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Moyen Orient et Monde - Crimée

Poutine privé de G8

Moscou achève la prise des bases ukrainiennes, Kiev retire ses troupes.

Le G8 de Sotchi, prévu en juin, sera remplacé par un G7 à Bruxelles, sans la Russie, ont décidé, lundi 24 mars 2014, Obama et ses alliés. AFP PHOTO/ RIA-NOVOSTI/ POOL/ ALEXEI NIKOLSKY

Le président américain Barack Obama et ses alliés ont annulé hier le sommet du G8, prévu en juin à Sotchi, afin de sanctionner la Russie pour son intervention en Crimée. Le G8, dont l'annulation était fortement pressentie, sera remplacé par un G7 à Bruxelles, sans la Russie donc, tandis qu'une exclusion définitive du G8, évoquée avant la réunion, n'a finalement pas été entérinée. M. Obama et ses collègues du Canada, d'Allemagne, d'Italie, de France, du Royaume-Uni et du Japon ont affiché leur unité en se réunissant pendant une heure et demie à La Haye en marge d'un sommet sur la sécurité nucléaire. Les Occidentaux ont en outre menacé la Russie de sanctions plus sérieuses, d'ordre économique, si le président Vladimir Poutine menaçait davantage l'intégrité du territoire ukrainien.


L'annulation du G8 est « peut-être l'un des gestes les plus significatifs parce qu'elle démontre que tous ces pays, très différents, n'acceptent pas le fait accompli de l'annexion de la Crimée », a commenté le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

 

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Avant même le G7 d'hier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait relativisé la menace des Occidentaux, assurant qu'une telle éviction ne serait pas une « grande tragédie » pour son pays. La Russie avait été admise dans le G7 en 1998 pour former le G8. M. Lavrov a par ailleurs fait un signe d'ouverture en s'entretenant à La Haye en tête à tête avec son homologue ukrainien, Andrii Dechtchitsa, la rencontre au plus haut niveau entre Moscou et Kiev depuis le début de la crise ukrainienne. M. Dechtchitsa a réaffirmé que « la position du gouvernement est d'utiliser tous les moyens pacifiques pour régler pacifiquement ce conflit. Mais nous ne savons pas quels sont les plans de la Russie, ceux du président (Vladimir) Poutine, (...) c'est pour cela que nous demandons à rencontrer les Russes. Nous voulons savoir ce qu'ils pensent sur l'Ukraine ». M. Lavrov a en outre assuré qu'il n'y avait « aucune mauvaise intention » dans le rattachement de la Crimée à la Russie, mais juste la volonté de « protéger des Russes qui vivent là depuis des centaines d'années ». Le secrétaire d'État américain John Kerry a salué la tenue de cette réunion.

 

Les dirigeants du G7 se sont réunis hier à La Haye en marge d'un sommet sur la sécurité nucléaire. L'occasion d'afficher leur unité et leur fermeté face à Moscou sur le dossier ukrainien. Jerry Lampen/Pool/Reuters

 

 

Soldats ukrainiens disparus
M. Kerry a réitéré auprès de M. Lavrov les inquiétudes américaines concernant la présence de troupes russes à la frontière ukrainienne ainsi que la possible disparition de certains soldats ukrainiens. Il lui a rappelé que M. Obama avait signé un ordre « donnant la flexibilité nécessaire pour sanctionner des secteurs spécifiques de l'industrie si la Russie poursuit cette escalade ».


Toujours au niveau diplomatique, sur le plan des sanctions et des mesures de rétorsion, la Russie a interdit d'entrée sur son territoire 13 responsables du Canada, dont une conseillère du Premier ministre et son chef de cabinet. Le Canada avait adopté la semaine dernière des sanctions à l'encontre de responsables russes. Ottawa a aussitôt qualifié ces mesures russes de « préoccupantes ».

 

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En Crimée, les forces russes se sont lancées hier à l'assaut d'un navire de débarquement ukrainien, le Konstiantyn Olchanski, stationnant sur le lac Donouzlav. Après s'être emparées par la force à l'aube d'une base d'infanterie marine à Feodossia, les Russes ont quasiment achevé ainsi la prise de contrôle de la péninsule. Et, à l'occasion d'une visite hautement symbolique, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s'est rendu en Crimée pour inspecter les installations militaires. Hier de même, Kiev a décidé de retirer ses soldats de la presqu'île. Le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a signé un décret prévoyant le redéploiement en Ukraine continentale des troupes présentes dans la péninsule. Hier matin en outre, la Maison-Blanche s'est dit « très inquiète » des risques d'escalade créés par la présence d'unités russes à la frontière orientale de l'Ukraine. Toutefois, le Kremlin a nié avoir l'intention d'envahir cette région, même si M. Poutine ne cache pas son ambition de ressusciter les vestiges de l'empire soviétique.

 

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