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Culture - Rencontre

La trompette magique d’Ibrahim Maalouf

Lauréat des Victoires de la musique 2014 pour son album « Illusions », le trompettiste et compositeur Ibrahim Maalouf répond aux questions de « L'Orient-Le Jour » à quelques jours de son concert de l'Olympia, le 24 mars, qui se déroulera à guichets fermés.

Ibrahim Maalouf, auréolé des Victoires de la musique.

Q – Vous êtes un grand trompettiste, à l'origine interprète. Comment s'est déroulé votre parcours et quel a été le déclic qui vous a fait passer de l'interprétation à la composition ?
R – En réalité, j'ai toujours composé. Depuis tout petit, je compose sur le piano de ma mère. Très peu de gens sont au courant que je joue du piano d'ailleurs. C'est tout nouveau que j'ose en jouer en public... Mais composer est depuis toujours ma seule raison de faire de la musique. Interpréter est évidemment une des choses que j'adore faire dans ce domaine. Mais ça n'a jamais été la raison pour laquelle je joue de la trompette.

Vous êtes aussi un grand improvisateur. À votre sens, l'improvisation est-elle de la composition en direct ?
Oui, totalement. Avec tous les risques que cela comporte et toute la flexibilité et la souplesse que cela demande, musicalement et psychologiquement. Mais j'estime, en effet, que le procédé est très similaire. Je dis souvent à mes élèves d'improvisation que s'ils veulent composer, ils ont seulement à enregistrer et réécrire leurs improvisations !

Vous vous servez d'une trompette orientale, qui donne une couleur très particulière à votre musique. Quelle est la différence avec la trompette occidentale ?
Mon père, Nassim Maalouf, a inventé cette trompette au début des années 60. Il a ajouté un piston sur les trompettes normales leur permettant de jouer les 1/4 de tons. C'est cet instrument que j'utilise aujourd'hui et qui me permet de composer et de jouer une musique qui est au carrefour entre la musique arabe et toutes les autres musiques qui m'intéressent.

Votre musique se situe aux frontières du jazz, du classique, des musiques du monde ; quelle définition en donneriez-vous ?
C'est justement cela qui est passionnant. C'est de ne pas vraiment pouvoir, ou disons devoir classer, définir ma musique. Pourquoi devrions-nous la définir ? Et si la musique pouvait rester juste une énergie, une force indéfinissable, où le langage utilisé s'échappe des règles communément adoptées par tous. Nous aurions donc un langage que tout le monde accepterait sans réellement comprendre scientifiquement, qui ne ferait pas référence à une seule culture, mais à plusieurs. C'est pour cela précisément que je continue de faire de la musique. Elle me donne envie de développer un langage nouveau, compréhensible par tous.

Vous avez une activité de pédagogue ; quelle est l'importance de la transmission de la connaissance en musique, et qui, à votre sens, vous a le plus transmis ?
Mon père m'a évidemment tout donné. J'ai eu beaucoup de chance d'avoir un père qui a pris le temps de me donner tout ce qu'il savait. À 17 ans, j'ai réalisé que j'avais déjà quasiment un métier, sans avoir réellement travaillé. C'est une chance énorme. Et tout ce que je fais aujourd'hui, j'essaie de le faire le mieux possible pour être à la hauteur de son héritage. Et, évidemment, faire mon métier avec tout ce qu'on m'a donné n'est pas envisageable si je ne peux pas donner en retour tout ce qu'on m'a appris.

Quelle place occupe le Liban dans votre processus de création ?
Le Liban est partout. Ne serait-ce qu'à travers l'instrument que je joue qui incarne, à la manière de mon père, toute son envie de revenir un jour vivre dans son village. Lorsqu'il a inventé la trompette qui interprète la musique arabe, c'était certainement pour montrer à son propre père, qui le lui reprochait, qu'il n'avait pas quitté le Liban réellement. Qu'il s'était juste éloigné pour mieux y revenir un jour. Malheureusement, les événements l'en ont empêché. Mais son désir de revenir vivre au Liban est resté intact. Et il me l'a transmis en me transmettant sa trompette magique.

Quels sont vos projets à venir ?
Beaucoup de concerts, de rencontres, d'albums, de créations, de musiques de films, de cours. J'espère que cela ne s'arrêtera jamais. J'ai aussi très envie de faire des rencontres avec des chanteurs et chanteuses, réalisateurs et artistes libanais. J'estime qu'il y a des voix magnifiques au Liban, et j'adorerais composer pour ces artistes. Pour l'instant, très peu d'artistes libanais me demandent de travailler pour eux. Mais j'espère que cela arrivera bientôt.

 

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Q – Vous êtes un grand trompettiste, à l'origine interprète. Comment s'est déroulé votre parcours et quel a été le déclic qui vous a fait passer de l'interprétation à la composition ?R – En réalité, j'ai toujours composé. Depuis tout petit, je compose sur le piano de ma mère. Très peu de gens sont au courant que je joue du piano d'ailleurs. C'est tout nouveau que j'ose en jouer...

commentaires (1)

Ibrahim Maalouf encore un grand talent libanais mais dont l'étoile brille malheureusement dans le monde de l'occident.

Sabbagha Antoine

15 h 26, le 18 mars 2014

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Commentaires (1)

  • Ibrahim Maalouf encore un grand talent libanais mais dont l'étoile brille malheureusement dans le monde de l'occident.

    Sabbagha Antoine

    15 h 26, le 18 mars 2014

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