-il déclaré lors d'un discours samedi. Nous sommes libres de prendre la décision que nous jugerons juste au moment opportun".
La réponse implicite au Hezbollah
"La liberté, l’indépendance et la souveraineté ainsi que la distanciation (du Liban) sont des valeurs que nous ne laisserons pas tomber", a en outre déclaré le chef de l'Etat.
Répondant implicitement à Hassan Nasrallah, Michel Sleiman a souligné que "la déclaration de Baabda a été adoptée par la communauté internationale dans son approche de la situation au Liban". Et de poursuivre : "Certains auront beau se vanter, un pays doté d'une armée comme l’armée libanaise sortira sûrement vainqueur".
S'adressant au président sans le nommer, le chef du parti chiite a affirmé samedi que les critiques lancées contre la formule "peuple-armée-résistance" sont "sans fondement".
Le Hezbollah et le chef de l'Etat sont à couteaux tirés depuis que Michel Sleiman a qualifié, lors d'un discours début mars à l'Université Saint-Esprit de Kaslik, d'"équation en langue de bois", cette formule portée par le parti chiite. Des déclarations auxquelles le Hezbollah avait répondu en estimant que M. Sleiman ne savait pas faire la "différence entre l'or et le bois" et que le président requérait des "soins spéciaux".
"Quels sont vos arguments?, a demandé Hassan Nasrallah. Pourquoi dites-vous que cette formule a échoué? Cette formule a réussi à libérer la terre, alors que la diplomatie avait échoué à le faire. La résistance a réussi à protéger le Liban et à libérer les détenus dans les prisons israéliennes. La résistance a réussi à imposer le Liban comme acteur régional incontournable. La résistance libanaise vaut de l'or, elle vaut bien plus que le pétrole ou le gaz, a-t-il ajouté. L'or va rester de l'or, a poursuivi Hassan Nasrallah. Si quelqu'un le qualifie de bois, l'or se changera-t-il en bois ? Je ne le crois pas."
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commentaires (4)
La formule "Armée, peuple, milice du Hezbollah" est évidemment à rejeter, on l'espère, définitivement. La pseudo-résistance a effectivement obtenu(au prix d'une rançon exorbitante: la vie de 1200 civils libanais) la libération de trois hommes, prisonniers en Israël. Outre qu'aucun d'eux n'avait jamais combattu pour le Liban (L'un étant condamné pour un crime horrible: l'assassinat à coups de crosse de fusil d'une fillette de 4 ans!}, il faut ajouter que la milice en question n'a jamais levé le petit doigt pour faire libérer les centaines de prisonniers (de vrais résistants, ceux-là) qui croupissent encore dans les geôles syriennes. Pas de quoi se vanter, donc!
Yves Prevost
08 h 13, le 31 mars 2014