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Moyen Orient et Monde - Le point

Quand la justice coûte cher...

« Hénaurme », aurait écrit le grand Flaubert à l'issue du simulacre de procès qui vient de se dérouler à Minya, dans le sud de l'Égypte, le plus important dans l'histoire du pays. Pensez donc : 529 personnes condamnées après un examen de leur cas qui n'aura duré que deux jours et seize autres reconnues innocentes. Précisions d'une relative importance : ils n'étaient que 153 dans le box des accusés, jugés – ainsi que leurs complices aujourd'hui en cavale – pour l'assassinat d'un officier de police du poste de Matay, le 14 août dernier.
L'affaire a donné lieu à une série de réactions et commentaires émanant des quatre coins de l'univers. Il y a ainsi ceux qui se disent « outrés » par la sévérité de la sentence, ceux qui brandissent haut l'étendard des droits de l'homme, ceux qui n'hésitent pas à parler de vendetta, les Américains qui dénoncent un « tribunal kangourou », ceux enfin qui jouent le jeu en feignant de croire que les potences sont pour demain alors qu'il n'en est rien. À Washington, la porte-parole du département d'État Marie Harf s'est chargée de parler au nom de tous les tartuffes pour se dire « choquée » et a laissé entendre que l'assistance au régime (1,5 milliard de dollars dont 1,3 à l'armée) pourrait être réexaminée, tout en sachant qu'une décision ne vas pas être prise. La raison ? Elle est double : un certain traité de paix signé jadis avec Israël et le canal de Suez, irremplaçable pour l'heure...
Le lendemain mardi, les juges ont fait preuve d'une inhabituelle lenteur. Soixante-dix-sept des 683 Ikhwane, dont le guide suprême de la confrérie Mohammad Badih, jugés pour le même crime, ne connaîtront leur sort que le 28 avril prochain. Les autres bénéficient déjà d'une liberté sous caution ou bien continuent à être recherchés par les forces de l'ordre.
Il est évident, en dépit des cris d'orfraie poussés ici ou là, qu'il n'y aura pas d'exécution capitale ; il est tout aussi clair que le pouvoir cherche à intimider ses opposants ; il est certain que l'on assistera dans les jours qui viennent à un pourvoi en appel ; enfin, il est extrêmement douteux que la plus haute autorité religieuse, le grand mufti, se laisse aller à entériner les décisions de la justice.
Il conviendrait d'attendre quelque temps pour savoir si les
décisions de lundi et mardi feront leur effet et intimideront des Frères musulmans qui ont toujours su mettre à profit la clandestinité pour mieux s'organiser et étendre le champ de leurs activités sociales et religieuses. Sous la royauté comme par la suite du temps de Gamal Abdel Nasser et de Hosni Moubarak, le mouvement est parvenu à se fondre dans la masse, surtout dans les gouvernorats éloignés de la capitale, et à peaufiner un prosélytisme qui devait faire ses preuves par la suite. Pour l'instant, ses porte-parole se déchaînent contre l'État, accusé de tous les maux, contre les militaires, invités à regagner leurs casernes, et contre un Occident jugé trop pleutre et qui tient un double langage. Pour sa part, le gouvernement observe un profil bas, se contentant de répondre aux critiques par un laconique « Nous n'intervenons pas dans le cours de la justice » qui ferait sourire en d'autres circonstances.
Dans la quasi-totalité des vingt-sept mohafazats, les tribunaux croulent sous les procès, sans parler des poursuites engagées contre des journalistes d'al-Jazira, la chaîne de télévision qatarie, devenue l'ennemi à abattre. Les derniers ponts ont été rompus en février, date à laquelle les envoyés spéciaux ont été accusés de diffuser de fausses nouvelles. Quatre d'entre eux – deux Britanniques, un Australien et une Néerlandaise – auraient fourni à des ressortissants locaux de l'argent et des équipements pour propager à l'étranger des rumeurs de guerre civile. Huit autres, des Égyptiens, ont échappé à la police. Depuis, les locaux d'al-Jazira Moubacher Misr demeurent fermés et les chaînes locales affûtent leurs armes en prévision de révélations que l'on dit « dévastatrices » sur les complots dont Doha se rend coupable.
L'agitation dont fait preuve l'un des plus petits pays du Proche-Orient, mais qui se trouve être le principal producteur de gaz, le maréchal Abdel Fattah el-Sissi n'en a cure. Son objectif, assurer son élection à la présidence de la République, il est en passe de l'atteindre, assuré du soutien de l'armée, de l'appareil civil et surtout de la population dont une importante partie voit en lui un nouveau Nasser. Contre de tels atouts, les Ikhwane peuvent-ils quelque chose ? Non pour l'instant. Mais demain, après-demain ?...

« Hénaurme », aurait écrit le grand Flaubert à l'issue du simulacre de procès qui vient de se dérouler à Minya, dans le sud de l'Égypte, le plus important dans l'histoire du pays. Pensez donc : 529 personnes condamnées après un examen de leur cas qui n'aura duré que deux jours et seize autres reconnues innocentes. Précisions d'une relative importance : ils n'étaient que 153 dans...
commentaires (1)

Y a du tartuffe...mais pas que,pour paraphraser les Tontons flingueurs.Pas que...Y aussi,n'en déplaise à certains une Egy^pte qui ne veut pas du régime islamo-"fasciste" des ekhwan....ausi...

GEDEON Christian

02 h 49, le 27 mars 2014

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Commentaires (1)

  • Y a du tartuffe...mais pas que,pour paraphraser les Tontons flingueurs.Pas que...Y aussi,n'en déplaise à certains une Egy^pte qui ne veut pas du régime islamo-"fasciste" des ekhwan....ausi...

    GEDEON Christian

    02 h 49, le 27 mars 2014

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